Partager c’est affirmer son intention de prendre soin des autres et de faire attention à eux. Partager c’est aimer a priori celui ou ceux avec qui l’on partage. Si nous voulons créer du lien avec une personne, y compris un client, nous devons apprendre à partager. Oui, cela semble couler de source ! Alors, comme vous le demanderait Seth pourquoi ne le faites vous pas, ou pas assez ou pas avec la bonne intention ? Pourquoi les marques ne sont-elles pas plus « partageuses » ?…
La réponse tient en deux points clés de notre apprentissage de la vie : si nous considérons que le partage est un jeu social, nous pensons aussi que les jeux doivent désigner un gagnant et qu’ils ont une fin. Autrement dit, lors de n’importe quelle interaction humaine, je me pose la double question de « ce que j’y gagne » et de la finalité – « à quel moment vais-je gagner ? ». La réponse est en somme l’héritage de nos jeux d’enfants ou d’adultes. Je ne joue que si je pense pouvoir gagner et si je sais à quel moment le jeu va se terminer (au pire je sais qu’il y a une fin tangible). Au Monopoly, si l’horizon de la fin de la partie n’est pas délimité par l’horloge, il n’en reste pas moins évident que la finalité est de ruiner ses adversaires et qu’il arrive un moment où ils jetteront l’éponge ! Dans tous les sports, il y a un vainqueur de l’épreuve et aussi souvent un temps limité pour jouer et gagner ou perdre.
Mais le partage est régi par d’autres règles ou plus exactement par l’absence de règle et donc de consigne. Est-ce ce qui le rend si difficile à comprendre ? Le partage est un jeu où chacun gagne et qui n’a pas de limite temporelle ni de finalité. Partager c’est améliorer la vie de l’autre, et donc probablement le rendre meilleur. Partager c’est aussi recevoir à tout le moins, son estime, sa confiance, ses remerciements. Ainsi le simple fait de partager libère en nous l’hormone du plaisir : l’occitocine qui nous envoie un signal émotionnel de bien-être.
Qu’est-ce que l’idée du temps infini appliquée au partage ? Le temps infini est particulièrement perturbant pour tous ceux qui vivent dans la passé ou avec des perspectives du futur délimité par un plan à trois ou à cinq ans, un plan de carrière, une vision de la vie comme une succession d’années ou d’époques (« mais j’ai 30 ans bordel ! – je ne peux pas faire ça !…). Or dans le partage, nous devons abandonner le concept de mesure du temps. Nous ne savons pas jusqu’où ira le partage dès lors que la suite ne dépend plus de nous (elle échappe à notre volonté de contrôler l’avenir) et qu’il est très probable que le partage se reproduisant (par essence), par un effet d’escalier, d’engrenage (pour reprendre des clichés de l’intelligence rationnelle), il se diffusera bien au-delà du premier maillon de la chaîne. Il n’y a absolument aucun moyen d’arrêter le partage ! C’est d’ailleurs la raison invoquée par les responsables marketing et communication frileux : nous perdons le contrôle de notre image ou du message ! Oui ! Et surtout tant mieux !
Le partage est un voyage extraordinaire et volontariste, identique à l’effet papillon, créateur du chaos et de la sérendipité, qui permet à quelqu’un que vous ne connaissiez pas et n’aviez aucune chance de rencontrer, de vous découvrir et de venir vers vous. Evidemment partager des photos de votre chat, ou de votre selfie souriant dans l’ascenseur, est un peu plus facile que de partager une information qui peut servir votre mission sociale. Et si le mécanisme de toute plateforme sociale est basé directement sur notre volonté de partager ce que l’on aime, il n’en reste pas moins crucial d’avoir quelque chose à dire. Quelque chose qui pourrait changer en mieux la vie de l’autre, qui montrerait votre générosité et vos valeurs.
Le bonus du partage, c’est qu’il inspire les autres à vous suivre dans cette voie. Vous devenez alors un guide du partage, une référence sociale, celui vers qui on se tournera naturellement le jour où l’on aura besoin d’une information ou d’une aide. Bref, le partage est la marque des leaders…
On vous en parlerait encore dans 10 ans ou plus ? C’est tout le mal que je vous souhaite !