Tu téléphones à un ami. Un professionnel, un artiste de la communication qui s’interroge sur la perspicacité et l’impact de cette nouvelle vision qui t’a traversé l’esprit avec ce #MoinsmaisMieux. Un engagement fort vers la responsabilité du marketing et sans doute aussi de la communication, qui fait peur. Un peu. Et si les gens entendaient d’abord le moins ? Et si c’était l’occasion attendue par le cost killer qui rôde, d’en finir avec les gens de la com ? Tu vois le film d’horreur se profiler, comme une mauvaise série Netflix dans laquelle tous les concepteurs-rédacteurs et créatifs d’agence seraient engloutis par des AI Génératives en forme d’Alien 12…

Rassure-toi Laurent, faire mieux est un idéal humain. La machine a permis à l’Homme de faire plus. Pas mieux. Seuls les artistes font mieux.
Et le jogging dans tout cela dirait Usain ?
Justement ! Courir mieux pour éviter l’Alien… #oupas Sérieusement, est-ce que nous ne courrons pas pour nous sentir mieux. Parce que si tu crois que tu vas remporter le prochain marathon de Paris, alors tu m’impressionnes et tu te trompes de blog. Ici, on vit d’abord des émotions. On rit, on manifeste sa colère ou son dégout devant des campagnes marketing ou de communication qui font rêver ou qui nous surprennent. Et surtout on est dans le groupe. Le 100m est une affaire personnelle, qui se joue dans un couloir, face au chrono. Le marketing émotionnel est une conversation entre gens mus par leur coeur, qui se connectent, qui partagent des événements, des expériences et qui sont fidèles à leurs valeurs. Deux visions différentes du monde. Le vitesse ou le temps.
Lorsque tu fais ton jogging, tu n’avances pas aussi vite. Tu adaptes ta foulée à ton objectif de distance et de durée, mais surtout aux battements de ton coeur. Le même coeur que tu soumets à des émotions fortes, voulues ou subies dans ton quotidien, ou ton futur. Parce que si tu veux voir les enfants grandir, il faudrait que tu bouges un peu plus et que tu entretiennes ton coeur. Rabat joie ce discours salutaire.

Le jogging pourrait-il être simplement plaisant ?
Si l’on analyse le jogging sous l’angle des 4E du marketing émotionnel (ça faisait longtemps que tu ne les avais pas révisés ceux-là), que peut-on en extraire ? D’abord, l’engagement. Chaque coureur te donnera sa version de ce qui le pousse dehors, à transpirer, et à se faire mal aux jambes. Il y a un engagement envers soi, mais sans doute aussi vers l’extérieur. Et si tu le fais une fois par semaine, par jour, par mois, tu t’engages dans la durée. Un engagement devenu rare aujourd’hui. En ce qui concerne l’expérience, là encore, pas de doute, il y a mille et une façon de courir et de vivre des expériences de course à pied, dans les rues de Paris, dans une forêt, en montagne, sur le bord de mer, avec ton chien, ou en suivant celui qui pédale doucement sur son VTT, etc… Ces deux dimensions, ajoutés à la dose de dopamine et d’endorphine produite par l’effort accompli, expliquent ta régularité, ta dépendance pour certain.e.s au jogging.
Restent les axes plus personnels et en théorie reliés à la séduction que sont l’émotion et l’exclusivité. Alors ? Vis-tu des émotions positives quand tu te fais dépassé par une coureuse dont la fraicheur de sein contrâtes fort avec ton essoufflement ? Pas sur ! Et que dire de ce sentiment recherché de faire un truc exclusif, alors qu’inévitablement il y a quelqu’un sur ta route, ou sur ton App pour te signifier que non, tu n’es pas tout seul à avoir fait 5 kms ce matin ? Oui c’est toi qui pars courir fier comme un gladiateur affrontant les lions dans la forum, mais oui encore, c’est toi qui préfères ne pas le faire seul, comme si la présence des autres te faisait avancer plus vite. Effet de groupe, appartenance à l’espèce joggeur/joggeuse, voilà tes vraies motivations sociales.
Un bilan mitigé. Pas très séduisant le jogging, peu émotionnel au final mais sans doute addictif. Est-ce rassurant ? Est-ce un moyen de créer du lien social ou de flatter les égos urbains ?
Dans le marketing d’aujourd’hui, la recherche de la performance est omniprésente. Combien de lead aujourd’hui ? Et demain ? Peu d’émotion, et beaucoup de pression sociale. Peu de séduction mais la recherche d’un engagement fort que l’on voudrait transformer en fidélité. Faut-il courir après ces objectifs ? Faut-il en faire un rituel façon jogging pour se sentir mieux ?
Et si le marketing n’était pas une course au lead (sans vainqueur possible) mais un art contemplatif ? Comprendre pourquoi les gens nous aiment (au sens de notre marque, nos produits) n’est-t-il pas plus important que de performer en speed dating ?
#onenparle

