J’aurais adoré voir un débat sur le sujet du wokisme du temps de Michel Polac et de son cultisme Droit de réponse. Vraiment ! Qui aurait-il invité ? Qui serait sorti de ses gonds et aurait finalement clamé sa colère comme un Gainsbourg levant le point pour signifier que lui, monsieur a mis les paras au pas ?
Pierre Desproges, Coluche, Professeur Choron, et tant d’autres nous ont tout appris. Ainsi dans le manuel du savoir-vivre à l’usage des rustres, Desproges nous proposait de reconnaitre un con à sa volonté d’être habillé comme tout le monde, ajoutant : « sur 10 personnes, si vous les observez bine, vous en trouverez une qui s’est habillée comme le neuf autres, c’est scientifique… d’ailleurs, quand 40 personnes sont habillées comme un con, c’est l’académie française et quand ils sont mille, c’est l’armée française… ou même polonaise ».
Bref, il était une époque où l’on pouvait dire à peu près tout, où l’on s’invectivait copieusement en soirée, et où finalement, l’humour le plus cinglant, les convictions les plus folles, avant droit de réponse. Cette époque est révolue. #oupresque

Désormais, il convient d’être défenseur des minorités, des particularismes, des individualités et les marques se sont plongées dans cette faille culturelle comme pour mieux exprimer leur volonté de toucher d’autres cibles. Nous sommes brutalement passés de la ménagère de moins de 50 ans, du macho blanc de plus de 50 ans, à la diversité représentée par des minorités (jadis invisibles).
Alors le woke s’empare de nous. Nous sommes comme interdits devant l’importance du phénomène qui nous assaille. Comment conjuguer l’envie de s’adresser à tous, aux gens « normaux » (qui commandent un burger « normal » chez BK par exemple) et la nécessité de respecter (en leur donnant la parole) tous les genres, toutes les croyances, tous les bords politiques ou tous les clivages sociaux ?
Dans sa dernière campagne, Lacoste met en scène des « opposés » supposés de notre société. Des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes, des homosexuels, des hétérosexuels, des riches ou des pauvres (oui je te fais un raccourci volontairement provocateur), qui comme par enchantement se réunissent sous le même crocodile porté bien haut sur le coeur. C’est à la fois beau, touchant et, comment te dire, un peu écœurant, comme ce gâteau trop sucré qui finit par te dégouter, parce que tu le sais, il s’agit en réalité de vendre de la fringue. Pas de méprise, j’aime la marque au croco depuis longtemps. Mais pourquoi ce spectacle réconciliant et surjoué à la fois ?

Est-ce là, l’impact du woke ? Devons-nous aimer ce message malgré toute la fragilité qu’il laisse voir ? Il n’y a pas si longtemps, la même marque voulait rajeunir sa clientèle, toucher des cibles moins fortunés que les papi mamie du tennis à la française. Elle fut chic, puis investit par la « racaille », puis à nouveau très tennis, et la revoilà intergénérationnelle ! Magnifique parcours !…
Alors dans une semaine lorsque nous parlerons des marque set de la culture woke, j’aurai en tête que si nous défendons des minorités avec force, il n’empêche que la diversité est aussi construite face à une expression majoritaire. Respecter l’une permet de comprendre les autres. Vouloir à tout prix valoriser chacune et tout le monde (comme dirait mon ami jaune), est sans doute impossible. A moins de faire disparaitre la majorité, celle qui pourtant nous représente dans tous nos processus démocratiques.
Je crois que nous avons besoin des minorités pour mieux comprendre ce qui nous distingue, et ce qui nous réunit. Le woke est probablement là pour longtemps. Et la majorité silencieuse ?
Si tu as un avis, publie-le. Je t’avoue que je suis un peu troublé par la question…
PS : Si tu n’étais pas là dans les années 80, regarde les replay disponible sur Youtube des émissions de Polac. C’était inouï !