Quand je réponds à Karine que j’ai une idée de réponse à cette histoire totalement dingue qui a fait le bonheur des sociopathes sur les réseaux, je m’imagine traduire cette affirmation d »une évidence en leçons de marketing. Oui mais comment ?
Contexte : une femme affirme avoir dépensé des millions de $ pour une aventure avec l’homme le plus sexy du monde en 1997 et même après… Brad a dépassé l’âge fatal de 60 ans. Et il continue de faire craquer un public féminin nombreux et varié, à en croire certaines de ses conquêtes (doit-on encore employer ce mot horrible ?). Alors pourquoi ?
1 – Brad est un acteur engagé et riche : pas moi !
Je n’achèterai pas de château à 143 millions d’euros. Je ne verserai pas des millions de $ au profit d’ONG, non plus. Et le truc à comprendre ici est que l’engagement n’est pas une question d’argent. Parce que si tu ne savais pas quoi faire de ton fric, tu peux en effet, commencer à le distribuer pour faire le bien. La question est davantage de savoir t’engager sans avoir les moyens financiers de le faire. Est-ce possible ? Les marques doivent elles prouver par le montant des sommes engagées qu’elles sont réellement dans l’expression et la réalisation d’un combat ? Engagé et sans argent ?…
Leçon : tu as lu « sans argent » et tu te dis, normal qu’il ne soit pas Brad. Vrai !
2 – Brad a joué dans un épisode de Friends : pas moi !
Je n’ai jamais accepté de faire de la figuration. Et tu avoueras que c’est tout le problème de celles et ceux qui croient qu’il faut bien commencer quelque part… Oui mais où ? Est-ce que tu réussiras à sortir de cette impasse du figurant que personne ne voit ? Si tu es Brad, ça peut le faire. Sinon ?… Conséquence, je crois qu’il est impératif d’être au maximum de ce que l’on peut faire, dès le début. Day One ! Certes, nous pouvons tous faire mieux, mais pourquoi accepter de débuter dans des conditions lamentables ? L’idée de faire ses preuves, comme tout bon stagiaire, repose sur un manque de confiance parfaitement hypocrite. Je crois que le talent s’affirme quel que soit l’âge ou le métier. Il faut être convaincu de sa valeur avant d’aller sur le marché.
3 – Brad est l’incarnation de l’homme sûr de lui…
Il y a toujours une forme d’attirance pour ces personnages que nous voyons sur un écran accomplir des exploits, des hold-up, des performances physiques inouïs. Quand le héros, Brad, réussit un tour de force, nous sommes à peine surpris. Nous sommes presque jaloux. Et toi tu pourrais faire ça ? Heu… La vie n’est pas un film, tu le sais. Mais tout de même, nous aimons confondre réalité et fiction, surtout quand les actions demeurent inaccessibles. Et c’est sans doute, une autre leçon pour les marques, de réussir à réaliser des choses inaccessibles à leurs clients. Brad est un mythe. Nous ne pouvons pas, ne serait-ce qu’approcher ce qu’il réussit. Est-ce qu’il serait possible pour certaines marques de se hisser hors du commun ?
Leçon : tu as lu inaccessible pour qualifier Brad, et par opposition classique, tu en déduis que je suis, au contraire, à ta portée ! Quelle arrogance de ta part !
4 – Brad aime les jolies femmes : moi aussi !
Ici, la mauvaise foi me permet de te dire que la réciproque n’est pas évidente… pour lui, comme pour moi. Enfin, la question est répondue puisqu’en l’occurrence, il y a des millions de femmes qui choisiraient Brad. Mais cette question subit la loi d’un fort biais cognitif. Affirmer que Brad est le prototype de l’homme sexy, c’est naturellement faire croire au monde entier que tout ce qui n’est pas à son image, ne mérite pas leur attention. Et là, tu mets le doigt (y compris si tu n’es pas de Meaux), sur le sujet du storytelling. Brad Pitt est une histoire fabriquée par les media (ou par lui-même). Il est devenu ce personnage projeté dans notre imaginaire, comme représentant de la beauté masculine. Un apollon du cinéma américain comme d’autres avant lui. Un symbole de la réussite de l’oncle Sam, que l’on devrait, gentils européens que nous sommes, admettre comme la référence absolue. Pourquoi ? On a bien eu Alain ou même Jean… Mais non.
Créer un référent narratif est un graal pour le marketing. Je ne crois pas qu’il faille être américain pour y parvenir. Pas toujours…
5 – Brad Pitt n’est pas alsacien !
Il a préféré la Côte d’Azur. Surtout lorsqu’il vivait avec Angelina. C’est vrai que Brad Pitt à Mulhouse, ça le ferait un peu moins, je crois. Et pourtant. Là encore, il y a notre imaginaire, les casinos, les belles bagnoles, les cigales, les lunettes de soleil qui reflètent le bleu de la mer, comme à Las Vegas ou à L.A. Nous sommes coincés dans des histoires fabriquées par Hollywood et, le savais-tu, Brad en est le producteur. En réalité, il produit des contenus (que nous appelons films) pour faire sa propre promotion de mec parfait. C’est une vraie stratégie marketing qu’il déploie et qui lui permet de faire rêver à 61 ans passés…
L’image de la marque est essentielle à l’histoire qu’elle nous raconte.
Bon…
Assez jouer avec le sex symbole des 30 dernières années. Je te laisse à tes rêves et je t’invite à lire les aventures de celles qui voulaient se payer Brad, comme on achète un plaid pour passer l’hiver…
PS : Si tu me prends pour un autre, c’est que tu ne me connais pas…
PS2 : sauras-tu me dire quelle photo n’est pas une photo de Brad ? #oupas




