Bernard Arnault gagne beaucoup d’argent et cela fait réagir tous ceux qui n’en gagnent pas assez ! Mais est-il un « preneur » ou sait-il faire preuve de générosité comme les « givers » chers à Adam Grant ? La question est essentielle en ces temps où chacun cherche à travailler dans une entreprise éthique et qui prend soin de ses employés, voire qui oeuvre pour leur bonheur personnel. Je n’ai pas réponse à la question concernant le patron du groupe LVMH, fleuron du luxe français, même si j’apprécie la Fondation Louis Vuitton et si je sais que certains titres de presse lui doivent leur survie. Bref !
Revenons à vous; une entreprise mais aussi vous un cadre, un dirigeant, en charge, quoi que vous en pensiez, de votre marque et de ses résultats. Etes-vous généreux, et au-delà d’une certaine forme de partage, êtes-vous prêts à donner et à donner encore ? Aider les autres dans leurs missions est une forme de générosité tout à fait estimable, et leur permettre de s’accomplir, de s’épanouir dans leur travail devrait aussi être reconnu comme une preuve de bienveillance et d’amour de l’autre.
Comme toujours, si vous acceptez facilement le concept d’une entreprise émotionnelle, vous allez vite buter sur la question du temps. Etre généreux, c’est offrir son temps ! Et là, on touche du doigt l’argument principal des « preneurs » : ce qui est pris n’est plus à prendre ! Aussi dès qu’une faille temporelle s’ouvre devant celui qui cherche un profit immédiat, il est prêt à tout, et en premier lieu, à ne pas perdre de temps avec les autres. La recherche permanente du « Quick Win », n’est pas compatible avec le partage. C’est tout pour un et rien pour tous ! Autrement dit, celui qui veut gagner tout de suite, n’a pas le temps d’aider les autres, ni de penser à leur bonheur. Il prend et on verra bien pour la suite.
Hélas pour lui, il est démontré par l’auteur de ce livre essentiel que les « givers » créent plus de valeur pour leur entreprise ET pour eux-même à terme. Etre généreux, c’est travailler avec son coeur. C’est aussi penser aux autres plus qu’à soi. Au final, si les autres gagnent, je serai gagnant à mon tour, car ils me rendront grâce de les avoir aider, de les avoir propulser vers les sommets. Dans tous les cas, dans tous les secteurs, c’est établi par des faits incontestables. Si vous voulez savoir comment, lisez l’article de HBR sur ce sujet. Il s’y trouve des conseils précieux pour vous indiquer les limites à ne pas dépasser pour ne pas sombre dans le burn-out du généreux…
Mais je voudrais vous éclairer sur la question du temps. En pensant à vous, je rends un peu du temps de mon dimanche pour vous livrer (demain) cette double réflexion :
- le temps n’existe pas ! C’est une invention de l’homme pour tenter d’organiser son activité de façon rationnelle. La générosité étant purement émotionnelle, il est inadapté de la traiter en comptant son temps… dès que vous donnez de votre temps, vous créez de la valeur pour l’autre… et plus tard pour vous. Essayez !
- si tu n’as pas le temps, c’est que tu n’aimes pas les gens ! Chaque fois que vous refusez d’aider quelqu’un (ne serait-ce qu’en répondant à son mail ou à son commentaire sur votre post Linkedin), posez-vous la question du pourquoi ? Pourquoi ne pas le faire ? La réponse habituelle est : je n’ai pas le temps de tout faire. Vrai ! Vous préférez faire ce qui vous rapportera directement quelque chose. Conséquence, vous vous faites passer avant les autres…
Or, il me parait évident que dans toute journée, nous gaspillons un temps fou à nous occuper de nous et de nos activités, plutôt qu’à aider les autres. Ce gaspillage est immense, et finit par remplir nos journées d’un stress dû à la sensation de ne pas être organisé. Comptez le temps perdu à remplir des tableaux ou à écrire un reporting destiné à prouver que vous avez effectué votre travail et vous aurez déjà une idée de ce gouffre existentiel. Le temps pour les autres n’est jamais gaspillé ! Le temps de vivre et d’exprimer ses émotions non plus.
Alors devons-nous aider tout le monde ? Le pouvons-nous ? La réponse est non. Il n’est pas possible de donner tout à tout le monde, et comme tout le monde ne vous aime pas, c’est parfaitement inutile. Il faut apprendre à sélectionner avec finesse (ou rigueur) les actions généreuses et les réserver à certains, ceux qui vous aiment pour commencer. Comment ? En utilisant votre Intelligence Emotionnelle, et en faisant confiance à votre intuition (ce qui peut être exactement la même chose).
La bonne nouvelle c’est que le temps partagé à faire le bonheur des autres, produit des effets bénéfiques à l’intérieur même de votre cerveau. Faire le bien fait du bien ! Or là encore, il est démontré par de nombreuses études sociologiques que les salariés d’une entreprise qui se sentent heureux dans leur travail sont bien plus efficaces. Plus vous diffusez du bonheur pour les autres, et plus vous augmentez votre efficacité, synonyme de gain de temps. Un cercle vertueux de plus. Dépensez du temps pour les autres, vous permet d’être meilleur dans votre job et dans votre vie.
Et puis, si vous êtes une femme vous êtes plus émotionnelle et donc potentiellement et factuellement plus souvent généreuse que les hommes ! Néanmoins, il faut rappeler à tous de prendre soin de soi ! Car, « être généreux signifie avoir de la bienveillance envers les autres, mais pas au détriment de la bienveillance que l’on porte à soi-même », comme le souligne Adam Grant pour conclure son article.
Be a Giver ! Et faites attention aux « takers », évitez-les si possible !