Lors d’une table ronde animée par Orianna, Maren Costa, Emily Witko et Salome (dont j’ai oublié le nom… mille excuses) ont partagé leurs perspectives sur l’importance de l’ESG (Environnemental, Social et Gouvernance) et de la durabilité pour les entreprises d’aujourd’hui et de demain.
Et c’était, heureux choix des organisateurs, sur la scène bleue et, tu l’as remarqué habilement, une table ronde 100% féminine ! Oui c’est possible ! Et oui les femmes peuvent changer notre monde !
Oui, nous avons suffisamment de données maintenant pour dire qu’être durable et équitable n’est plus un choix. C’est une nécessité. Et les clients nous le disent. Les employés nous le disent. Les compagnies d’assurance nous le disent ! » Maren Costa
Doing good is good for business
Les 3 intervenantes s’accordent sur le fait que la durabilité et l’équité ne sont plus des choix, mais des nécessités absolues. L’intégration des pratiques ESG est jugée cruciale pour le succès des entreprises, l’attraction des talents et la performance financière. Il est impératif d’intégrer l’ESG dès le début de la création d’une entreprise afin d’éviter la « dette ESG » et de ne pas laisser l’inertie entraver le potentiel de croissance. La transparence et le suivi des données sont également soulignés comme des points de départ essentiels.
Ce que dit avec force Maren Costa (WorkforClimate) :
Maren Costa insiste sur la nécessité de la durabilité et de l’équité, non seulement pour répondre à la demande des consommateurs et des employés (notamment les générations Z et Alpha), mais aussi pour éviter des conséquences financières désastreuses. Elle nous prévient : une augmentation de 2 degrés Celsius pourrait entraîner un effondrement du marché de 38 000 milliards de dollars ! Wow ! Pour survivre et prospérer, les entreprises n’ont d’autre choix que d’être des leaders en matière de durabilité, avec des chaînes d’approvisionnement durables, plutôt que de simples suiveurs, car, in fine, les clients se souviendront uniquement des leaders. Tu suis ?
Maren met en garde contre le « greenwashing », ces pratiques superficielles (comme les gobelets en papier) qui ne font pas une réelle différence et peuvent même étouffer le désir d’action plus audacieuse des employés. Selon elle, les entreprises, qu’elles soient des startups ou de grandes corporations, ont un rôle immense à jouer car les gouvernements sont trop lents. Elle encourage la formation d’alliances entre entreprises pour exercer une pression collective et mettre en lumière les entreprises qui se détournent de leurs objectifs de durabilité.
Enfin, Maren met en avant l’idée que l’impact d’une entreprise peut être bien plus grand que la taille de son équipe ou son capital, citant l’exemple de Hugging Face (pour laquelle travaille Emily) et son influence avec seulement 200 employés. Elle insiste sur le fait que les millennials et la génération Z attendent des marques plus durables et désirent même co-créer des solutions. Pour Maren, l’équité et la diversité, y compris dans des domaines comme l’open source (faisant référence à une enquête de GitHub montrant une faible représentation féminine), sont cruciales pour créer un environnement accueillant et attirer plus de clients et de contributeurs. Elle conclut que l’attraction des talents est l’une des choses les plus importantes pour le succès d’une entreprise, car les employés sont leur plus grand atout et leur principal facteur de différenciation. Merci !
Qu’en pense la piquante Emily Witko, se demande Orianna qui n’hésite pas à relancer le débat pour notre grand plaisir.
Orianna Rosa Royle
Emily met en lumière le concept de la « dette ESG », expliquant que ne pas mettre en place des politiques de durabilité dès le début peut empêcher une entreprise de réaliser son plein potentiel, même si elle se porte bien financièrement. Elle affirme que la diversité des genres débouche sur de meilleures performances financières.
Emily souligne ensuite l’importance de la « double matérialité », un concept clé de la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), qui évalue à la fois l’impact des facteurs ESG sur la performance financière de l’entreprise et l’impact des activités de l’entreprise sur l’environnement et la société. Cela permet de prioriser les actions. Pour elle, « ce que l’on ne mesure pas, on ne peut pas le réparer ». Elle conseille de commencer par des actions concrètes et mesurables, comme le calcul de l’empreinte carbone, ce qui n’est pas coûteux. L’objectif est de penser « dix ans à l’avance » même en commençant modestement.
« What you don’t measure, you won’t fix. You won’t be able to fix it with your dollars”. Emily Witko
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Salomé représente à cette table ronde les investisseurs, et elle a aussi de très fortes et sincères convictions en la matière.
Salomé te le confirme : les investisseurs se soucient de plus en plus de l’ESG. Son entreprise d’investissement utilise d’ailleurs une liste d’exclusion et de préoccupations pour les secteurs non alignés avec une approche ESG (ex: la mode rapide, les combustibles fossiles). Elle indique que son entreprise cherche à repérer les « signaux d’alarme » ESG le plus tôt possible et est particulièrement motivée à investir dans les entreprises qui démontrent des pratiques ESG avancées, même si cela dépasse les attentes initiales de valorisation (citant l’exemple de la société Peco).
Elle considère l’ESG comme un moteur de croissance, permettant de se connecter aux parties prenantes et de débloquer de nouvelles sources de revenus. Le minimum à faire pour les entreprises d’ici 2025 est de suivre et mesurer, puis de cibler une ou deux actions concrètes ayant le plus d’impact pour leur activité. Salome insiste sur l’éco-conception des produits ou services pour maximiser l’impact positif et limiter les effets négatifs, tant pour le B2B que le B2C. Elle est profondément convaincue que l’intégration des pratiques de durabilité conduit à de meilleures performances financières et de meilleurs rendements pour les investisseurs.
Enfin, Salomé, comme ses deux partenaires dans ce débat, conseille aux entreprises d’être transparentes sur leurs pratiques ESG et de publier ce qu’elles font sur leur site web. Pour elle, les métriques clés sont la diversité des genres et l’empreinte carbone, bien qu’elle recommande de commencer par la diversité.
Alors ? Crois-tu que ce sujet ait eu autant de visibilité qu’il le mérite ?Pourquoi ?
Faire mieux est une démarche continue. Une exigence qui devrait passer avant toute considération business au sens classique, parce que justement, demain, il n’y aura pas d’alternative. Faire mieux, beaucoup mieux, ou disparaitre…
« If you don’t set these policies in place right from the beginning, and let’s say five, ten years down the line, your company is actually doing pretty well. So maybe you don’t have any incentive to make any changes, but you don’t actually know how much better, ten times, hundred times better your company could be doing ». Emily Witko