Cédric réagit à un post qui vante la créativité augmentée de certains artistes qui utilisent l’Intelligence Artificielle, et il a raison. Déjà, une bonne nouvelle, c’est humain !
Je préfère le citer ici, pour ne pas dénaturer son propos :
Mais en quoi la créativité serait augmentée par l’IA ? Elle augmente pourquoi pas le processus de fabrication de l’image, tant soit peu que l’on cherche uniquement un rendu photographique hyper réaliste de photomontage…sans style artistique propre…
Cédric F
A quel moment l’AI générative crée également une image nouvelle qui n’était pas déjà faisable et imaginable avant ( photo, peinture, 3D, photomontage…) ?
Enfin ce qui artistiquement me gène est ce sentiment que finalement, une œuvre, ne serait plus que le résumé pauvre et figuratif de ce qu’on l’on nous donne à voir ( un portrait de femme avec des poissons rouges à la place des cheveux par exemple …) «
Je lui réponds et j’aimerais aller un peu plus loin, avec toi, cher.e lecteur.trice. La poésie est-elle nécessairement une création à partir de rien ? Je ne le crois pas. Je pense que chaque être humain est influencé par le milieu dans lequel il vit, il grandit, il voyage, il rencontre, il aime des ami.e.s, il adore, il idolâtre des artistes, des paysages, des animaux, des couchers de soleil. Sans cette perception émotionnelle du monde qui nous entoure, que serait nos mots, nos envies de couleur, nos rêves d’ailleurs ?
Alors, lorsque l’intelligence artificielle est capable de nous fournir tant de textes, tant d’images dont la beauté n’est pas en cause, au sens où l’IA ne connaît pas ce corps inventé par l’Homme, son impact sur notre acceptation de l’extérieur est important. Elle nous gave sans doute de trop de tout. Elle devient indigeste, j’en conviens, Cédric. Mais elle est une source intarissable d’autre chose, que ce que nous savons déjà. Et en ceci, précisément, elle me parait tout à fait appréciable. C’est une ressource quasi inépuisable (et nous en manquons cruellement en ces temps d’affolement à propos de votre sur consommation). Après tout, consommer des textes et des images, fussent-elles issues de publications archivées quelque part, ou d’assemblages douteux, ne supprime rien, ne fait courir comme seul issue celui de la pollution de notre cerveau.
Oui mais…
Si tu installes des filtres. Si tu n’en retiens, n’en extrais que ce qui te semble de nature à inspirer tes pensées, tes réflexions, tes conversations, pourquoi t’en blâmerait-on ? Pourquoi Cédric ? Après tout, nul ne sait d’où me viennent ces mots. Aucune poésie ici, aucune méprise sur l’intention. Pourtant, si je peins, si j’écris demain, comment pourrais-je partir de rien ? Si j’aligne quelques mots qui, soyons fous, me laissent penser qu’une forme de poésie est cachée dans ce qu’ils signifient tous ensemble, puis-je croire qu’ils sont une création ?
Il s’agit, plus vraisemblablement d’un nouvel assemblage. Une nouvelle manière de conjuguer, de marier, de juxtaposer des mots qui se percutent, se chamaillent, se marrent d’être là. Rien de plus. Combinaison improbable. La suite de mots, suit-elle une règle mathématique ? N’est-elle pas au contraire dépourvue de logique, laissant le spleen des voyelles derrière elle, pour se planter le nez dans les étoiles qui brillent ?
Ce que souvent nous n’osons pas, par pudeur, par respect des convenances, des conventions, l’intelligence Artificielle générative s’en affranchit. Pour elle, point de limite. Aucune retenue morale. Et c’est certainement cet état d’esprit là, qui anime le poète, comme le plasticien. Pourquoi refaire ce qui a déjà été ? Aucun intérêt.
Pour aller dans ton sens, Cédric, je crois aussi qu’une œuvre ne se limite pas à ce qu’on en voit. Il y a plus. Il y a l’artiste, l’auteur, le poète. En fonction de la connaissance que l’on a de lui ou d’elle, la compréhension de l’œuvre n’est pas la même. L’œuvre et l’artiste sont indissociables. C’est d’ailleurs ce qui fait que nous n’apprécions pas (pour l’instant) les créations de l’IA, c’est justement qu’elles proviennent d’une machine, que nous ne pouvons aimer. Aimer nous est pourtant indispensable. Aimer le poète, c’est aimer sa poésie. Et inversement.
Je ne pousse pas plus loin le cochonnet. J’ai envie d’un BBQ et d’écouter le chant des merguez chatouillées par les braises, un verre de tout ce qui me fait penser à une vie heureuse et suave (comme dirait mamie), à la main !
#onenparle
PS :si jamais, tu as capté ma dernière pirouette humoristique dans ce texte, n’hésites pas à m’écrire – je t’envoie aussitôt un livre dédicacé !…



