Récemment, j’ai eu le plaisir de rencontrer de jeunes entrepreneurs de talent et d’avenir qui partagent cette vision qu’un monde collaboratif est en train d’émerger. Des talents précoces, suis-je obligé d’ajouter, quand je pense à cette fougue entrepreneuriale qui les anime depuis leur enfance, l’un comme l’autre. Julie a un parcours extraordinaire de jeune journaliste, très tôt partie au moyen-orient pour le compte de Al Jazira, puis de Dubaï avant d’être repérée par Google suite au rachat de Double Click. Mathieu a créé un site internet à 13 ans, pour expliquer aux ados comme lui, comment faire pour créer son site internet, faute d’avoir pu accéder à cette connaissance par le biais des ouvrages classiques, réservés au monde des adultes et des professionnels.
Julie de Pimodan (@Judepim) est la fondatrice de Fluicity (www.flui.city) et Mathieu Nebra (@m_nebra) est le co-fondateur de OpenClassRooms (www.openclassrooms.fr). Ils ont très gentiment accepté de répondre à mes questions…
Pourquoi cette passion d’entreprendre ? D’où vous vient-elle ?
Mathieu : « C’est l’envie d’être créatif, de ne pas avoir de limite, qui me guide depuis le début. J’ai du apprendre dans un livre, tout seul. Je crois à une révolution de l’éducation. »
Julie : « Les printemps arabes que j’ai pu couvrir en tant que journaliste, m’ont montré la force du peuple, le pouvoir de l’expression publique. La nécessité de redonner de la vie à nos démocraties endormies, me motive au quotidien. »
Voir les choses autrement, vouloir bouger les lignes, est-ce une stratégie ou une nécessité dictée par le marché ?
Mathieu : « L’idée de départ, c’est de partager et de construire sur mon expérience personnelle. Permettre aux autres d’apprendre autrement, grâce aux autres, me semble urgent. Lutter contre cet élitisme bien-pensant qui veut que seuls ceux qui sont allés loin dans l’école du savoir organisée par l’état, peuvent accéder à la connaissance. On parle sans arrêt de l’éducation mais comment la rendre accessible à tous, si ce n’est via un modèle collaboratif ? On commence avec quelques cours ciblés sur internet, et puis on arrive à 1000 cours rédigés par une centaine d’auteurs. Le mouvement est lancé ! »
Julie : « Quand je regarde les scores d’abstention aux élections locales, je ne comprends pas comment on pourrait rester sans rien faire. J’ai envie de vivre dans une ville où les gens s’expriment, donne leur avis. Pourquoi le feraient-ils à propos de tous les produits, de toutes les marques et pas pour leur maire, ou leur député ? A l’envers, comment peut-on encore imaginer prendre des décisions pour une communauté sans la consulter, sans lui demander ni écouter ses envies ou propositions. Redonner la parole aux citoyens et créer les outils du dialogue pour les autorités me semblent plus un devoir qu’une opportunité marketing. »
Comment trouvez-vous les moyens de développer vos projets dans une société si conservatrice ?
Mathieu : « On nous a reproché de vouloir tuer les écoles ou la valeur du diplôme. Mais c’est absurde. Nous travaillons avec des écoles, comme Sciences Po, Centrale ou d’autres ! Nous avons d’ailleurs déjà réussi deux levées de fonds et nous comptons 1 million de membres et 3 millions de visiteurs par mois sur le site. Bientôt nous serons dans la logique des formations diplomantes (reconnues par l’état). Les choses avancent. »
Julie : « Pour moi c’est différent, puisque Fluicity n’en est qu’au tout début. Le site est encore en version Bêta. Mais certains maires soutiennent le projet et se sont montrés très intéressés. La démocratie participative est déjà un vieux sujet, puisque Ségolène Royal en avait fait un atout de sa campagne en 2007. Les partis politiques classiques suivent aussi le projet et c’est sans doute un signal encourageant. »
Le mot de la fin pour Mathieu : « Tout le monde peut apprendre et tout le monde à quelque chose à partager. » Inspirés ces jeunes gens non ?…