Hier nous en avons largement débattu dans une room animée avec Pierre et Philippe, le problème du désabonnement aux newsletters qui envahissent nos boites mails est sujet à controverse. Rien de grave semble-t-il, surtout si l’on prend les chose avec humour, comme notre ami britannique James Veitch dans ses vidéos.
Car la meilleure manière de traiter le problème serait, selon James, de répondre avec humour aux envahisseurs. Ou, pourquoi pas d’installer des réponses automatiques, exactement comme le font ceux qui ont tombé dans les outils du marketing automation, désormais aussi fréquemment utilisés que les déodorants 48h en plein été.

Mais fort heureusement, nous avons évoqué d’autres pistes… ne serait-il pas raisonnable de ne pas s’abonner du tout ? En manifestant notre intérêt pour un contenu, envoyons-nous un signal de consentement pour la vie ? Si j’embrasse une femme demain, est-ce une demande en mariage qui nous conduira à dialoguer jusqu’à l’entrée au cimetière ?
Ouf ! Je crois que nous devrions respecter davantage les gens et leur désirs d’une relation intense mais brève. Ainsi, si tu lis cet article, je ne vois pas pourquoi je devrais t’écrire tous les jours, ou toutes les semaines pour te vanter les mérites de mes prochaines réflexions autour du marketing émotionnel. Il me semble que tu es tout à fait responsable de tes actes, et que si jamais tu veux revenir par ici, tu sauras le faire tout.e seul.e comme un.e grand.e ! Non ? Bon dans ce cas, envoie moi un message privé et je te proposerai un stage de développement personnel au coeur de la forêt amazonienne (ne prends pas de valise, nous serons habillés d’un simple pagne en feuille d’arbre originel..).
J’ai bien écouté ceux ou celles qui s’en remettent à Google (Gmail) pour analyser les mails entrants et les ranger directement dans leurs indésirables (joli nom pour spam), évitant ainsi tout tracas de filtrage et toute perte de temps. C’est une idée débrouille qui ne répond pas au fond de la question. Pourquoi sommes-nous abonnés ?
Est-ce la peur de manquer ? Ce côté écureuil en panique, au fantasme surréaliste d’emmagasiner des quantités d’informations, pour les longues soirées d’hiver sans doute, me laisse rêveur. Allez-vous vraiment lire tout ça un jour ? je ne vous crois pas. Tous ceux qui me répondent : « oui j’ai bien vu ton message, mais je le traiterais plus tard parce que là tu vois, je suis sous l’eau' », ne m’ont jamais donné signe de vie… Ils m’ont oublié. Pire en réalité, ils m’ont enseveli sous le flot des messages entrants et ne m’ont jamais retrouvé dans le vaste placard ou s’entassent sans gloire les mails à lire plus tard… C’est moche, mais au moins je n’y suis pas seul ! La communauté des gens qu’on lira plus tard est tellement vaste et accueillante. Tu viens ?
A ce stade de l’histoire, faisons le point, si tu veux bien. As-tu fait l’effort de t’abonner à ce blog ? Pas encore ? Franchement tu exagères ? Et à la chaîne Youtube du marketing émotionnel ? Non plus ? Et à mes comptes sur les réseaux sociaux ? Ok, bon, notre relation s’arrête là !

Tu ne crois pas que je vais continuer à te fournir des conseils, à nourrir ta réflexion, à alimenter tes conversations, sans aucune contrepartie. Si ? Quelle audace ! Comment oses-tu, toi ma/mon lectrice/teur (oui tu as raison, il y a des moments ou l’écriture inclusive me saoule grave…) ? Si je ne peux pas compter sur toi, alors, c’est la fin des haricots verts. Et quand je dis compter, c’est au premier sens du mot, avec l’espoir de parvenir à un nombre assez grand, du genre qui flatterait mon égo, ou mieux qui pourrait me donner l’impression d’avoir fait mieux que les autres (qui sont-ils d’ailleurs pour oser t’envoyer des contenus concurrents des miens ?…). Vois-tu la performance est un moteur pour celui qui fait du marketing au même titre que l’addition juste est le graal du comptable. Nous comptons sans réfléchir, et d’autant plus que les nombre sont grands. Plus j’ai de lecteurs, et plus je me sens joyeux… Non je déconne, tu le sais, la performance est ailleurs que dans les abonnements.
Surtout si les abonnements sont gratuits. Et c’est tout le débat finalement. Comment passer de la production de contenus gratuits à une version payante ? Comment transformer le lecteur de newsletter en client régulier, justifiant par des achats supérieurs à ceux des non-inscrits, l’investissement et les efforts déployés pour le distraire 2 fois par semaine ? Alexis, nous raconte fort à propos, que rien ne permet de dire s’il y a une rentabilité réelle derrière ce modèle. Chez Kusmi Tea comme ailleurs, il ne semble pas envisageable de s’arrêter d’en envoyer, pas plus que de se désabonner (au cas où un message extraordinaire de gentillesse et de générosité arrivait).

Alors le contenu premium, comme l’ont imaginé les grands sites de la presse en suivant le Washington Post, est-il accessible aux PME, aux marketers du BtoB ? Oui bien sûr, mais qui voudrait payer pour l’obtenir ?
Réponse : pas grand monde ! Tu comprends en lisant les trois mots, que ça pourrait être personne. Et là, tu paniques. Tu écris un nouvel article. Tu envoies une nouvelle newsletter comme Laura, et tu prends à témoin ta supposée audience pour les supplier de ne pas te lâcher. Déconnez pas les gens, si vous ne me lisez plus, j’arrête !
Même pas cap !
Allez, sois sympa, abonne-toi ! Sinon qui va me lire ?…
PS : si tu as ressenti un (très) léger pincement au coeur à la fin de cet article ou si tu te réjouis d’avance de mettre un terme à ma carrière d’écrivain de blog, saches que tu es victime de tes émotions, et de l’histoire que je viens d’imaginer pour toi… C’est dingue non ?…
PS2 : tu rêves cher.e lecteur.trice, je continuerai d’écrire même si tu ne t’abonnes pas… ce pouvoir est le mien er le restera.