Intuitions, l'humain dans le marketing
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Stratégie marketing : et si la fin était le début d’autre chose ?

Comment en finir avec cette urgence d’en voir la fin ? J’ai posé là cette question. Et je suis parti faire autre chose. Tu ne m’en veux pas Karine ? Sans doute n’avais-je pas envie de terminer. Peut-être est-ce un sujet trop difficile pour moi, qui n’y suis pas préparé ?

Je dois te préciser, cher lecteur.trice, qu’il s’agit d’abord de penser au client. Ce client que l’on a pas préparé à la fin. Il ne l’a pas vu venir, comme Mona Lisa Klaxon n’a pas senti venir King Kong (si tu l’as celle-ci, fais moi signe… on se retrouve à Mogador). Parce que quand Karine abandonne ses barbies, c’est un moment cruel qui la plonge dans le désarroi et l’incompréhension. Pourquoi donc ce pot de Nutella se termine-t-il alors qu’il reste au moins 6 crêpes à manger ?

Rien ne nous prépare à la fin. Aucune marque n’envisage sérieusement de nous avertir, ni de nous soutenir dans cette épreuve. Si tu dois jeter tes chaussettes à cause d’un petit trou sur le coté, que personne ne verra jamais, tu ressens ce creux dans ton estomac, lorsqu’elle tombe mollement dans la poubelle de ta salle de bain. Ploc. C’est fini. Alors évidemment tu passes à autre chose. Mais alors pourquoi Disney place-t-il ses plus belles boutiques juste avant la sortie de ses parcs d’attraction ?

J’ai envie de vivre plein de fins différentes. Un peu comme si le jour sans fin, était un jour qui me permet de vivre d’autres jours semblables mais tout à fait différents. Chaque décision définitive, chaque choix serait la fin de la journée. Chaque nouveau jour, me proposerait de nouveaux choix, de nouvelles histoires. Et les marques ? Pourraient-elles aussi nous proposer de poursuivre un bout de chemin ensemble ?

La fin. La finalité du marketing est-elle de vendre ? Si tu l’imagines ainsi, alors tu comprends que l’on ne pense pas du tout à la fin pour le client, mais au closing pour le commercial. Lui a terminé sa mission quand commence la tienne, l’expérience plus ou moins heureuse que la marque t’a promis. Dès lors que le marketing a pour mission de fournir des leads aux commerciaux, pourquoi se soucierait-il d’accompagner le client dans son expérience, et de le préparer à ce qu’elle est finie et non infinie. Lorsque tu mords dans ton sandwich au thon, le commencement de la fin signifie-t-il un certain contentement d’en avoir terminé, ou au contraire le constat que le morceau de baguette était un peu trop court ?

Oui Karine, il y a aussi des fins heureuses. Des moments qui nous soulagent d’une continuité devenue habitude, routine ou même abonnement. Parfois, en sortir, c’est renaitre. Un changement d’air, une nouvelle ère. Nous n’y sommes pas davantage préparés, mais dans ces cas-là, la fin est plus vite oubliée.

Et c’est sans doute ce qui fait toute la différence. La fin que nous ne voulions pas, est celle qui reste plus douloureusement dans notre mémoire. Près d’un français sur 2 a conservé son doudou préféré dans sa vie d’adulte. On achève bien les doudous, n’aurait peut-être pas été un succès du cinéma. Certains objets, certains produits, n’ont pas vocation à être oubliés. Ils sont une partie de nous. Nous ne voulons pas mourir. Nous voulons qu’ils vivent aussi. L’obsolescence programmée est un crime contre l’humanité. J’accepte que certaines choses aient un fin (parait-il, c’est vrai des bonnes choses aussi). Je ne comprends pas que quelqu’un se soit attribué le droit d’en décider le moment.

