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Action ou vérité ? le consommateur est-il un acteur ? #birdman

On peut voir Birdman comme une tragédie ou l’interpréter comme un envol triomphal de la vérité sur la vision hollywoodienne d’un monde assujetti à l’impérialisme culturel nord-américain. On peut croire aux angoisses asphixiantes de Riggan Thomson (Michael Keaton extraordinaire dans ce rôle) lorsqu’il joue sa carrière sur une pièce de théâtre. Un drame intimiste et intellectuel de Carvers qu’il espère lancer à Broadway pour se débarrasser, enfin, de son passé d’homme-oiseau super héros masqué qui lui a pourtant valu notoriété et fortune. On peut aussi croire sa fille ou son ex-femme, qui n’ont pas goûté son absence permanente. On veut surtout penser qu’entre jouer un rôle sur une scène face au public et vivre une vie d’adulte épanoui et sociable, il y a parfois un (grand) écart…

birdman 1

Où est donc la vérité ? Faut-il en être obsédé dans sa façon d’interpréter un rôle, comme le suggère Mike (Edward Norton) ou doit-on être authentique et sincère dans chacun de ses actes dans la vie (comme le voudrait Sam – Emma Stone) ? Etre acteur, n’est-ce pas jouer la comédie ? A moins, qu’être acteur de sa vie, signifie se réaliser et diriger sa propre existence vers et à travers projets, rencontres et relations affectives ? Et si l’on parle d’amour, de quoi parlons-nous ? D’un amour absolu, véritable, ou d’une relation plastique dominée par le physique et le sexe ?

birdman 2

Trop de questions, qui tournoient dans la tête de notre anti-héros et qui sont magnifiquement filmées par Iñarritu.

La parabole nous projette vers la réflexion de Stéphane à propos du storytelling : voulons-nous vraiment en tant que client, être au volant, piloter l’histoire, être acteur et prendre le contrôle des marques ? Est-ce possible ? Ne serait-il pas plus prudent pour le consommateur d’exiger la vérité plutôt que de devenir ‘acteur/actant’ ? Il me semble qu’être acteur nécessite d’être habité par un personnage, d’être reconnu et identifié comme ce personnage et non plus pour soi-même, ainsi que le vit difficilement Riggan aka Birdman. Les marques portent des valeurs, des identités que nous admirons, dont nous pourrions nous habiller ponctuellement, par envie, pour le lien social qu’elles créent. Mais irions-nous plus loin ?

affiche birdman

Je ne suis pas convaincu que le consommateur soit nécessairement un acteur. Si être acteur exige la vérité, l’incarnation exacte d’une réalité, être consommateur offre la liberté de l’illusion, du fantasme et de l’inconstance. Etre consommateur c’est aussi la joie de l’ignorance, la naïveté de l’acceptation de l’histoire que raconte la marque, l’envie de croire au beau, au bonheur, au-delà des faits et de leur platitude.

Ainsi Birdman s’élève au-dessus de la ville, de la foule qui le film avec son smartphone en espérant le buzz, le tweet tendance du jour. Il s’affranchit de cette gloire ridicule qui a fini par le mettre en slip, et nous crie que la vérité pour mortelle qu’elle soit, est le rêve de l’humain. Devons-nous le croire ?

L’ignorance aussi a ses vertus !

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CEO Eforbrands Consultant / Speaker / Formateur / Auteur du Marketing Emotionnel Fondateur du Club du Marketing Emotionnel - Intervenant pour les MSc MBA Inseec Paris et l'ISCOM en marketing émotionnel, stratégies de fidélisation, relation client... Auteur des livres : Tout savoir sur Le Marketing Emotionnel aux Editions Kawa - nov 2013 La Fidélité, du chaos à la zone de confort aux Editions Kawa - Janv 2017 Marketing ZERO avec Philippe Guiheneuc, chez 1min30 publishing - juin 2021 Fondateur de Eforbrands et de LePartenariat Rédacteur du blog marketingemotionnel.com

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