Après tout, ce qui est petit est mignon, non ? Un petit café, un petit dessert pour terminer, un petit sucre, un petit truc en plume, une petite remise, un petit bonus, un petit câlin, un petit je ne sais quoi qui ferait la différence ? Tout doit-il être petit pour être accepté ?
D’ailleurs le marketer à un nouveau petit outil qui va générer une petite augmentation de ses incroyables KPI. Faire deux pour cent, tu comprends c’est déjà mieux que rien, et crois-moi ce n’est pas gagné à l’heure actuelle. Et tu viserais une petite revalorisation salariale aussi ?
Bon dans l’idée de Karine, nous devions parler des petites offres que le marketing génère ici et là. Le 8 secondes pour convaincre, le mini échantillon pour séduire la clientèle, le petit haut qui vous va si bien avec ce (gros) bas. Sérieusement, ce qui est petit est petit. Et cela ne risque pas de faire grandir le client ou la cliente.
Mais si l’on s’arrêt un instant sur la psychologie de comptoir qui sous-entend que peut serait un vecteur émotionnel nous renvoyant à l’enfance, évidemment c’est touchant. Ainsi ma petite dame, vous reprendrez bien un petit quelque chose ! Chéri, j’ai rétréci le marketing !

Car de l’autre côté de la lorgnette, comme disait le petit rapporteur, en des temps lointains et oubliés, ce qui est petit est souvent mesquin. Tiens voilà qui me renvoie immédiatement à la campagne insupportable de Intermarché qui nous montre un couple pieds dans l’eau s’offrant des steaks hachés comme la dernière folie d’un monde où tout serait devenu un petit peu trop cher. Mesquinerie sur grand écran. Cette petitesse de vue me hérisse le poil. Je n’aime pas davantage le nain de jardin que le chien miniature, et encore moins la petite blague décalée qui se moque bien des petits salaires…
En France quand ton spectacle, ton film, ton livre fait un petit score, on appelle cela un succès d’estime. Ailleurs on dirait que c’est un flop, un fiasco, une noyade. Obtenir un petit succès est-il possible ? Avons-nous des petits clients ?
J’aimerais ben savoir quelle entreprise, pardon, quelle petite ou moyenne entreprise, oups je m’égare, quelle très petite entreprise (tu le crois ça ? Je travaille dans une TPE – vraiment ? Tu veux dire une start-up ? non non, dans une très très petite entreprise… un microbe quoi…), ne voudrait pas avoir de très gros clients ? En même temps, si tu es si petit, comment pourrais-tu travailler avec des gros ? En faisant des petits prix peut-être ?
Petit est un adjectif qui diminue, qui réduit, qui minimise. Tout. je ne veux pas un petit dessert, je veux un grand dessert. Et des grands clients. Alors quand tu me parles d’un petit quelque chose, j’ai beaucoup de mal à rêver, à imaginer un paysage ouvert sur l’horizon, à me projeter dans une vie plus belle et plus heureuse. Bien sûr, tu pourrais me raconter que c’est un petit pas de plus dans la bonne direction. Et que petit à petit, l’oiseau fait son nid. Tu pourrais pourquoi pas, m’écrire un petit mot, serait-il doux pour autant ?
A la fin, je crains fort d’être un petit peu déçu…
Alors fait un grand effort, arrête de voir petit. Le marketing doit dépasser la poursuite de petits objectifs. Il doit changer la vie des clients. C’est voir les choses en grand. C’est voir plus loin, viser plus haut. C’est difficile et ce n’est pas une petite mission de rien du tout.
J’aimerais que les gens du marketing se lèvent pour montrer qu’ils et elles ne sont pas de petites mains. Le marketing mérite mieux. Ce n’est pas un métier de petit joueur. Merci !
PS : je te dis ça dans le creux de l’oreille : quand j’étais petit, j’étais petit. Et je n’ai pas aimé ça. J’avais des petites voitures et des petits soldats. Mais c’était nul ! Tu peux me répondre que Small is Beautiful… mais je n’y crois pas même un petit peu… 🙂
PS2 : et ne va pas m’offrir un petit gâteau, mon petit bonhomme !

