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La philosophie dans le marketing Saison 7 #TadiKoi #2

L’artiste est-il maître de son travail ? Voilà un sujet qui mérite que je t’écrives quelques mots. Si tu veux bien… Parce que lorsqu’on parle d’artiste, je m’interroge sur ce qui éloigne le marketer d’aujourd’hui du concept même de la création artistique… Pourquoi le marketing est-il dirigé par des industriels de l’outil, du numérique et du tableau de bord ? A-t-on jamais vu un artiste regarder le monde sur un tableau de bord ?

Mais d’abord, l’artiste a souvent reçu comme un label, la distinction sociale énoncée par le mot « maitre ». Un grand maître, le maitre de l’élégance, de la sculpture, de la tarte aux fraises, ou de l’improvisation théâtrale ou de la petite balle jaune. Tout ce qui atteint au sommet de son art, en devient un maitre, au moins dans l’esprit de celles et ceux qui en sont aussi éloignés que les malheureux voyageurs des trains intercités le sont de la capitale. Tu le comprends le maitre est alors une référence. Est-ce suffisant pour incarner l’artiste ? A l’inverse, donc, la faculté d’exceller dans sa discipline, donne-t-elle le pouvoir de créer ?

l’artiste et le travail

Tu peux alors prendre tous les exemples de la terre, tu comprends aisément, que cela qui domine son secteur (et je ne parle pas seulement de son métier), n’est pas nécessairement un artiste. En marketing, ce sont d’ailleurs, très souvent de gros bourrins ! Etre au sommet de la performance, est une performance, mais pas toujours une création. En effet, l’artiste crée. Il n’est pas dans la reproduction améliorée. Tu saisis la nuance. L’artiste a ce geste, que d’autres n’ont pas encore imaginé.

Mais alors, suffit-il de tenter quelque chose d’autre pour devenir un artiste ? Faudrait-il considérer comme artistes tous celles et ceux qui osent créer ? Si l’on s’en tenait à la volonté de créer, il suffirait sans doute de coller des gommettes sur la front d’un hippopotame pour être un génie créatif (je te laisse imaginer d’autres exemples aussi ahurissants que celui-là… tu verras comme c’est inutile). Or non ! Etre capable d’imaginer n’importe quoi, relève certes d’un peu de liberté dans l’imaginaire, mais ne suffit pas à faire de l’art. Et surtout, cela ne prouve en aucune manière la maitrise dont nous parlions plus haut (sur quand même que coller des gommettes sur le front d’un hippopotame, n’est pas si simple… tu devras te méfier parce que l’animal courre très vite)… Bref !

Es-tu maitre de ton travail ? Deuxième partie du questionnement qui sidère déjà la communauté des gens qui pensent marketing et communication… Je vais te mettre à l’aise, la réponse est à la fois oui et non. Tu es maître de toi-même et, par conséquent, de ta production quotidienne de contenus sans beaucoup d’intérêt. C’est déjà ça ! Tu produis, et tu en prends la responsabilité. Encore que. Encore que c’est souvent pour répondre à la demande, de ton cliente ton chef, de ton entreprise, de ton éco-système, de l’algorithme crétin qui dicte ta visibilité, etc.. Tu produis et je ne suis pas certain que tu puisses revendiquer la maitrise de cette production. Voudrais-tu m’expliquer ce qui te rend certain de maitriser ton travail ? Après tout, chaque nouvelle production est une amélioration de l’existant, ne crois-tu pas ? Tu aimerais, et moi aussi, t’approcher un peu plus à chaque fois de la perfection. Et devenir le maître ! (je n’écris pas la maîtresse parce que ça me renvoie d’autres images, que notre passé misogyne a engendré dans l’usage de la langue française, hélas).

Or c’est là toute la différence avec l’artiste. Lui, ou elle, ne cherche pas à se rapprocher d’une éventuelle perfection. Il ou elle, est cette perfection illusoire. Ses efforts ne sont pas dirigés vers cet objectif inatteignable pour le commun des mortels. Ses efforts sont guidés par l’ambition de la création. Rien d’autre !

Etre un artiste, c’est s’affranchir de la perfection. Et sans doute aussi u travail. L’artiste ne travaille pas, il crée. Et voilà !

l’artiste et le maitre

Ainsi, je considère (mais comme toujours tu peux me répondre que j’ai tort ou que tu penses différemment) que l’artiste n’est pas maitre de son travail. Ou alors pas seulement. Il ou elle va plus loin. Il y a autre chose qui motive, qui inspire l’artiste dans sa production. Que tu me parles de Giacometti, de Proust, de Berlioz ou de Godard, tu ne peux pas comparer leurs œuvres au sens du mieux ou moins bien que. Tu peux uniquement me dire qu’elles te bouleversent, qu’elles transcendent un genre, une discipline, qu’elles sont ce qu’il y a de plus beau à tes yeux, oreilles et au plus profond de ton âme. Mais tu pourrais en citer d’autres, et le résultat serait le même avec Raphaël, Verdi, Keats ou Coppola. Les artistes sont nombreux et incomparables. Nous en préférons certains à d’autres, mais tous sont des maitres.

Etre un ou une artiste, c’est s’affranchir du réel. Comment pourrait-on maitriser cette liberté ?

PS : je fais court, parce que u es déjà à la plage.

PS2 : tu auras remarqué, comme moi, que les noms qui me sont venus en t’écrivant, sont ceux de maitres masculins (biais cognitif). Je te suggère de les remplacer dans ton futur exercice par des maitres féminins… tu veux de l’aide ? Maria Callas, Niki de Saint-Phalle, Camille Claudel, et Françoise Sagan, par exemple ?

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CEO Eforbrands Consultant / Speaker / Formateur / Auteur du Marketing Emotionnel Fondateur du Club du Marketing Emotionnel - Intervenant pour les MSc MBA Inseec Paris et l'ISCOM en marketing émotionnel, stratégies de fidélisation, relation client... Auteur des livres : Tout savoir sur Le Marketing Emotionnel aux Editions Kawa - nov 2013 La Fidélité, du chaos à la zone de confort aux Editions Kawa - Janv 2017 Marketing ZERO avec Philippe Guiheneuc, chez 1min30 publishing - juin 2021 Fondateur de Eforbrands et de LePartenariat Rédacteur du blog marketingemotionnel.com

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