Dire non à un client, exprimer un non franc et massif face à une proposition, est-ce possible et seriez-vous à l’aise avec cette idée ?
Si comme le prétendait le philosophe Alain : « penser, c’est dire non », alors il m’arrive souvent de penser. Et vous ? J’ai l’impression qu’il est de moins en moins admis de dire non, et sans doute la puissance des réseaux sociaux, nous a-t-elle détroussé de ce pouvoir. Pourtant, lorsque vous me proposez quelque chose, lorsque vous avancez vers moi avec de beaux arguments fraichement élaborés par votre sagacité commerciale, mon instinct me pousse à vous signifier un refus clair. Cela peut vous sembler désagréable, cela peut vous agacer, mais vous dire non me permet de réfléchir, voire d’analyser notre situation en prenant le temps. Procrastination, me répondrez-vous, non sans malice ! Oui justement !
Ce qui me semble évident ne posant pas de question, je n’ai aucunement l’intention de passer à côté. Mais comme je veux en savoir davantage sur vous, sur votre personnalité, votre société ou votre offre, il n’y a qu’un moyen d’y parvenir : vous contredire sans ménagement ! Réfléchissez-y ! Vous n’est pas d’accord avec ce que vous venez de lire ? Tant mieux ! C’est le début d’une discussion, d’un échange sur ce que nous voyons de la même manière et surtout sur ce qui nous sépare encore. La controverse n’est pas loin !
Mais peut-être nait-elle de ce que nous confondons souvent argumentation et réthorique. Argumenter n’a d’autre objectif (théorique) que de convaincre, là où la réthorique est l’art du discours, bientôt confondu avec celui de l’orateur. je peux donc discuter avec vous sur un sujet quelconque sans être d’accord mais aussi sans que vous n’ayez à me convaincre de rejoindre votre vision. Nous pourrions plus facilement échanger nos points de vue, nos analyses, si l’un de nous ne tentait sans arrêt de convaincre l’autre. Ainsi lorsque je vous réponds non, c’est pour entendre la suite et comprendre si vous vous lancez dans une entreprise de conversion ou si votre discours peut me séduire. Me ranger derrière vous, rallier votre étendard de peur de subir la foudre de vos arguments, n’est qu’une solution futile et faible, qui peut d’ailleurs s’avérer préjudiciable. D’où la nécessité des pourparlers !
En droit comme en société, les discussions préalables n’indiquent, n’obligent même, à aucun accord. Dans l’échange commercial, je pourrais ainsi formuler une proposition puis la retirer selon que vous y répondez favorablement #oupas. Et dire non de prime abord, ne signifie pas que l’on puisse trouver un terrain d’entente après quelques échanges de paroles explicatives. Peu importe alors que nous ayons commencé par exprimer un désaccord. Seul ‘intérêt commun à converser nous aura permis d’avancer.
Je crois depuis longtemps que si les propositions négatives sont peu recevables, c’est avant tout parce qu’en face d’un non, nous avons envie de répondre. Exactement comme lorsque je dis n’importe quoi, la personne qui m’écoute alors, ne peut résister à la tentation de me le dire : « mais tu dis n’importe quoi ! C’est totalement erroné ! » Ah bon ? Vraiment ? Et pourquoi ? sont mes réponses insolentes !…
Elles provoquent chez l’autre, une irrésistible envie de m’expliquer ce que, et pourquoi, je n’aurais pas compris. #Ahahah ! Vous voilà parti pour une « partie de réthorique » que je savoure à l’avance, un peu comme lorsque mon grand-père m’annonçait son ouverture lors de nos parties d’échec. Sans ouverture, point de partie à jouer !
Dire non, peut naturellement créer une ouverture pour nos conversations. Profitez-en ! Trop peu de gens s’expriment ainsi, de peut d’être aussitôt lyncher par les brigades du bisous bisous, par tous ces pourvoyeurs de like et de « je suis tout à fait d’accord avec toi », qui nous font tant de bien (éphémère) mais qui détruisent notre volonté d’engagement (durablement).
Dire non, c’est se donner le temps de réfléchir à pourquoi dire oui. C’est peut-être devenu difficile dans une époque où il faut répondre à tout dans l’instant, mais avec un peu de courage et de lenteur affirmée, vous pourriez réclamer un temps mort ! Temps mort qui vous laissera le temps de tout remettre dans l’ordre et de vérifier que votre réponse est alignée avec votre stratégie, votre branding (personnel ou d’entreprise), votre interlocuteur et ce que vous espérez lui apprendre de vous. Un temps précieux que nous ne prenons plus…
En 2019, posez-moi une question, et je vous dirai non ! 🙂
#oupas