Si tu lis ce blog depuis quelques années (pas nécessairement depuis ses débuts en 2013), tu le sais, j’ai écris de nombreuses fois des mots positifs sur les campagnes d’Intermarché. Seulement voilà, je reviens après quelques semaines de break loin de notre civilisation de consommateurs, et je découvre la dernière campagne imaginée par l’agence habituelle (je ne la cite pas, par respect).
Or depuis des années aussi, depuis que je parle de marketing émotionnel, puis de marketing ZERO, j’insiste sur l’obligation éthique et morale de respect des autres, des clients mais aussi des non clients. Il est toujours possible de se moquer de certains comportements, et pour mémoire, cher Pierre, on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui. Rire de ce que certains enfants n’ont pas de fruit pour leur goûter, me… dégoute ! Car rire des riches, c’est aussi rire des pauvres, par effet de comparaison. Acheter du merlu, c’est faire un choix dont on ne discute pas un cocktail à la main dans la piscine de la villa louée avec Julie et son copain de l’été.
Je voudrais que cette campagne serve de modèle dans les écoles où l’on enseigne le marketing pour signifier que le manque total de respect affiché sous couvert d’être fun et décalé, est une hérésie. Non seulement cela ne donnera pas envie aux gens d’y aller, et encore moins pour acheter une banane, mais cela nuit considérablement à la marque. Parce que nous n’avons pas besoin d’une marque qui stigmatise les parents qui n’ont pas les moyens de payer des fruits pour leurs gamins. Nous n’avons pas davantage besoin d’une marque qui se moque de ceux qui ont les moyens de se payer une villa luxueuse pour y éviter leurs amis.
Prendre les gens pour des idiots, se moquer de leurs faiblesses ou de leurs erreurs, n’est jamais une bonne idée. Le client, quel qu’il soit, se respecte. Chez Intermarché, il y a tout type de client. Même des clients qui n’ont que peu d’argent. C’est une réalité que l’enseigne connait bien. Elle ferait mieux de continuer à les aider réellement sans en faire un sujet de communication, ni un axe marketing.
On ne fait pas de marketing pour des clients qui n’ont pas d’argent. C’est une question de respect, de dignité et même de compréhension de ce qu’est une marque.
C’est la rentrée. L’inflation nous préoccupe. Soyons forts sur nos valeurs.

