Ma visite de VoiceTech dans les Salons de l’Aveyron n’a pas duré 2 jours mais elle m’a permis de belles conversations. Non pas avec un Bot mais bien avec quelques personnes réellement humaines et qui ont réagi avec émotions à mes interpellations plus ou moins impertinentes. Il faut bien l’avouer, le sujet des Bot est moins sexy qu’il y a 2 ou 3 ans, et si vous souhaitiez être ébahi par de l’innovation autour de la voix, il faudra attendre demain (oui cher.e lectrice.teur je publierai demain sur un vrai sujet innovant ! #teaser)
Alors pourquoi sommes-nous pratiquement tous d’accord pour dire que le Chatbot est une déception, au même titre que les enceintes connectées à qui l’on demande sans trop d’illusion si elles sont capables de nous dire pourquoi le nouveau pick-up d’Elon Musk n’a pas résisté à un jet de boule de pétanque ? Oui pourquoi ? Je pose cette question à l’un des exposants spécialistes du domaine, répondant au nom souriant de hellomybot (tiens au fait, et si je l’avais dénommé salutmonpote ?!). Et big bam boum, sans hésiter, et sous un tonnerre d’applaudissements, Xavier me répond que l’on progresse et que c’est justement en y travaillant, en faisant travailler son Bot, en l’entrainant chaque jour dans un usage patient et à la limite du paternel (non, ceci n’est pas un poisson que tu peux manger ! Arthur, c’est un poisson rouge qui nage dans ton aquarium ! Il est vivant et gentil ! Non Arthur ! Tu ne peux pas en faire ton repas, remets-le tout de suite dans l’eau !), que l’on va enfin réussir… Je tente d’expliquer à ces messieurs, que je ne veux pas apprendre à mon Bot ce qu’il doit savoir et pourquoi je pose la question de cette façon ou sur un sujet qu’il n’est sans doute pas configuré pour adresser.
Oui mais dans 90% des cas, il est capable de répondre ou de vous poser une question pour affiner et préciser sa recherche. C’est déjà un excellent résultat. Heu… comment dire ? 10% d’erreur, c’est tout de même beaucoup dans une conversation relativement banale, telle que celle que je pourrais entretenir avec un humain. Mais le pire n’est pas dans cette posture de satisfaction béate devant un performance digne d’un enfant de 2 ans. Evidemment que nous pensons que 90% de réussite est un score honorable !!
Ce qui me perturbe c’est cet aveu adouci par une justification sur le mode, au début c’était pareil avec les Applis, elles n’étaient pas au point et pourtant aujourd’hui tout le monde s’en sert au quotidien… Vraiment ? Et cela suffirait à expliquer pourquoi vous vendez des Bots qui ne fonctionnent pas, en expliquant au client qu’il lui reste à apprendre à son pote le Bot tout ce qu’il ne sait pas encore ?…
Comme j’aime bien raconter une histoire, tu le sais, toi qui me lis avec patience et tendresse, j’interromps le débat et je le déplace sur un terrain plus concret.
Imaginez que je vende des bateaux. Des bateaux qui vont sur l’eau, et qui seraient conduits par tous, sans permis, sans connaissance de navigateur, ni de moteur, ni de voile, bref, des bateaux que l’on pourrait prendre comme on monte sur une trottinette ! Et puis, lorsque tu t’éloignes de la côte et qu’il y a un peu de vent pour soulever la mer, dans une houle modeste, mon bateau se remplit d’eau au point de couler à pic. Pas très sympa ! En faisant un effort d’imagination et de natation, tu survivrais au naufrage, et revenant à terre, tu me ferais la remarque que mon bateau n’est pas très au point. Oui, mais c’est normal, tu ne m’as pas dit que tu irais aussi loin, ni qu’il y aurait des vagues… Ne t’inquiètes pas, on travaille sur une meilleure version pour très bientôt ! Je ne connais aucun constructeur de bateaux qui aurait l’idée de lancer un nouveau modèle sans s’assurer qu’il tient le coup par tous les temps. Pas plus que d’avionneur qui lancerait dans le ciel un avion ne résistant pas encore à une averse de grêle !
Les vendeurs de Bot essaient de nous rassurer alors que nos tests, nos aventures consommées avec leurs progénitures incultes nous ont déçu au-delà du raisonnable. Ce n’est pourtant pas en me disant qu’ils y travaillent, que j’aurais envie de leur faire confiance. Rien n’altère leur optimisme, et d’ailleurs beaucoup de fabricants de Bot ont déjà disparu, il ne reste en conséquence que les meilleurs ! Ouf ! Sauvés ! Les bots ne se cachent pas pour mourir.
Un jour, ils seront prêts, me dit-on. Aurons-nous la patience de les laisser grandir ?