Oui c’est l’été et la légèreté s’empare aussi des sujets de ce blog… N’est-ce pas une bonne nouvelle ? Finalement, on peut se parler d’autre chose que de marketing responsable, y compris à table. D’ailleurs, lorsque j’en discute à déjeuner avec Yann, adepte patenté du déplacement à bicyclette dans la capitale et même en dehors, inévitablement j’ai du quinoa dans mon assiette, ou plutôt dans mon bol. Alors pourquoi pas des oeufs mayo ?
Ah ça, c’est un pur régal ! Et si je n’ai pas couru chez le lauréat du championnat du monde de l’oeuf mayonnaise organisé chaque année par l’Association pour la Sauvegarde de l’Oeuf Mayonnaise, j’ai tout de même la chance de déguster celui présenté par Eve et Corine, non loin de mon bureau. Un plaisir de gastronome, toujours renouvelé, rarement égalé. Un simplicité rehaussée par la finesse de l’assaisonnement de la mayonnaise maison et du choix des petits radis rose finement découpés pour agrémenter une salade de jeunes pousses. Tu vois l’idée ? Miam…
Bref ! Pourquoi sommes-nous le pays de l’oeuf mayonnaise ? Pourquoi sommes-nous fidèles depuis des lustres à cette recette à l’origine très incertaine ? Patrimoine historique et référent culturel, l’oeuf mayo est aussi synonyme de bistrot parisien (ou de bistrot français). Et la culture de la cuisine est un excellent moyen de reconnaissance des valeurs d’autrui. Alors il existe des fans de cette entrée simple mais délicieuse, à la fois basique dans sa composition et raffinée dans son expression. Des gourmets à la recherche d’un équilibre parfait entre le « goût gastronomique » et la gourmandise populaire.

En voyant dans le métro ce tote bag orné du logo de l’ASOM et de sa célèbre maxime, je me suis souvenu du déjeuner d’hier. Identique à l’effet de la madeleine de l’écrivain, ce visuel, ce jeu de mots, m’ont renvoyé aux convives d’un repas amical et parfois bavard. Flashback sensoriel ou sollicitation de mon système de récompense ?…
Et si c’était tout simplement cela, la fidélité ? Gouter une expérience unique, que l’on pourrait trouver ailleurs aussi, mais qui ne saurait éveiller nos sens avec autant d’intensité. Garder en tête les instants associés à la dégustation d’un plat, pour mieux s’en souvenir, mieux l’apprécier à chaque occasion. Revenir avec bonheur, avec un désir jamais diminué, vers un plat d’une folle zénitude, d’un abandon assumé face à la complexité des cartes de restaurateurs. Parce qu’après tout, être sobre, être dans la pureté naïve de l’oeuf mayo, c’est aimer la vie et la prendre comme elle vient.
Pour y parvenir, pour atteindre cette extase, il faut prendre son temps. Il faut que le temps passe, pour que tu te souviennes. Il te faudra encore un peu de temps avant de réaliser qu’être fidèle, c’est savoir valoriser le temps donné et le temps reçu, comme des cadeaux de la vie. Le chef le sait. Paul aussi. Nous sommes réunis un midi par une table dressée par Eve et nous en savourons chaque instant.
Merci !