Une ambiance écossaise glaciale pour accueillir sur terre Scarlett Johansson et un voyage dans l’incroyable dureté des relations humaines de notre époque, forment un décor sombre pour le film de Jonathan Glazer, sorti (enfin) sur nos écrans.
Ca coupe le souffle, un peu comme une œuvre d’art contemporain qu’on aurait du mal à expliquer et qui pourtant nous bouge intérieurement. Mais faut-il tout expliquer ou tout comprendre ? Chacun se livrera à son interprétation, en laissant derrière lui une posture intellectuelle hors de propos. Il ne s’agit finalement pas forcément de philosophie (la mort prend-elle le dessus sur la vie comme dans une lutte entre le noir et le blanc au coeur de l’hiver écossais, l’homme doté de sa moto est-il supérieur à la femme errant à pied dans la forêt ? le rouge des lèvres de Scarlett et le bleu de ses yeux sont-ils notre dernier espoir ? etc…) mais davantage de la quête impossible d’une relation affective pure. Il s’agit surtout de ressentir ce que vit le personnage principal.
Est-ce l’amour que l’alien, magnifié par un visage d’ange triste, serait venu chercher sur terre, et qui n’est jamais libéré des pulsions sexuelles glauques ou déplacées que la beauté féminine déclenche… Hum ! Pas sûr que ce soit votre vision à la sortie du cinéma…
Si vous allez voir ce film, voyez-le comme un film expérimental, sensoriel (pour certains) et hyper réaliste. Il faut se laisser submerger par ses émotions, être prêt à l’inattendu et à l’indicible. Pas vraiment du happy cinéma mais plutôt un cri pour affirmer que sans relation affective et sans lien émotionnel, la vie des humains est pitoyable et vide de sens. Pas facile non plus à partager…
Terrible mais lucide : la beauté est à l’intérieur, bien en dessous de la peau.
Suite : Maintenant que j’y repense, j’aurai envie de classer ce film à coté du Mépris de Godard ou dans le sillage de Lynch… Ou serait-il une antithèse du romantisme absolu et intemporel de 2046 de Wong Kar Wai ?… Sont-ils tous devenus trop classiques ? Faut-il se référer aux anciens pour apprécier la nouveauté, le talent et l’impertinence ? (vous avez 4 h)…
Et puis, fallait-il vraiment publier cet article à la fin d’une catastrophe planétaire comme l’humiliation du Brésil sous les yeux larmoyants du monde entier ?… Emotions décalées !