Comment ça Martin ? Oui Buber. Le philosophe de la rencontre avant Charles Pépin, qui d’ailleurs le cite en majeur dans l’introduction de son livre sur ce sujet crucial. Et là, comme un flash, me revient les longues analyses de la rencontre que je proposais à mes étudiants à partir d’une web série rarement égalée (et d’ailleurs primée aux Amy Awards). The Beauty Inside. Un exercice magnifique autour de notre volonté de rencontrer l’inconnu(e) face à la complexité de nos préjugés, de nos perceptions erronées de la personnalité, de l’oubli définitif de la bonne première impression.
Alors j’y reviens maintenant, et c’est trop tard. En effet, j’aurais dû échanger sur Buber avec François, au cours d’un podcast sur ce thème qui sera disponible très prochainement (me dit-il).
J’aurais dû évoquer à quel point nous souffrons de nos propres interdits, de nos biais cognitifs, de nos exigences extravagantes, de nos passés décevants ou évaporés, au moment de rencontrer l’autre.
Sans filtre. Sans attente non plus.
Rencontrer c’est aller bien plus loin qu’un échange poli de banalités sociales et politiquement correctes. C’est ressentir que la vie peut changer, la trajectoire prendre une courbe, un virage à 90° (tiens à propos, si tu fais du marketing 360 c’est que tu es revenu à ta position de départ, et pour le 180, tu fais marche arrière… #onenparle), partir là où seul tu ne serais jamais allé. De la rencontre nait la valeur de ton avenir. Quand tu n’auras plus personne à rencontrer, tu ne vaudras plus rien.

D’où l’idée de produire des leads, tu crois ?
Ben non ! Justement pas. Le lead n’est pas une rencontre. Le lead est prédéfini, ciblé, analysé selon la data, identifié comme ton futur alors même que tu ne sais encore rien de ce qui pourrait vous réunir. Le lead à l’opposé de la rencontre. Philosophiquement, il est l’acceptation d’un futur formaté, et prévisible. Affligeant d’un point de vue social, il rassure le marketer et son entreprise. Pourtant, rien ne remplace la rencontre, est une affirmation largement partagée dans le monde business.
Et puis tu sais, rencontrer quelqu’un c’est tellement difficile aujourd’hui ?
Ah bon ? Tu veux dire que tu n’as plus le temps de prendre le temps d’une rencontre ?… Martin Buber est cité plusieurs fois dans cette mini série, qu’il faudrait prendre le temps de regarder jusqu’au bout. Certes, elle expose une vision romantique de nos relations humaines. Certes, elle nous invite à chercher à l’intérieur, et à ne pas trop faire confiance à nos apparences ni à nos goûts établis.

Rencontrer c’est se surprendre, c’est être prêt à changer, à se révéler ailleurs. Rencontrer c’est avoir envie de l’inconnu.e. Rien d’autre.
Enfin, j’écris cela, mais je dois t’avouer que je n’ai pas terminé la lecture de Pépin. Alors, on en reparle juste après. Si tu veux bien…
PS : Rencontrer quelqu’un, c’est une invitation au voyage.