Un peu moins de 50 000 tweets une heure après l’annonce de sa mort. Charles est donc remonter en haut de l’affiche ! C’est toujours fascinant de voir à quel point les twittos les plus suivis sont capables de suivre une tendance et d’en espérer un peu de reconnaissance. Alors faut-il tweeter sur la mort d’un artiste lorsqu’on parle de tech, de finance, ou de marketing ? La force de la conversation est là ! Elle nous attrape par les tripes et nous entraîne dans la foule de tous ceux qui ne peuvent s’y soustraire…
Une marque est une conversation, et on le voit encore aujourd’hui, un homme seul, peut devenir une marque mondiale. Sa disparition engendre tristesse et mélancolie et les chiffres qui s’affolent, confirment son aura au-delà des clivages et des opinions. Pour ou contre, indifférent ou fan, tout le monde participe et partage quelque chose avec le grand Charles. Un souvenir, un parent, un prénom même, si comme moi vous avez eu une maman inspirée par une chanson plutôt que par un calendrier (oui tu ne sais pas tout du rédacteur de ce blog, cher lecteur.trice et c’est tant mieux… ça laisse un peu de place au questionnement).
Une marque comme Aznavour est connue partout dans le monde. Inutile d’en faire la promotion ou d’expliquer que la qualité, le savoir-faire ou le respect qu’elle inspire sont créateurs de sens pour des générations entières. Tu peux écouter Mozart, de la pop anglaise ou des rappeurs américains, tu connais Charles et tu le kiffes grave. Pourquoi ?
Plaire à tout le monde est impossible, mais il est certain que la notoriété et la visibilité d’un artiste peuvent suffire à rassembler si l’émotion forte que nous ressentons nous rapproche. La communauté se mobilise sous l’effet de l’émotion envahissante et nous voilà prêts à pleurer ou à nous souvenir, sous l’influence de la communion collective. Ecouter quelques mesures de ‘je m’voyais déjà » ou de « La Bohème », va très facilement vous situer au beau milieu du groupe, et vous donner immédiatement ce sentiment rassurant d’en faire partie, vous aussi. C’est ce réflexe panurgien qui fait bouger les foules à l’unisson lors d’événements imprévus et regrettables. L’émotion est intense, parfois douloureuse, et nous avons alors besoin des autres pour la partager. Littéralement, l’idée de répartir la charge émotionnelle, de la ressentir tous ensemble et non pas chacun.e dans son coin, dirige alors la communauté vers des lieux de partage : un lieu de culte souvent, mais aussi tous ces nouveaux lieux digitaux appelés « réseaux sociaux »ou la parole humaine se diffuse sans pudeur et souvent sans vérité.
Alors pleurer Charles est-ce indispensable ? Peut-être ferions-nous mieux de garder à l’esprit qu’il lui aura fallu près de 94 ans pour devenir une icône de la scène musicale et la fierté d’une nation en quête de sens. Rien n’aura été simple pour celui qui chantait formi-formidable et si le temps lui a donné raison, c’est surtout la détermination et la constance dans l’expression d’une passion que nous devrions prendre en exemple. Raconter des histoires engagées ne touche pas toujours une cible ou un public dès les premiers mots prononcés. Il est urgent de persévérer et de prendre son temps.
Merci Charles pour être parmi ceux qui nous montrent la voie, d’une voix si singulière…
Bon… et maintenant, comment vous avouer que je vous ai baladé jusqu’au bout ?… #ahahah #oupas
Comment pourriez-vous savoir si je suis sincère ou si je surfe sur la tendance ? Est-ce la limite du storytelling comme l’évoque Hervé Monnier dans son récent article ? L’histoire n’a de sens que si elle crée de la valeur pour celui qui la reçoit, puis la partage à son tour… Raconter une histoire, c’est créer du sens entre nous…