Tu vas t’en rendre compte assez vite, de nombreuses marques vont continuer de communiquer avec de belles images d’athlètes et surtout de para-athlètes. Pourquoi ? Parce que nous avons été touchés au coeur, par un été de fête, de partage émotionnel, et de découvertes de sport et de para-sport que ne voyons jamais d’habitude. Alors comme il s’agit désormais de « créer de l’émotion » dans tes campagnes marketing (au passage personne ne crée de l’émotion – à part ton cerveau), allons enfants de la com, creusons le sillon !

Et c’est tellement beau ! Merci Tony ! Oui il a écrasé toutes les critiques, tous les porteurs d’ondes négatives que notre pays rassemblent dès que quelque chose de nouveau surgit, et on peut le féliciter. Faut-il pour autant que les marques s’attribuent ce succès improbable et très largement reconnu mondialement comme inégalé ?

Cette beauté est-elle durable ?

Tout à coup dans le métro, alors que défile des affiches accaparées par des marques de sport, je me rends compte qu’un « clodo » est derrière moi. Ils sont revenus… Oups ! On les avait cachés pendant la trêve olympique, mais les sans domiciles fixes, les laissés pour compte, sont toujours vivant. Il y a ce que nus donnons à voir au monde et ce que nous refusons de voir au quotidien. Il y a cet engouement pour des para-athlètes totalement inconnus et dont nous ne retiendrons pas les noms, et il y a des centaines de milliers de jeunes qui aimeraient bien avoir accès au sport, demain, dès la rentrée, et malgré leur handicap visible ou invisible.

Le beau serait-il uniquement dans ce que nous voyons ?

Posée autrement cette question d’image qui a envahi notre civilisation, au point que si tu ne mets pas une photo de toi dans un post ou un article, tu perds la moitié de ton lectorat (ce que j’assume totalement), reviens à s’interroger sur notre capacité à penser sans les images. Pensons-nous aux handicapés, ou aux SDF, si nous ne les voyons pas ? Faudrait-il alors nous les rappeler visuellement, sur un écran de télévision ou sur une affiche, pour que nous prenions conscience de notre absence d’intérêt pour tous ceux et celles que nous ne regardons jamais ? Est-ce que nos préjugés sur la beauté que visiblement, ils et elles n’incarnent pas, peuvent être renversés par les émotions positives proposées par les paralympiques de Paris 2024 ?

Je n’ai pas la réponse. Je m’interroge sur la manière dont nous réagissons à ces messages forts envoyés par Tony et ses équipes. Les avons-nous compris ? Poserons-nous un regard différent sur les personnes en situation de handicap et serons-nous capable de les trouver beaux, dans la vraie vie ?

En définitive, je crois que la beauté exposée à nos regards, devrait nus inciter à comprendre ce que nous sommes. Au lieu de comparer, nous devrions aimer ce que nous voyons comme ce que nous ne voyons pas.

Qu’en penses-tu ?

Les marques sont-elles capables de nous éduquer à cette beauté là ? Pour cela, il faudrait qu’elles commencent par ne pas exploiter des images trop porteuses d’émotions collectives pour essayer de nous convaincre de leur importance dans nos vies individuelles. Nous avons sans doute besoin de savoir qui nous sommes. Durablement.

A trop vouloir être comme les autres, perdrons-nous de vue la beauté ?