De l’audace, toujours de l’audace ! C’était mercredi et j’avais réellement envie de me retrouver en face de ce mathématicien français qui veut redonner le goût des maths à ces concitoyens. Une réunion à l’Institut Henri Poincaré sur les mathématiques de l’émotion, à laquelle m’avait invité un autre Henri (merci mille fois) et qui était présentée par SearchXpr, entreprise qui étudie les comportements des internautes sur les sites e-commerce pour améliorer la recommandation par une offre mieux adaptée. Passionnant !
Comment peut-on réussir à modéliser, à construire des corrélations significatives à partir des clics sur une page, de l’utilisation de la souris ou du temps d’errance de chaque visiteur d’un site ? Les mathématiques permettent non seulement à Google ou Amazon, d’améliorer la réponse à une requête, voire d’anticiper la réponse, mais aussi d’upgrader, d’enrichir le modèle en dynamique, de sorte que son fonctionnement progresse au rythme des expériences interactives avec nous. L’intelligence artificielle aux commandes de notre vie, n’est-ce pas effrayant ? Non, me répondra Cédric, parce que nous ne sommes pas capables de modéliser les interactions humaines lors d’un face à face, soit tout ce que nous ressentons sans qu’il n’y ait besoin de l’exprimer ! Bonne nouvelle ! Rien ne remplace un professeur présent physiquement, rien ne permet de prévoir non plus l’alchimie de la rencontre !
L’émotion n’est pas encore réductible à des équations, ouf ! « L’esprit humain possède en effet je ne sais quoi de divin, où les premières semences des pensées utiles ont été déposées, en sorte que souvent, si négligées et si étouffées soient-elles par les études qui les dévient, elle produisent des effets spontanés »… René Descartes.
Et si j’osais vous révéler, chers lecteurs, les résultats d’une petite expérience réalisée avec la complicité involontaire d’un échantillon représentatif de mes étudiants ? Ceux-la même à qui j’ai tenté d’expliquer la philosophie de l’Inbound Marketing, l’idée que les clients viennent vers la marque primant sur la diffusion de messages en direction d’une cible imaginaire. Oui, la cible n’existe pas réellement ! Je l’ai affirmé plusieurs fois devant eux, et pourtant, je leur ai demandé dans une première question audacieuse, de la définir pour MEG le pot intelligent… Impertinence professorale et anticipation du chaos ainsi créé dans l’esprit du répondant… Je me suis fait le pari (pascalien) qu’aucun n’oserait me répondre : il n’y a pas de cible !… Perdu ! Un seul sur 48 l’a écrit (bravo à lui), soit un score inversé de 97% des étudiants qui n’ont pas eu l’audace de me renvoyer à ma contradiction ! Pourquoi ?
« Pour faire des choses importantes, il faut se mettre en position de vulnérabilité : c’est ça l’audace ! Un bon chercheur ne se contente pas d’approfondir ce qui existe. Il invente, crée de nouvelles théories et doit apprendre à s’exposer. Ce qui est vrai professionnellement, l’est aussi affectivement. Si l’on ne prend pas de risques de peur d’être blessé, on ne noue pas de relations intimes fortes. » Cédric Villani dans la Maison des Mathématiques.
Merci à Search Xpr pour ce très joli cadeau !