J’ai regardé ce matin une vidéo de l’ami Cyrille – alias VinVin, et je dois te dire, que j’ai été absorbé par la polémique que tu entretiens sur un mode taquin ! Je me suis posé la question comme tout le monde : qui est devenu le con de l’autre ?… Car savoir si le brainstorming est une géniale technique de communicants ou de marketers ou tout au contraire, un genre de truc bidon qui illusionne ceux à qui on propose d’y participer, n’a strictement aucun intérêt. Voilà c’est posé là, cher Cyrille, et chère Julia, votre débat sur ce point est ridicule, tant il se résume à la question de savoir ce qui en sort. A moins qu’on y prenne plaisir (comme nous tous, camarades du concept et de la créativité), avouons-le, la résultante de la réflexion collective est tout de même majoritairement la médiocrité et le politiquement correct, tant qu’il n’est pas affirmé et admis que tout expression sera perçue comme pertinente par principe et non soumise au jugement d’autrui.
Alors pourquoi Julia pense-t-elle tout à coup que Cyrille est un con ? Et pourquoi à l’opposé ce dernier se demande-t-il comment Julia a pu écrire une telle connerie dans son commentaire sur Linkedin, elle qui proclame la nécessité de la contradiction, elle qui prend la parole au nom de la philosophie ?
Lisez donc « Que faire des cons ?… » de Maxime Rovere, et vous aurez la réponse (oui Maxime est lui aussi philosophe et son écriture un ravissement). Le principal problème que nous rencontrons dans ce genre de situation, réside dans notre mauvaise interprétation et dans notre réaction émotionnelle excessive face à une connerie, face donc au con qui la commet. Nous estimons alors que l’autre (le con ou la conne) a commis un acte, énoncé une opinion, qu’il n’aurait pas dû faire, au sens où notre morale, nos principes de droits, ne le permettent pas. Comme Cyrille, à notre tour, nous sautons alors sur l’occasion de « faire la morale » à Julia, pour lui dire ce qui ne se fait pas sur Linkedin, à savoir un commentaire courroucé et peu agréable à l’encontre de celui à qui l’on reproche justement de s’être mal comporté…
Un cercle mortifère s’il en est, puisqu’il alimente aussitôt les esprits chagrins ou malicieux, qui prennent l’audience des protagonistes en otage pour leur assener d’autres « vérités » sur leurs comportements, en bien comme en mal selon le bord sur lequel ils ont accosté. Faisant ainsi la morale à l’autre, nous devenons des cons ! Et c’est hélas, ce qui est le plus difficile à combattre en nous-même : notre habileté sans pareil à rentrer dans le jeu des cons, en dénonçant leurs conneries. Tiens par exemple, ce matin, cédant à la tentation d’expliquer à Loïc (pas Simon, c’est promis…) que m’envoyer un message automatisé et pourtant personnel pour me vanter les vertus du partenariat BtoB que sa solution CRM permet d’améliorer, est réellement une connerie au regard de mon parcours, je me suis mordu les doigts après coup, puisque malgré toutes les précautions prises pour donner un caractère bienveillant à ma réponse, il est clair que lui, n’avait aucunement conscience d’avoir déconné !… Ne faut-il pas laisser les cons dans l’ignorance même de leur connerie ?…
En d’autres termes, le con ne déconne pas de son propre gré. Il est con parce que nous subissons sa connerie et que selon nous, cette connerie ne peut être l’apanage que d’un con !…
Je vous laisse le plaisir de lire la suite, de découvrir les solutions que Maxime Rovere, nous propose avec subtilité et justesse. Nous sommes d’accord, il y a trop de cons. Je pense aussi que vous serez d’accord avec Maxime pour reconnaitre que nous faisons le con, un peu trop souvent, quelque fois bien malgré nos intentions d’humains socialement responsables (je m’aligne sur son point de vue pour souligner qu’il y a chez une grande partie de la population conne, des gens qui ne connaissent ou ne reconnaissent ni les autres, ni leurs droits, ce qui nous rend la vie et l’amour des autres si difficiles).
Je voudrais dire ici à Julia et à Cyrille, que tout le monde apprécie plus que moins, que ni l’un ni l’autre ne sont des cons à mes yeux. La seule vraie manière de sortir de ce débat puéril lancé par les réseaux sociaux, dont c’est hélas une spécialité dérisoire et auto-alimentée par la connerie générale et notamment de groupe, que seul l’amour vous sauvera. En fait, je crois que si l’on aime vraiment l’autre, on peut :
- lui dire (je t’aime) d’abord ! et lui dire ensuite seulement, je pense que tu as déconné !
- lui redire ! pour lui signifier que l’on aurait préféré qu’il nous explique gentiment son ressenti négatif, l’idée qu’il a été agressé par quelque chose, ou pourquoi pas son impuissance face à la contrariété…
- lui redire encore qu’entre personnes intelligentes, on devrait toujours converger à un moment vers une issue intelligente… et que nous avons encore l’opportunité de nous aimer mutuellement… pour peu que l’on y porte attention !
A la fin, je suis convaincu que Cyrille et Julia aiment le débat contradictoire et sans doute aussi, de manière différente les séances de créativité, baptisées brainstorming. Et puis même si Julia dénonce également la tendance du Happy at work, ce qui peut sembler une provocation, mais qui ouvre aussi la réflexion sur le pourquoi devrions-nous installer des babyfoot pour faire croire aux personnes qu’ils se marrent au bureau, j’ai comme l’impression que le recours à l’audience, l’appel au public, aux défenseurs de l’un ou de l’autre, sont à la fois curieux et peu crédibles.
En effet, avons-nous besoin des autres pour reconnaitre la connerie ? N’est-il pas illusoire de demander à l’opinion, a fortiori, aux communautés sur les réseaux comme Linkedin ou Facebook, de départager les opposants ? Car qui pourrait à la fin présenter des arguments suffisants pour nous convaincre que le con/ la conne est bien celui ou celle que nous croyons ? Non vraiment, prendre appui sur les autres pour souligner la connerie de l’autre, me semble être une connerie (après lecture de ce livre jubilaire et salvateur). J’aime les gens engagés, forts de conviction, comme Julia ou Cyrille, et puisque je les aime, j’espère qu’ils ne feront pas trop de conneries ! Cela étant, s’ils agissaient comme des cons, je leur dirai uniquement ceci : « j’admire d’habitude vos propos, votre personnalité alors si vous m’aimez un tant soit peu, comprenez que votre attitude de l’instant me heurte et m’interpelle. »
J’aurais dû également dire cela à certaines personnes croisées récemment et qui ont eu un comportement à la con ; peut-être était-ce leur réponse à une connerie de ma part, mais leur inaptitude à me la faire remarquer gentiment, nous a conduit dans l’impasse de la connerie systémique. Chacun repartant en pensant que le con c’est l’autre !
Comme l’écrit Maxime Rovere dans son excellent livre, il n’est pas possible de discuter de la connerie avec des cons. Si je te soumets cette conclusion, cher.e lecteur.trice, c’est parce que je t’aime, et en conséquence, que je te crois parfaitement apte à la discussion…
Merci ! Et à bientôt dans un pays moins peuplé par les cons !… #lovefirst #oupas