C’est décidé je prends ce matin l’identité d’un désespéré de l’expérience client / consommateur / usager face à la redoutable bêtise des tenants de l’automatisation. Depuis plusieurs jours certains commentent avec passion les erreurs de la Fnac dans son parcours client qu’il soit dans ses magasins (cf Happy Week-end) ou sur son site e-commerce (cf l’article publié par Frédéric Doillon sur Linkedin). Broutilles mesdames messieurs !
Courrez voir « I, Daniel Blake », la Palme d’or du dernier Festival de Cannes, justement décernée à Ken Loach (pour la deuxième fois dans sa carrière) ! Parce que là tout de suite, on atteint le haut niveau de l’expérience ! Je ne vous raconterais pas le film ici, mais je tiens à vous alerter : c’est terrifiant ! Dan, en proie avec l’administration droite dans ses bottes, va lutter de toutes ses forces pour faire valoir son statut d’être humain : un combat féroce !
Mais au-delà des courts-circuits, des bugs et des fails qui le submergent, je pense que le message est ailleurs. Evidemment traiter la masse avec des moyens normalisés conduit à ignorer et à écraser l’individu dans sa particularité. Les apôtres des statistiques basées sur la loi normale vont-ils un jour se rendre compte que rien n’est normal chez l’être humain ? Car Daniel n’est, et ne veut pas être, ni un client, ni un consommateur, ni même un usager et encore moins une variable statistique ! Daniel est un être humain !
Mais le vrai message que j’aimerais partager avec vous, chers lecteurs, c’est celui de l’invisibilité de celui qui aide les autres par pure générosité. Daniel Blake est un « giver » absolu. Il a toujours pris soin des autres, pris en charge leurs difficultés quotidiennes ou existentielles, sans jamais rien demander, ni obtenir en échange. Pour lui, la normalité est bien là : aider parce que c’est le rôle social de chacun. Mais qui s’en rend compte ? Pourquoi être sympathique aux yeux de tous, aboutit à ce que l’on ne fasse aucunement attention à lui. Il semble fort alors qu’il est si faible. Notre société vit depuis trop longtemps avec cette illusion que ceux qui aident n’ont certainement besoin de rien. C’est assez fou de réaliser que lorsqu’on aide les autres, ils trouvent cela « normal » et n’imaginent pas la situation inverse.
Nous avons dévalorisé toutes les professions sociales au fil du temps et nous sommes étonnés de ce vent de révolte qui gronde en sous-terrain. Nous devrions vénérer tous ceux qui donnent sans compter, ceux qui sont généreux et courageux dans leur mission sociale. Il faut dépasser le soutien moral (qui n’est d’ailleurs pas si moral au bout du compte). Il faut s’entraider concrètement !
Je suis Daniel Blake ce matin ! j’ai comme une envie rageuse de tagger vos murs avec ce message : sharing is caring !
PS : vous avez lu ma 500ème note sur ce blog ! merci !