Oui j’aurai pu choisir le sujet sur l’avenir et la technologie, mais avoue, avec VivaTech qui a peuplé ce blog pendant une semaine, ça faisait un peu too much… non ?
Alors je préfère parler de vérité. Et de convaincre aussi. Deux mots clés qui ne vont pourtant pas améliorer mon référencement. Après tout, dire la vérité est à la portée de tout individu sain d’esprit. Tu crois ? Et convaincre, dès lors que l’on s’appuie sur la vérité, est un exercice plutôt agréable à pratiquer. Vraiment ?
Pour commencer, parlons vrai. Tu le sais, c’est une exigence humaine que d’espérer dans la conversation entendre une vérité. Non pas qu’elle soit figée ou décidée à l’avance, mais parce qu’elle pourrait surgir de la bouche ou du crayon de celui ou de celle qui prétend savoir. Savoir quelque chose que nous ne savions pas, avant. La vérité est rassurante à entendre, même lorsqu’elle n’est pas toujours bonne à dire. Surprenant paradoxe de l’Homo Sapiens (celui qui sait) que de ne pas vouloir entendre raison à propos de vérité. Chacun la sienne et les brebis seront bien gardées ! Justement pas.
J’ai déjà parlé de vérité dans un épisode précédent de #tadiskoi alors, j’en profite pour rappeler ici que certaines vérités sont plus importantes que d’autres. Notamment celles qui nous permettent de faire société. Là encore, la vérité d’ici n’est pas nécessairement celle d’ailleurs, ou de plusieurs ailleurs si tu insistes. J’aime pourtant l’idée même de vérité, au sens de la science. Sans la science nous aurons bientôt tous des moumoutes orange fluo sur la tête. Les politiciens ne sont pas les adeptes les plus sincères de la vérité. Ils ont leur heure pour en témoigner. Dire n’importe quoi, de faux en particulier, peut tout à fait être entendu comme une vérité. Car, après tout, qui s’autorise à dire la vérité, si ce n’est une vérité scientifique ou démontrée par la science ?
La vérité sort de la bouche des enfants, bien plus fréquemment que de celles des élites intellectuelles. C’est un constat facile à faire. Si tu regardes le comportement de l’enfant de 3 ans ou un peu plus, tu constates que la vérité ne le concerne pas vraiment. Son monde n’est pas fait de convictions, il est encore imaginaire. Les souris parlent et apprennent à lire, tout comme les baleines ou le chimpanzés conduisent des voitures et font leur courses en sifflotant. Aucune vérité n’est indispensable au monde construit par l’enfant. Seuls importent les repères affectifs et les émotions vécues.

Alors pourquoi les marques ne disent-elles pas assez souvent la vérité ?
Parce que, n’étant plus des enfants, nous avons à la fois envie et peur de savoir. Dans les petites lignes, se trouvent parfois des vérités très génantes comme « fabriqué au Bangladesh par des enfants de 11 ans », ou encore « viande de boeuf nourris aux hormones et autres anabolisants »… C’est clair que si celui qui ose te proposer ça, te le dit un peu plus fort, tu risques bien de lui dire non. Mais sans aller jusque là, les indicateurs nutritionnels ou éco-responsables, sont-ils devenus indispensables pour retrouver un semblant de vérité dans les produit que nous consommons ? J’ai envie de te dire que cela dépend de tes valeurs et de ton éthique. Fais-tu toujours ce qui est en accord avec tes valeurs ? Ou bien de remps à autre, te laisses-tu aller à un peu de « souplesse » pour finalement décider ce qui t’arrange et qui s’arrange du même coup avec la vérité ? hum…
Venons-en après une respiration sur le tapis de yoga récemment rapporté de la porte de Clignancourt (ben oui pourquoi aller plus loin ?), à l’autre partie de la question : convaincre. Tiens, pas plus tard qu’à l’instant, j’ai failli commenter sur un post de l’ami Frédéric, spécialiste de l’expérience client, que le client ne veut pas être convaincu, il veut avant tout être séduit. Tes arguments d’une parfaite rationalité et même empreints d’une certaine vérité, n’ont que très peu d’effet sur lui. Il ou elle souhaite un message qui les fait kiffer. Essaie donc de faire du speed-dating en disant toutes tes vérités en 7 minutes chrono ? Qui resterait en face de toi plus de 2 minutes ?…
Convaincre n’est pas nécessaire dans l’univers des marques et des clients que nous sommes. Pas davantage dans la vie. Certes nous avons des convictions parce que nous avons été convaincus à un moment. Mais c’est bien dans le sens de la nécessité de croire en une vérité pour être convaincu qu’il faut regarder la causalité. Dans l’autre sens, hélas, nous le savons, c’est beaucoup moins… vrai ! Ajoutons que convaincre nécessite un effort, un travail préparatoire, une connaissance du système de valeurs et de croyances de l’autre, bref, le déploiement d’une énergie mal récompensée, le plus souvent. Parler à 100 personnes, permet d’en convaincre 3 en moyenne. Est-ce un objectif Smart ? Si tu compliques un peu l’exercice de conviction, tu comprends que pour établir ce résultat il te faudrait démontrer, que tu dis la vérité. Est-ce seulement possible ? N’est-ce pas une question d’autorité ? Nombreuses sont les vérités auxquelles nous adhérons grâce à l’autorité reconnue comme incontestable, à commencer par nos parents (tout au moins au début). Ainsi c’est leur puissance de conviction qui nous a fait prendre des vessies pour des lanternes. La vérité était de sortie ce soir là ! D’autant, que tu peux te laisser convaincre par intérêt. Parce qu’après tout c’est plus confortable que de tout remettre en cause. Tu ne crois pas ?…
T’ai-je convaincu.e ? Ai-je énoncé dans ce court essai une quelconque vérité ? Laquelle ?
Ah ah ! Voilà également une explication qui émerge du propos philosophique. S’il est bien plus facile de séduire que de convaincre, c’est sans doute que la séduction ne s’argumente pas. La vérité, elle, se discute, fait l’objet de débats. C’est plus enrichissant d’un point de vue intellectuel et sans doute philosophique. Pour autant, les partisans de Spinoza, te rappelleront que l’homme est objet de désir et non de vérité.
Est-ce à dire qu’il préfère la conversation à la science ?
On en parle dans un prochain #tadiskoi

