Quand tu annonces à tout le monde que tes haricots verts ou ton gruyère râpé sont habillés pour Noël, espères-tu vraiment entretenir dans nos esprits émerveillés la magie de Noël ? Quand tu inondes les arrêts de bus de magnifiques photos de tes flacons de parfum ou de whiskies (tiens d’ailleurs, qui sont ces gens qui prennent le bus et qui se parfument et picolent en toute circonstance ?), crois-tu que tu vas réchauffer nos coeurs d’enfant ?
C’est une belle question Karine. Je sens ton émotion intacte, malgré ces messages affreux qui envahissent nos espaces de vie, qui brutalisent nos parcours hivernaux et qui empestent le sapin moisi des campagnes publicitaires de fin d’année.
C’est moche ! C’est du moche marketing !

Pourquoi ?
Imagine nous, sortis bien couverts, marchant dans des rues illuminées et bruissantes des pas sur les sols gelés. Nous sommes encore des enfants. Nous sommes prêts pour ce grand moment qui nous renvoie à cet âge d’insouciance et de partage. Nous rêvons à ces cadeaux joliment emballés. Avec les prénoms des uns et des autres écrits d’une main généreuse et attentionnée. Nous regardons les vitrines éclairées, à la recherche d’une idée de cadeau pour elle ou lui, pour toi aussi. Nous cherchons dans le regard de l’autre, cette lueur qui nous fait frissonner, tout à coup, certain qu’une idée lui est apparue. Nous avançons confiants vers la grande place. Le sapin est immense. Bonnets, chapeaux, écharpes, parkas, doudounes, sont mélangés tout autour. J’ai envie de t’offrir un chocolat chaud, une gourmandise nous ferait du bien.
Tu pourrais ajouter quelque chose si tu étais une marque soucieuse du bonheur des autres. Tu pourrais nous laisser rêver un peu… Tu devrais sans doute nous aider à choisir un beau cadeau. Mais le rêve sera toujours le nôtre.
La magie de Noël est à nous.
La revendiquer à tout bout de champ, en barbouiller tes affiches, tes rayons de supermarché ou tes vitrines d’opérateur téléphonique est inutile et disgracieux. Tu peux participer à la fête, sans affirmer partout que tu en es le créateur magnifique.

Si nous sommes dépossédés de cette magie par les marques, le moment tant attendu deviendra (est déjà devenu) un rendez-vous commercial de plus dans l’agenda.
Je me souviens de mes premiers Noël et je t’assure qu’aucune marque n’y était associée. Ni dans mes souvenirs, ni dans mon imaginaire. A Noël, je rêvais de voir le père Noël et de cadeaux beaux comme un camion de pompier. Rien d’autre.
Oui mais celles et ceux qui travaillent à la com et au marketing, doivent bien mettre en avant leurs produits, leurs enseignes, sinon qui pensera à eux ? Cet argument économique, est parfaitement recevable. Il n’est en rien magique. Il est le résultat d’une course folle à la performance individuelle au détriment du bien-être collectif.
Noël est un moment magique à vivre par et dans un collectif. La famille ou les communautés dans lesquelles nous sommes heureux.
Allez viens Karine, le traineau nous attend !
Et puis, si tu veux prendre le train…