Et puis la question revient encore : peut-on raconter une histoire à partir de n’importe quel produit ? Les histoires ne sont-elles pas réservées à des personnages, des marques sexy ou des produits que l’on partage dans la convivialité ?
Eh bien non ! On le sait depuis toujours, tout peut être le sujet d’une histoire. Même dans le monde de la finance. Oui, même pour toi, Gwenaelle, qui vient de chez Mazars ! Je te sens un peu coincée par le « sérieux » du secteur économique et sans doute aussi, il faut bien l’avouer, par la peur d’une sanction, d’une censure de la hiérarchie que l’on appellera ici, tes patrons. Pourtant à la fin de l’atelier, après une heure d’échange très convivial et respectueux, la conversation se poursuit et ce ne peut pas être une question de pantalon saumon ou de robe rose. Le sujet n’est pas la connexion mais bien l’histoire que nous pourrions raconter. Alors j’évoque en effet, l’idée que même en étant concentré sur des activités positives, sur des émotions joyeuses que provoquent en nous le nom des 7 nains, ou de Dumbo, ou la perspective d’une souris qui serait autre chose qu’un objet connecté, on pourrait construire un parcours sinueux mais agréable à suivre qui transforme notre héros et le conduise vers une fin que l’on préfère heureuse.
Un enterrement est une histoire ! Une belle histoire que l’on raconte en format hommage au regretté disparu. Ainsi lorsque je vends des cercueils, je peux aider la famille à raconter les histoires du parent, de la fille ou du fils, de la grand-mère à jamais célèbre pour ses confitures de coing, et je vais révéler ou magnifier leur parcours d’humain à la fois si banal et tellement touchant. Oui nos ainés, nos proches, nos amis, nous manqueront lorsqu’ils seront partis et c’est souvent dans ces moments douloureux que l’on se souvient des histoires vécues ensemble, de ces moments de vie chargés en émotions que nous voudrions revivre l’espace d’un instant de recueillement.
Et la finance, ce monde si sérieux où il n’est pas question de se montrer émotionnel, lorsqu’on traite d’argent, de millions ou de milliards ? Autant dire que les dictons populaires, puis les histoires racontées tantôt par Molière, tantôt par Martin Scorsese, pour aller d’un extrême à l’autre, ont toujours su nous parler d’argent avec pragmatisme, certes, mais. non sans humour ou sans grandiloquence ! Il me semble, chère Gwenaelle, que la possibilité d’une histoire est devant vos yeux. Elle n’attend plus que votre désir de partager avec une audience, un lectorat imaginaire, ce qui donnerait vie à un héros de la finance, et qui nous conduirait à le suivre dans diverses aventures. Certes, il lui faudrait traverser des épreuves ou des péripéties, mais il ne fair aucun doute, qu’il en sortirait différent, grandi peut-être, plus humain, pourquoi pas !
Alors nous serions heureux de l’avoir croisé sur notre route, de le voir évoluer dans son monde financier, et il n’est pas exclu que nous en soyons inspiré ou qu’il nous ait appris quelque leçon de vie. C’est aussi cette magie de l’histoire, qui rend la finitude de l’homme supportable. Car héros de la finance ou de la pierre tombale, tous finiront par disparaitre, laissant derrière eux des traces de leur passage parmi nous : des histoires d’hommes et de femmes qui partagèrent de bons et de moins bons moments, ici, tout près de nous.
L’argent ne nous mènera pas nécessairement au cimetière (je conviens que ce raccourci un peu trop dramatique) mais il ne nous empêchera pas non plus d’y terminer notre course contre le temps. N’en déplaise à Elon Musk, c’est bien parce que l’être humain est mortel qu’il passe son temps à raconter des histoires.