J’ai fermé les yeux. J’ai pris le temps de me détacher de cette image de toi, Laurent. Et puis je me suis plongé dans le noir, volontairement. Alors même que la journée commençait avec un déferlement de commentaires joyeux et de likes adorables autour d’un podcast des habitués du #CafedelaCom. Et dans le noir, tu vois quoi ?
Fermer les yeux sur le défilé des conseils qui s’empilent dans un ordre incertain lorsque je scrolle down sur Linkedin
Fermer les yeux sur les inepties proférées par certaines marques… pourquoi des couches qui ne fuient pas ou moins que les autres ? tu crois vraiment que quelqu’un achète des couches qui fuient ?…
Fermer les yeux pour éviter de lire ce que certains appellent des carrousels et qui à défaut de me faire tournoyer dans un monde féérique, me balancent des banalités du genre : « en 2023, tu achèteras des NFT pour t’inscrire à une conférence sur le web3 »
Fermer les yeux pour imaginer autre chose : des gens qui rient, des gens qui se respectent dans leur diversité
Fermer les yeux pour voir plus loin que le ROI d’une action à mener d’urgence pour améliorer nos statistiques de fréquentation
Fermer les yeux pour ce temps de pause qui me permet de repenser à l’onctuosité insensée de la mousse au chocolat noir (je sais que toi aussi, tu te demandes qui a eu cette idée brillante et pourquoi nous avons oublié son nom… c’est tout de même autre chose que la tarte Tatin que le gars a foutu par terre… non ?)

Fermer les yeux parce que dans le noir, il me reste en tête des marques que j’aime et que je n’ai pas besoin de voir chaque jour dans ma boite mail pour m’écrire : tu n’as pas répondu à mon mail d’hier alors, je t’envoie un petit rappel pour te dire que c’est bientôt la dernière fois que je te relance et que tu ne peux décidément pas ne pas me répondre… #vraiment ?
Fermer les yeux pour voir ces lieux où se construira le futur de nos industries, de nos écoles, de nos salles de spectacle, de nos stades sportifs parce que je crois encore à la force du collectif
Fermer les yeux et décider que l’on devrait consacrer plus de temps à les ouvrir en grand pour se connecter aux autres avec l’intention unique de les comprendre
Fermer les yeux pour voir les mots qui prennent l’air, qui volent sans se soucier des nuages. Attraper ces mots et les coucher là sur un papier ou un clavier pour les envoyer plus tard à ceux qui les aiment encore.
Fermer les yeux sur ce qui est moche et vouloir les ouvrir sur le beau, parce que nous devrions tous tendre tendrement vers la beauté
Fermer les yeux et ne plus voir des lignes de compte ni de comptabilité lorsqu’il s’agit de parler à ses clients
Fermer les yeux pour ne. plus entendre ces gens qui broient du noir et nous prédisent la fin de tout et de rien
Fermer les yeux et respirer en prenant tout le temps nécessaire pour voir surgir une image d’une ou de plusieurs personnes que l’on aime et qui méritent certainement qu’on leur dise aujourd’hui et demain.
En 15 minutes, je n’ai pas pu faire davantage.
Je recommencerai demain…
Je t’embrasse les yeux fermés !
Très inspiré,relaxant.
J’ai adoré la phrase tellement juste :
Fermer les yeux parce que dans le noir, il me reste en tête des marques que j’aime et que je n’ai pas besoin de voir chaque jour dans ma boite mail pour m’écrire : tu n’as pas répondu à mon mail d’hier alors, je t’envoie un petit rappel pour te dire que c’est bientôt la dernière fois que je te relance et que tu ne peux décidément pas ne pas me répondre… #vraiment ?
Merci