Aujourd’hui lorsqu’on te demande depuis combien de temps tu es dans cette boite, c’est sans aucun doute parce qu’on s’interroge sur ta volonté d’en partir. Impossible d’imaginer une relation sans qu’elle ne se termine. Un truc de malade, que de vouloir savoir quand ce sera fini, entre nous. A moins que cela ne soit une souffrance, l’expérience peut bien durer ou durer bien…

Mais si tu sais qu’elle est proche du terme, n’es-tu pas plus motivé à la sublimer pour ces derniers jours ? Si tu sais maintenant que tes chaussures ne tiendront qu’un hiver, n’aurais-tu pas envie de sauter à pieds joints dans toutes les flaques, de courir dans les chemins boueux, de descendre la colline enneigée sans autre protection ? Vivre avec l’idée que c’est bientôt terminé, donne une folle énergie à celles et ceux qui en ont encore la force.

Et si la marque devrait nous prévenir de cette fin qu’elle ne sait nous éviter, elle devrait aussi nous inviter à débuter ensemble une nouvelle histoire. Après la fin, il y aurait autre chose à découvrir. Non pas une éternité, mais une continuité peut-être ?

Prépare-toi Karine, ce texte est presque arrivé à sa conclusion. Ah bon ? Déjà ?

J’aime tellement les happy ending… Soit que les héros parviennent à leur fin, soit parce que je peux imaginer une suite heureuse à leur aventure. Lorsque Netflix nous a entraîné dans les séries qui se terminent trop vite et dont on espère la prochaine saison, à peine l’antépénultième épisode entamé, la firme qui nous distille des contenus addictifs, a joué avec notre soif de fin (tu vois que j’aime jouer avec les mots qui te piquent..). Tu es sur qu’ils vont faire une saison 7 ? Etrange culture que celle qui ne veut jamais tourner la page. Un livre se ferme. Un autre attend qu’on l’ouvre.

Sortir. Vite. Passer deux heures à tourner dans un magasin, est-ce encore possible ? Tu comprends maintenant que si la fidélité des clients dépend de ta capacité à leur faire croire que la prochaine expérience sera encore meilleure que celle qu’ils viennent de vivre, alors le défi est très élevé. Promettre que cette fin momentanée peut déboucher sur un autre moment de bonheur, plus intense, c’est promettre beaucoup.

Je crois que tu devrais conserver ton âme d’enfant. Souviens-toi (Barbara) comme nous étions alors insouciants et rieurs ! Nous n’avions aucune idée de ce que ce mot signifiait. Tu voudrais que je te rappelle combien de fois j’ai pleuré en entendant Mamie m’annoncer : « c’est le dernier tour, après on rentre ». Et le petit Patrice de s’accrocher au cou du cheval bleu qui l’emmenait à la poursuite infinie du carrosse inoccupé tournant et tournant encore sur un fond de musique de manège. Non je ne veux pas que cela se termine ! Pas comme ça ! Encore un tour !

Et si tu ne me promets pas que nous reviendrons demain, si tu ne sais pas me distraire par un mot gentil, un sourire, une attention sucrée, comment veux-tu que je t’aime ?

Tout est là. Si tu m’aimes, prends garde à me préparer une fin heureuse et à me promettre que demain sera un autre jour. Je ne laisserai derrière moi que ce que je ne veux plus voir, ce qui m’a déçu, ce dont j’ai appris à me passer.

A demain !

This is the end… beautiful friend

toi qui vivait déjà au 20ième siècle, tu te souviens qu’ainsi débute l’un des films les plus « insane » que nous ayons vu… un film de fin du monde, de fin d’une croyance en notre humanité… et pourtant nous sommes là !

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CEO Eforbrands Consultant / Speaker / Formateur / Auteur du Marketing Emotionnel Fondateur du Club du Marketing Emotionnel - Intervenant pour les MSc MBA Inseec Paris et l'ISCOM en marketing émotionnel, stratégies de fidélisation, relation client... Auteur des livres : Tout savoir sur Le Marketing Emotionnel aux Editions Kawa - nov 2013 La Fidélité, du chaos à la zone de confort aux Editions Kawa - Janv 2017 Marketing ZERO avec Philippe Guiheneuc, chez 1min30 publishing - juin 2021 Fondateur de Eforbrands et de LePartenariat Rédacteur du blog marketingemotionnel.com

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