Il y a plus d’un an maintenant, j’ai rencontré Damien Sacchi fondateur et CEO de Bpeek, une petite structure (doit-on encore utiliser le terme de start-up ?) qui créait sur le marché français, le moyen de donner non seulement le pouvoir aux consommateurs mais surtout celui de les rémunérer pour cela.
Il y a quelques jours, j’ai rencontré Guillaume de Maisonrouge, fondateur et CCO de Tcheck’It, une société créée début 2014, autour du même principe. Entre temps, le marché a vu l’arrivée de plusieurs autres concurrents (ils sont 8 aujourd’hui), ce qui laisse penser qu’il y a là une réelle opportunité pour ce business innovant.
Qu’en pense Guillaume ?
« Il est clair qu’un seul acteur ne suffit pas. D’abord parce que les communautés rassemblées par chacun sont complémentaires, même si certains consommateurs s’inscrivent sur 2 ou 3 plateformes en parallèle. Les missions confiées par les annonceurs sont différentes, nous n’avons pas nécessairement les mêmes clients. N’oublions pas que la mission confiée à un consommateur est d’abord de se rendre en magasin muni de son smartphone, d’y prendre quelques photos validant la présence du produit, son implantation et sa visibilité en rayon, puis d’y ajouter un commentaire ou de répondre à quelques questions. Aujourd’hui nous avons environ 50 000 inscrits dans la communauté Tcheck’it et ce chiffre est sensiblement le même chez les autres acteurs (jusqu’à 100 000 pour certains). »
Quel est le moyen de se différencier dans ce contexte ?
» Désormais les annonceurs ont compris tout le potentiel économique du système. Une visite réalisée par un consommateur leur coûte nettement moins que l’envoi de leur force de vente sur le terrain. D’autre part, les visites se font partout en France au même moment, dans la même journée (si besoin). Les remontées d’information sont donc très rapides et permettent d’ajuster les dispositifs en quasi temps réel, ce qui est un progrès considérable. Mais est-ce suffisant ? Nous pensons que les équipes marketing ou commerciales des annonceurs peuvent être accompagnées au-delà d’un simple constat photo ou d’un résultat quanti. Il y a d’autres richesses à extraire de ce type de mission sur le terrain. On peut souvent ouvrir la réflexion sur de nouvelles attentes des consommateurs par exemple. »
Mais l’annonceur est-il disposé à écouter les consommateurs ?
« Sincèrement, je pense que nous avons un rôle à jouer face aux équipes marketing qui ne savent plus très bien quoi faire dans un contexte de crise et de changement ultra-rapide de comportement chez les clients. Etre omni-canal, c’est bien mais comment maintenir et améliorer l’expérience client en point de vente ? Or mieux présenter l’offre est un point clé de la séduction des consommateurs. Et leur ressenti peut servir aussi à modifier des produits et des offres au-delà du packaging. En étant proches de nos clients et des consommateurs, nous détectons des insights qu’il faut savoir interpréter. Nous devenons alors conseil et force de proposition. »
Vous faites de l’accompagnement en quelque sorte ?
« Oui exactement ! C’est ce qui devrait nous permettre d’établir une confiance et une fidélité chez nos clients annonceurs. »
Quels sont les équilibres à respecter pour continuer à vous développer sur ce business ?
« L’écoute attentive des marchés et la qualité des missions que nous proposerons à notre communauté reste la base d’un succès durable. A ceci s’ajoute un nécessaire équilibre entre le nombre de missions disponibles et le nombre de membres actifs dans la communauté. Cet enjeu est le même pour tous, y compris BPeek que je connais bien. Il est clair que certains acteurs vont avoir plus de mal à tenir la distance. J’ajoute que la fluidité de l’Appli qu’utilisent les Tchekeurs est un atout important. Tout doit être fait pour que la mission soit simple à réaliser, et même qu’elle devienne ludique et rémunératrice. »
Quels témoignages recevez-vous de votre communauté ?
« C’est un vrai bonheur de lire ou d’entendre un consommateur nous remercier d’avoir créer ce service, qu’il voit comme un moyen d’améliorer sa vie, d’abord par les revenus supplémentaires qu’il génère. Certains gagnent jusqu’à 300 euros par mois avec nous, et lorsqu’on est retraité ou étudiant (par exemple) cela peut vraiment changer la vie. C’est une source de motivation et d’inspiration pour nous. »
Merci Guillaume et longue vie à Tcheck’It !