Intuitions
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Où sont mes contenus disparus ? #content

disparus

Marc a cette faculté à lire un message dans un sens inédit, improbable, qui me laisse pantois. Pas toujours mais presque. Sommes-nous ce que nous écrivons ? Sommes-nous ce que les gens lisent ? Et comment te souvenir de ce que tu disais hier, de ce que tu commentais il y a deux ans, sur l’un des posts les plus lus par ta communauté ?

Je ne sais pas.

J’écris ici ou là. Je viens de dire à François que le silence crée l’intensité dans le musique et je pensais justement au concert de Keith Jarret à Vienne, que je peux écouter quand je veux sans que personne ne soit informé (oui j’écoute de la musique sans forcément passer par une plateforme digitale), et au silence qui sépare temporellement la dernière note des applaudissements d’un public subjugué. C’est exactement ce que je ressens lorsque je ferme Linkedin, mais à l’envers. Le plus souvent, je me dis que je vais tout oublier. Ne rien retenir, parce que ma mémoire n’est pas disponible pour cet amas de contenus et qu’elle préfère de beaucoup le souvenir des vrais êtres humains.

Pour autant, je me souviens d’elles et d’eux aussi parce que, de temps à autre, un mot de leur part ravive leur réalité. Nous nous sommes vus quelque part. Depuis nous nageons dans l’océan qui nous rend invisibles, comme cachés par la vague qui nous précède et nous projettera bientôt sur le sable, comme autant de manchots désespérés de ne pouvoir quitter la terre. Mais le voyage est sans fin, sans destination. Sans contenus, nous n’existerons plus. Crois-tu ?

Pourtant la mémoire de nos sursauts humains est référencée par les moteurs, par les énormes ventres à production digitales qui alimentent les baleines artificielles. Chaque trace de nos vies, pour peu que nous aurions eu l’idée fantasque de la partager, est indexée, là-bas. Nous le savons même pas les retrouver. Nous devons compter sur les géants du numérique pour flécher nos parcours, pour créer des albums édulcorés de ces instants qui nous définissent. Au passage, nous voilà affublés de ces vêtements de marque, de ces outils de communication, de ces sourires de terrasse, qui ont attiré quelques likes de plus. Preuve s’il en faut que nous prenons part à la fête du souvenir digitalisé.

Mais toi, sais-tu où sont tes contenus ?

John pourrait t’aider à les ranger correctement. La question serait alors, voudrais-tu en tirer quelque chose de positif ? Est-ce ainsi que les humains apprennent du passé ? Ne seras-tu demain que ce dont tu te souviens à propos d’hier ? Oui, tu es tenté de croire qu’en consultant tes archives nationales de photos de pizza instagramées, tu pourrais te transformer en chef étoilé. Hélas ! Peu de chance en vérité pour que tu sois cette cendrillon tant tes chevilles ont gonflé dans l’égo-trip des réseaux sociaux.

Alors, comment peut-on encore espérer créer un contenu dont on se souvienne ? Et pour qui faudrait-il le faire ? Ecriras-tu un livre que peu de gens liront ? Ou bien chanteras-tu une chanson qui n’atteindra aucune oreille musicale ?

Je me demande qui lira ce message. Aucune importance. Il aura bientôt disparu.

A moins que…

Allez viens ! Disparaissons ensemble !

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CEO Eforbrands Consultant / Speaker / Formateur / Auteur du Marketing Emotionnel Fondateur du Club du Marketing Emotionnel - Intervenant pour les MSc MBA Inseec Paris et l'ISCOM en marketing émotionnel, stratégies de fidélisation, relation client... Auteur des livres : Tout savoir sur Le Marketing Emotionnel aux Editions Kawa - nov 2013 La Fidélité, du chaos à la zone de confort aux Editions Kawa - Janv 2017 Marketing ZERO avec Philippe Guiheneuc, chez 1min30 publishing - juin 2021 Fondateur de Eforbrands et de LePartenariat Rédacteur du blog marketingemotionnel.com

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