les 4 E, marketing zero
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Le prix est-il toujours un élément du mix marketing ? #Shein

Tu vas me dire qu’il n’y a pas de débat ! Pas dans cette période d’inflation dont on nous dit à la Banque de France, qu’elle atteint un pic et que, si tout va bien, elle devrait redescendre lentement la pente vers un retour à la normale. Tu vas me dire aussi, qu’il n’y a qu’à regarder la file d’attente sur le trottoir de la rue des archives, pour acheter des fringues nulles et irresponsables de la plus grande réussite Fast Fashion de ces dix dernières années, pour être convaincu que le prix est une stratégie incontournable.

Oui. Vu comme ça, tu pourrais avoir raison et te pencher sur tes offres, tes produits, ton marché, pour les analyser en termes de positionnement prix.

Mais non !

Pourtant, comme le fait remarquer Olivier, avec justesse, annoncer aux consommateurs que la fête est finie, et que désormais, soit tu n’achètes pas, soit tu achètes plus cher parce que responsable et durable, est une mission ardue. Voire intenable pour certaines marques, pour certains produits et pire encore, un discours inaudible pour celles et ceux qui peinent à boucler les fins de mois. Evidemment !

Tu notes que cela fait 10 ans que j’écris sur ce blog, que ce sont nos émotions qui dictent nos décisions d’achat (et pour le reste de nos activités leur impact est immense aussi). Tu notes que j’ai toujours défendu l’idée que le marketing ne devrait pas s’adresser à une partie de la population qui n’a pas les moyens, ou pas assez d’argent. Ca me semble en effet indécent de vouloir vendre des produits chers et hors budget, comme lorsqu’on vendait des encyclopédies en porte à porte, comme quand on fait croire aux jeunes filles de 14 ans, qu’elles ont besoin de dépenser 150 euros par mois en cosmétiques, via des influenceuses qui se gavent sur leurs dos naïfs et dociles.

Mais je considère aussi, et je t’en parle dans les différents épisodes des marques qui font du bien, qu’il est de la responsabilité des marques de nous apprendre à faire mieux. Alors aujourd’hui, elles peuvent, elles doivent nous dire comment moins consommer. Elles doivent nous expliquer que payer plus certains produits permet d’en prendre soin, de les conserver davantage, de moins les gaspiller, tant ils deviennent précieux. Ainsi si j’achète un beau pull fabriqué en France à partir de matériaux naturels et respectueux de notre environnement, je peux le payer deux fois le prix d’un autre importé de je ne sais où mais c’est beaucoup trop loin, à la condition qu’il dure plus longtemps.

Quand tu écoutes les arguments de Extinction Rébellion qui manifestait devant la boutique qui a fait parler d’elle, tu entends avant toute chose : « on veut des vêtements qui nous respectent ». Le respect n’a pas de prix !

En réalité, l’argument du prix bas ne tient plus du tout. Plus que jamais, il est associé à une moindre qualité, une fabrication dans des conditions douteuses, dans des pays qui ne respectent ni les gens ni la nature, pour le compte de sociétés dont l’avidité est énorme, et sans aucun lien avec les enjeux des populations qu’elles transforment en consommateurs égarés.

Plus que jamais, tu ne peux plus cacher la misère de ton offre par un prix bas, ridiculement bas.

Est-ce que cette stratégie s’applique aussi au marketing ? Au sens de celles et ceux qui font du marketing leur métier. Les budgets marketing sont en chute libre cette année. Comprendre cette dégringolade comme un symbole du moins cher est toujours possible, et vient attiser les craintes d’une prochaine disparition d’un nombre impressionnant d’emplois dans ce secteur. Normal. Après tout, mon Chat est capable d’écrire, de créer des visuels, des campagnes et des films publicitaires, des analyses, des rapports et bien entendu du code pour tout ce qui est digitalisé. Mon chat n’est pas cher, et il est assez compétent pour faire aussi bien dans l’exécution de tâche. Alors, tu vois les prix de tout s’effondrer joyeusement. Bientôt le directeur marketing sera un smicard !

Ah non !!

Et les idées alors ? Et l’esprit critique ? Et la culture ? Et la singularité de concept inédit ?

C’est encore plus difficile à présenter, à expliquer que l’origine et la qualité de fabrication de ton jeans. Tu ne crois pas ?

Et donc, te voilà comme un produit, comparable à un résultat proposé gratuitement par une machine dopée à l’intelligence hautement artificielle. Au risque de décevoir mes futurs clients, je dois t’avouer que je suis différent. Je n’envisage pas d’être un produit pas cher, ni même un produit tout court.

Si tu travailles un jour avec moi, ça ne sera pas pour le prix. Tu le sais déjà. Moi aussi. Ce n’est pas une stratégie tenable, ni pour toi, ni pour moi. Simplement parce que si tu ne respectes pas mon travail, mon expérience, mon expertise réelle sur certains sujets, pourquoi voudrais-tu travailler avec moi ? Et comment pourrais-je te respecter ?

Or comme avec toutes les marques, il y a des valeurs que nous partageons et qui fondent la relation qui se crée entre nous. Sa durabilité dépend de la cohérence des valeurs que nous défendons ensemble. Lorsque les valeurs n’existent pas ou sont piétinées par la réalité d’un marketing du prix, alors il n’y a pas de relation durable possible. Il est inutile de critiquer SHEIN pour ce côté jetable après trois usages des vêtements que la marque vend. C’est son modèle ! Le problème est ailleurs. Il nait du manque de valeurs et de valeur de l’offre. Personne ne paierait 25 euros pour un tee-shirt SHEIN. Personne. Ce ne serait pas respectueux.

La stratégie du prix est une catastrophe économique sauf pour ces entreprises qui ont choisi d’être beaucoup plus chères que les autres. C’est le cas du luxe, mais aussi de certaines marques françaises plus accessibles comme le Slip Français ou Michel & Augustin.

Tu vois, c’est comme pour les crêpes. C’est cher mais qu’est-ce que c’est bon ! Surtout quand tu prends l’option Nutella / Banane ! #enjoy

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par

CEO Eforbrands Consultant / Speaker / Formateur / Auteur du Marketing Emotionnel Fondateur du Club du Marketing Emotionnel - Intervenant pour les MSc MBA Inseec Paris et l'ISCOM en marketing émotionnel, stratégies de fidélisation, relation client... Auteur des livres : Tout savoir sur Le Marketing Emotionnel aux Editions Kawa - nov 2013 La Fidélité, du chaos à la zone de confort aux Editions Kawa - Janv 2017 Marketing ZERO avec Philippe Guiheneuc, chez 1min30 publishing - juin 2021 Fondateur de Eforbrands et de LePartenariat Rédacteur du blog marketingemotionnel.com

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