Comme tu le sais la marque emblématique de la joaillerie américaine est passé sous les fourches caudines de l’empire du luxe LVMH. Oui on peut lancer ensemble un cocorico de rentrée si tu le souhaites… Mais Bernard qui a mis sous le joug de la french touch les équipes de Tiffany’s, veut surtout relancer l’enseigne et la rendre plus proche d’une clientèle « mondiale ».
Après avoir repeint certaines boutiques en jaune en Chine, voilà donc la marque en quête de stars universelles mais symboles de la réussite absolue de la culture des Etatts-Unis : Beyoncé et son charmant husband Jay-Z se prêtent ainsi au jeu des ambassadeurs. Et si Beyoncé pousse la chansonnette (comme à la fin de tous les repas de nos amis gaulois) c’est en reprenant un titre légèrement daté et déjà propulsé bien haut dans le ciel par Sinatra en son temps : Moon River. Rien de farouche, mon cher Bernard !
Alors pour rappeler le goût du maître et sans doute transformer la campagne en coup de maître, Bernard 1er s’est dit qu’on pourrait peut-être glisser une oeuvre de Jean-Michel Basquiat dans le tableau… Pourquoi pas ? Le plus américain des artistes contemporains, qu’on aimerait tant croire français (si tu ne le savais pas, il est mort depuis longtemps – 1988 et était né à Brooklyn de parents haïtiens et portoricains), incarne-t-il une marque d’un classicisme reconnu ? Est-ce une traduction artistique de la volonté de secouer fortement une image un peu terne de cette enseigne vieillissante et pourtant encore attractive ?

Dans la vie des marques, beaucoup de choses peuvent changer avec le temps. Nous les voyons différemment en fonction de notre âge, de notre parcours de vie, selon notre réussite sociale et professionnelle, et selon qu’elles deviennent ou ne sont plus représentatives de qui nous sommes.
En lisant cette news ce matin, je me demande s’il faut sans cesse rajeunir son image, lorsqu’on est une marque qui traverse les décennies. N’est-ce pas prendre le risque de perdre totalement la confiance de ceux qui en sont les clients depuis longtemps ? N’est-ce pas encore, l’un des travers les plus graves du marketing que de courir sans cesse après les nouveaux entrants / clients d’un marché, au détriment de la clientèle existante et souvent fidèle à certaines valeurs ?
Certes, je comprends que l’on change d’égérie, que l’on tente de surfer sur la popularité des personnalités actuelles. Mais n’est-ce pas céder à l’apparence d’un succès éphémère ?
A l’aube d’une rentrée qui s’annonce très animée, j’ai envie de te dire ça : ce qui était hier, est encore aujourd’hui. Tes clients fidèles ont justement conservé quelque part dans leur mémoire, ces expériences que tu leur a fait vivre hier, et n’ont pas tous envie de les effacer ou de les remplacer par ce qui plairait à d’autres demain…
#onenparle
Sois fort et n’oublie pas ce que tu étais pour moi, un.e lecteur.trice aimé.e.
PS : cadeau, si tu ne connais pas Sinatra : https://www.youtube.com/watch?v=vJgGs9WpGt0
PS2 : l’expression mettre sous le joug renvoie à l’image de soldats battus et traités comme du bétail… quand aux fourches caudines, cherche un peu dans l’histoire des romains…