Pendant que nous protestons vainement contre l’envahissement de l’Europe (et donc de la France) par les GAFAM, certains pensent qu’ils peuvent jour les sauveurs en débarquant fièrement de l’Amérique de Donald ! Après tout pourquoi pas !
Au point de désespoir où se trouve la grande distribution française, il faut bien tente quelque chose, quitte à ce qu’il est des apparences diaboliques. Quand je lis le post d’Alexandre Bompard sur Linkedin, obligé de nous rappeler que Carrefour existe depuis 1959 et que sa volonté de l’époque d’aider les gens à s’équiper devrait nous émouvoir, tandis que l’enseigne ère dans un vide marketing angoissant depuis une décennie, je suis presque triste pour lui. Oui Alexandre, ta marque va disparaitre, comme 70% des marques sans que personne ne s’en soucie. A part moi peut-être et encore…
Mais non, j’exagère, te dis-tu cher.e lecteur.trice ! Il faut sauver la distribution et si les mousquetaires n’y sont pas parvenus, appelons alors l’oncle Sam ! C’est ainsi que Monoprix a goulument sauté sur Amazon (oui tu peux aussi croire que c’est l’inverse..), c’est ainsi que Carrefour compte sur Google (décidément Alexandre tu es prêt à vendre ta mère pour faire la Une…), et c’est désormais ainsi que Intermarché se jette dans les bras de Microsoft ! Comment ça Microsoft ? Vive la sauce tomate made in Microsoft ! #ahahah
« Microsoft France et Intermarché concrétisent aujourd’hui une ambition commune pour la transformation de la chaîne de valeur de l’écosystème alimentaire français, des producteurs aux consommateurs » déclarent en chœur les héros du mariage de la carpe et du lapin, les intrépides Carlo Purassanta, Président de Microsoft France, et Thierry Cotillard, Président d’Intermarché.
Vraiment ?… Tu espères nous faire avaler cette couleuvre géante, cher Thierry ? Je ne vois pas très bien pourquoi Microsoft se soucierait un micro-instant de savoir si je mange mieux ! Si tu le sais, dis-le nous. Mais dans l’article de l’Usine Digitale, qui m’interpelle, et que je cite ici, il n’y a rien d’autre qu’une ode à la Data, ce qui est bien maigre, si j’ose dire… Ce partenariat signifie simplement que Microsoft va recueillir, et stocker quelque part hors de France, les données ultra-personnelles des consommateurs français, leurs habitudes de consommation, leurs plats préférés, leurs excès alimentaires ou leurs maladroites tentatives de régime. C’est pitoyable ! Parce qu’à part nous pousser des bons de réduction, sur des produits que nous consommons déjà trop, à part nous indiquer que nous aurions dévoré trop de glaces cet été, histoire de nous culpabiliser davantage, à part favoriser les producteurs avec qui Intermarché aura passé d’interessants contrats, personne ne voit ce que vous allez faire de nos données.
Personne, sauf sans doute Microsoft, qui se fera un plaisir de les exploiter, de les tordre en tout sens, et finalement de les vendre à l’industrie alimentaire, à l’industrie de la santé, etc…
Non vraiment, j’aime votre mission du « Mieux manger » mon cher Thierry. Je l’ai écrit plusieurs fois. Je l’aime tant que j’espérais que vous résisteriez à la tentation de la vendre aux américains… Je ne vois pas ce qu’ils pourraient nous apprendre sur la cuisine, ou l’alimentation. Il n’y aucune urgence à me demander et à analyser ce que je mange. Je le sais. je le fais consciemment et que cela vous plaise ou pas, ne m’intéresse nullement. Je mange mieux, je mangerai mieux encore demain. Partager cette ambition avec vous me convenait, mais certainement pas avec Microsoft ! Dommage !
Et puis fallait-il nous préciser que Office 365 était en cours de déploiement pour les 100 000 salariés d’Intermarché ?… Tu t’es fais manger tout cru mon cher Thierry !?