Intuitions
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La stratégie de la culpabilisation en marketing

Toutes et tous responsables ! C’est une évidence si nous adoptons le point de vue réaliste de l’impact sur les autres de chacune de nos actions. Alors les gens de la com et du marketing font le choix osé et moralisateur de nous présenter les victimes.

Un choix moral qui se veut consensuel et même empathique . Mettre en avant les victimes et nous proposer d’en être les témoins muets ou apathiques, c’est nous toucher au cœur. Serions-nous trop facilement près à baisser les yeux sur nos inactions et leurs conséquences ?

Partisan de la pensée positive, je m’engage pour souligner ce que l’autre, les autres font bien. Ainsi tu as pu lire ici de nombreux exemples de marque qui font du bien. J’aime aussi la critique envers ceux qui ont des comportements que je n’apprécie pas. Mais qui suis-je pour les juger ?

Parce qu’après tout, designer la victime c’est avoir porté un jugement ! C’est aussi oublier un peu vite de dire le qui et le quoi. Plus précisément, c’est le plus souvent généraliser le qui et le quoi dans un problème de société. Les victimes ont un visage et fréquemment un prénom ou un nom (modifiés ou pas), et pourquoi pas les coupables ?

Est-ce la présomption d’innocence chère à notre état de droit qui freine alors le communicant ? On peut le penser. Mais la victimisation devient très vite globale, massive, ne faisant plus vraiment la différence entre les situations réelles et le sentiment d’en faire partie, si vite adopté. Au-delà du fait que je compatis avec les grand-mères qui se font arnaquer par des gamins vendeurs de soit-disant calendriers de leur école ou de leur association de quartier, je m’interroge davantage sur le problème d’éducation et d’absence de respect que ces agissements soulignent. Pas toi ? Pas tes enfants. pas ceux du voisin ? Non, ça n’arrive qu’aux autres !

En réalité, nous avons tous tendance à réécrire l’histoire comme cela nous arrange. C’est notre cerveau qui fonctionne ainsi. Notre mémoire est comme lui : plastique. Le souvenir n’étant pas fixé quelque part, il circule et se modifie avec le temps. Ce qui ne se modifie pas en revanche, ce sont nos actes. En conséquence, la communication devrait mettre en valeur les actes positifs et les acteurs qui font bien les choses. Il devrait être également possible de dire, de montrer ceux et celles qui se comportent de manière insupportable pour la société.

Mais non ! crieront les défenseurs de la liberté. On ne peut pas stigmatiser les « méchants » aux yeux du public, comme une vieille campagne du media Le Parisien, l’avait tenté dans les années 90. Pour autant, montrer des parisiens odieux a certainement eu un impact sur nos comportements.

Alors faut-il faire parler les victimes pour que nous ayons conscience du problème ?

Dans ma mémoire, je retrouve Josette et Monique. Deux personnages rendus célèbres par des comédiens comiques, que tout le monde adoraient et adorent encore. Je n’ai pas connu d’association de victimes, ni même de campagne soulignant l’horreur du Zézette épouse X ou de Monique, deux qui la tiennent, trop qui la niquent… Et pourtant, qui accepterait cela aujourd’hui. Nous avons évolué dans le bon sens. Ouf ! Il y a encore des gens qui se comportent de manière à la fois nuisible et choquante. Mais avons-nous conscience que cela commence par un examen personnel ?

Dans le marketing, la tentation de la massification du message est toujours présente. On s’adresse facilement à nous. C’est pratique puisque nous serions d’accord avec les victimes et nous serions même prêts à les rejoindre, tandis que nous ne serions évidemment pas concernés par les criminels. Qui sont ces gens ? Pas nous c’est clair !

C’est exactement ce qui se passe lorsque nous déplorons le massacre des baleines ou la disparition de la forêt amazonienne. Ce n’est pas nous ! Pour autant, nous aimons beaucoup les baleines et plantons des arbres en guise de cadeaux de fin d’année… Ah, tu vois, ça c’est bien !

Quand le marketing arrêtera de vouloir parler à tout le monde, et qu’il s’adressera à chacun de nous, chacun sera responsable de ces actes et mesurera l’impact qu’il a sur le collectif.

D’ici là, joyeux noël Félix !

Et merci Karine, pour ce quatre mains qui pique !

PS : tiens écoute ça : https://youtu.be/4mfo9Suw4XU?si=HR6myI2dbsFiS_5C

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CEO Eforbrands Consultant / Speaker / Formateur / Auteur du Marketing Emotionnel Fondateur du Club du Marketing Emotionnel - Intervenant pour les MSc MBA Inseec Paris et l'ISCOM en marketing émotionnel, stratégies de fidélisation, relation client... Auteur des livres : Tout savoir sur Le Marketing Emotionnel aux Editions Kawa - nov 2013 La Fidélité, du chaos à la zone de confort aux Editions Kawa - Janv 2017 Marketing ZERO avec Philippe Guiheneuc, chez 1min30 publishing - juin 2021 Fondateur de Eforbrands et de LePartenariat Rédacteur du blog marketingemotionnel.com

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