La loyauté est-elle discutable ? Certes, je peux parler de tout, mais pas avec n’importe qui (aurait dit l’un des maitres du débat et de la conversation) ! Fallait-il, pour autant, en faire un sujet d’atelier ? Et comme d’autres, seriez-vous sceptique ?
Car si penser c’est dire non (comme l’affirme Alain), je crois sans douter que la loyauté est, au fond, indiscutable. Elle peut l’être dans la forme. Peut-on discuter de l’amour ? Certes on doit prouver que l’on aime, faute de ne pas être compris, de ne pas être cru, lorsqu’on exprime ce sentiment ultime. Qu’il s’agisse de nos clients, faut-il remettre en cause ce principe de vie ? Pourquoi aimer une marque, aimer ses clients serait-il discutable et sur quelles bases ?
Alors quand tu rentres dans une salle pour y parler de loyauté, tu prends la décision définitive de ne surtout pas avoir de position arrêtée. De ne pas conclure sur le sujet avant même d’écouter les autres, d’entendre que la définition de la loyauté est encore floue ou peu consensuelle. Un peu de respect ! Un peu d’humilité ! Tiens, à propos, l’humilité n’est-elle pas indissociable de la loyauté ? Comment pourrais-je me montrer loyal à une idée, envers une personne, une audience, un client, sans humilité ? Car avant tout, la loyauté, l’amour, c’est l’oubli (momentané) de soi pour le bien de l’autre.
J’ouvre tout débat sur la loyauté par une question. Une ouverture, comme dirait les littéraires, les philosophes, qui pose question. Management du groupe par le questionnement, cette entrée en matière (j’adore cette expression cher.e lecteur.trice) qui incite au changement de direction de la parole et du regard. Tout à coup, c’est moi qui écoute et qui regarde avec attention, ceux ou celles qui osent exprimer leur point de vue, leur interprétation et qui le font avec modestie. Je ne suis pas sceptique même si, en effet, j’écoute avec émerveillement et curiosité. Etre loyal, c’est aussi cela. Je m’étonne que l’on puisse se comporter différemment, que l’on puisse surgir à l’improviste dans une salle où se sont réunis des gens qui voudraient nous entendre leur prodiguer vision inspirante et conseils, avec l’objectif d’y asséner des vérités lénifiantes. Il me semble, au contraire, que la loyauté est un échange. Remercier ceux qui me l’accordent a priori, ceux qui en font la preuve en relisant ici, est une obsession. Ma loyauté envers vous, puisse ne jamais être prise en défaut !
Comme le dit avec sagesse, l’inimitable Simon Sinek, les leaders doivent parler en dernier. C’est parfois difficile, mais être loyal, c’est donner de soi. Or pour tous ces « speakers » occasionnels, tous ces intervenants convaincus qu’ils ont la réponse, je voudrais rappeler ici que c’est l’autre qui pose les questions ! Et oui, c’est le bon sens ! Le sens de la conversation que l’on crée et qui n’a de sens que si l’autre se sent au moins égal. Aimer l’autre, c’est éviter de le prendre de haut. Guillaume nous rappelait ce principe élémentaire de la dynamique des conversations : il faut aller vers l’autre et l’inclure dans l’espace. Quand ils sont cote à cote, les invités de mon ami Philippe, ce surdoué de la conversation à bâtons rompus, ont l’air de bien s’entendre ! Il se dégage de ses vidéos tennistico-commerciales, un amour d’une absolue loyauté pour les autres : ceux qui discutent avec lui et surtout ceux qui les regardent débattre.
Etre loyal, c’est sans doute rechercher la certitude chez l’autre. C’est peut-être même en avoir besoin et vouloir le croire. Nous ne sommes que très peu souvent sûrs de nous, ou de ce que nous prenons comme un discours démonstratif de nos savoirs et de nos compétences. Alors, le regard empli d’un amour sincère, que nous allons chercher autour de nous, est à l’image de celui que nous offrons. Si nous croyons, si nous avons foi, nous dépassons l’engagement du like pour nous enduire de loyauté. La loyauté c’est la recherche d’une preuve d’amour que nous savons mériter, que nous imaginons à notre portée et qui, pourtant, semble si difficile à atteindre. D’ailleurs, personne ne prétend que ce serait facile. Si le chevalier est loyal, c’est parce qu’il a franchi des épreuves qui, comme pour Ulysse dans l’Odyssée, ont mis à contribution ses valeurs, son amour et sa confiance en l’Homme.
Je ne suis pas loyal par obligation, ni par devoir envers vous. Non, je suis loyal parce que je ne crois pas que l’on puisse aimer autrement.
Merci à tous ceux qui font preuve de loyauté ! Que serait le monde sans vous ?…
« Je suis loyal parce que je ne crois pas que l’on puisse aimer autrement. » Qu’elle est belle, cette déclaration, Monsieur L…oyal 🙂
Avant même celle du débat et de la discussion que tu évoques en début d’article, tu soulèves la question de la simple conversation, qui a pour racine la fréquentation de l’autre.
Con-verser, c’est vivre avec ; c’est même, étymologiquement, retourner fréquemment… Là, tu commences par vivre avec l’autre en retournant le langage, en commencer par écouter quand on t’attend pour parler, en donnant la parole à l’autre pour le laisser venir à lui-même puis à toi, en redonnant le bon sens (la bonne direction) à ce dialogue qui s’inscrit alors dans le flux de la transversalité, et non dans la verticalité du « top down » ou même du « bottom up ».
La loyauté que tu proposes, en sujet d’atelier comme d’article, est celle de placer l’autre en position de sachant et pas seulement d’apprenant. En cela elle est indissociable de la confiance (et là sont le respect et l’humilité) que l’on accorde et prouve à l’autre. On se fie à sa sagesse, à sa boussole interne, on le laisse trouver et poser ses questions… non pour récolter une standing ovation sous hypnose mais pour que la reconnaissance manifestée soit celle de la confiance accordée.
Merci d’ainsi incarner fidèlement ta vision et ton credo #lovefirst, qui sont aussi les miens.