Allez, on débute par une petite citation de Bossuet sur la permanence : « L’homme sage est permanent comme le soleil ; le fou change comme la lune. » dans Politique.
Oui mais encore ?… « Rien n’est permanent, sauf le changement. » déclarait Héraclite. Nombreux seraient ceux pour affirmer qu’aujourd’hui le changement est dû à la technologie, alors qu’il semble bien être également dans les comportements évolutifs de l’Homme face à la rupture de son espace temps traditionnel (plus l’humain vit vieux et plus il vit de changements de temps). Ainsi faire le tour du monde devient banal (on pourrait même le faire sur l’un des nombreux blogs consacrés à ce rite moderne), de même que dialoguer avec tous ses amis éparpillés aux quatre coins de la planète n’est guère plus difficile que de passer d’un marché financier à l’autre. Nous sommes partout à la fois, et toujours disponible où que nous soyons…
Alors que deviennent nos relations ? Aurons-nous encore des amis (en vrai) à l’ère du tweet et du hashtag à tout va ? Si t’as pas d’ami, prends un Curly ! Tout le monde le sait ! Ca a fait le buzz !.. Et maintenant tout le monde peut devenir ami avec la photocopieuse en un Vine de 6 secondes… Enfin presque tout le monde !
La permanence est ailleurs. Elle est émotionnelle. Elle transforme une relation éphémère en relation durable par le temps que l’on passe avec l’autre, par le moment de vie que l’on partage avec lui (ou elle). Sans temps à consacrer à l’autre, nous ne pouvons espérer en faire un ami. Le temps est indispensable ! Il fixe l’instant émotionnel dans la mémoire (et même si le smartphone peut nous aider dans cette tâche, il ne peut pas trier, ni choisir à notre place). Nous gardons des traces de nos conversations, de nos échanges, via des images, parce que nous doutons de notre capacité à nous souvenir de l’autre, sans une aide artificielle.
Faute d’une véritable attention, nous oublions les instants précieux, et avec eux, les personnes. Faute de temps pour inscrire ces moments dans nos mémoires, nous perdons le fil de nos relations. Faute de choix clairs, faute de priorités éthiques, faute d’engagement fort, nous mélangeons les amis avec les contacts, les prospects avec les clients, les marques fortes avec les produits low-cost.
Inscrire nos valeurs dans le temps, demande un peu de constance et le sens de l’effort. L’éphémère au contraire est à portée de clic, gratuit et indolore. On comprend qu’il nous séduise. On comprend aussi qu’il nous inquiète. Garder une trace de l’éphémère nous permet-il de voyager dans le temps en harmonie avec nos valeurs ?
Voilà ! En attendant prends un Curly… C’est mieux que rien ! Et sinon, regarde From here to eternity (Tant qu’il y aura des hommes), un film à 8 oscars et au baiser mythique…