Faut-il aimer les start-upers ? #happybusiness
La question a surpris ! Lorsque je demande aux deux co-fondateurs de myjobglasses, qui « n’est pas un site de rencontre comme les autres » (cf le tee-shirt fièrement porté par son staff), s’ils ont couché, la stupeur éclaire soudain les visages autour de moi. Mais qui oserait poser cette question ?
Le monde des start-ups véhicule avec un plaisir évident l’image d’une société happy, où l’on s’amuse tous ensemble du CEO au stagiaire promu directeur du web marketing et fraichement intégré en première année de master. Je n’ai rien contre. Et même j’approuve, voire j’apprécie que l’on ose dire qu’il faut de la passion et de l’amour au travail. Alors pourquoi pas entre fondateurs me direz-vous ?
Les jeunes entrepreneurs sont passionnés mais sont aussi des gens sérieux, me réplique-t-on. Et puis monter une start-up n’est pas une partie de jambes en l’air ! Certes on a une certaine affinité, sinon on ne pourrait pas partager la même vision du projet, mais cela reste au niveau professionnel. Ouf !
Alors de quoi parle votre site de rencontre qui n’en est pas un, poursuis-je, avide de découvrir le secret qui transforme une plateforme internet de plus, en un investissement prometteur. C’est d’abord le constat qu’un jeune recruté sur deux part de l’entreprise dans sa première année de contrat. Ah bon ? Et donc cela coûte cher puisque le recrutement et l’intégration sont vus comme des sources de coût. Et pour le jeune diplômé ? Idem ! Il s’est trompé et pressé par un marché de l’emploi compliqué, a accepté un job (et encore plus souvent un stage, une alternance) la peur au ventre et les valeurs ou les convictions dans les chaussettes (tenue correct exigée !).
On leur propose chez myjobglasses d’être mis en relation avec l’un des ambassadeurs de l’entreprise visée ou espérée, avant de répondre à l’offre d’emploi ou à la proposition de collaboration. Et ?.. Ceci permet à chaque candidat de mieux comprendre la mission et les valeurs de l’entreprise mais aussi son style de management, les niveaux hiérarchiques et l’autonomie accordée ou demandée à chacun. Les ambassadeurs sont désignés par l’entreprise et aident ainsi à communiquer sur la politique sociale et la gestion des ressources humaines. Les jeunes savent mieux où ils mettent leurs pieds et ne seront plus surpris (au moins sur ce sujet là). Bravo pour l’idée !
Mais cela ne répond pas à la question : pourquoi une start-up qui fonctionne sur un mode horizontal et une passion commune, serait-elle plus séduisante qu’une grande société (ou même qu’une PME établie) ? Faut-il être dans le royaume de l’incertitude pour être cool et désirable ? (je rappelle à mes lecteurs que 70% des start-ups ne fêtent pas leur second anniversaire et 90% échouent finalement après un premier exercice en perte pour 74% des cas…) – source ici.
Au contraire, semble nous indiquer myjobglasses, puisque la transparence (et donc la visibilité sur l’avenir) va conforter le jeune employé dans son choix, permettant du même coup à l’entreprise de ne pas recruter sur un malentendu. Ah ?! En dire plus sur soi avant toute forme d’engagement, permet de rassurer l’autre et inversement. Vraiment ? Que faites-vous chers défenseurs de la vérité nue, de l’attirance que nous avons pour le mystère ? Si vous saviez déjà tout, que resterait-il à découvrir ?
J’aurai dû lancer mybouledecristal.com ! Non ? Plus assez jeune pour ça ! Evidemment ! (si vous avez cliqué sur le faux lien… oh ! No ! you must be joking !)…
Les start-upers sont formidables ! Ils ont réussi à nous séduire sur des projets parfois peu innovants, mais tellement frais. Ils attirent à eux tout un système et toute une cohorte de personnes en affirmant que leur modèle éphémère est plus beau et plus heureux. Ils ont adoptés un mec devenu chief happiness officer et une posture hyper cool, pour rencontrer plus de jeunes talents, prêts à tout et surtout à ne pas être trop payés, simplement pour « vivre leur truc ». On peut les admirer pour ça, j’en conviens.
Il y a dans ce méga événement de Vivatech quelque chose de pervers à ce que les grands groupes se parent des valeurs des jeunes pousses pour jouer à qui attire le plus le jeune, et surtout pour éviter qu’il ne les flingue. Une vieille recette ?
J’aime les start-up dans ce qu’elles représentent la folie créatrice de l’homme. Et non parce qu’elles seraient un nouveau modèle d’entreprise. Etre licencié d’une start-up qui n’a pas pu boucler sa deuxième levée de fonds n’est guère plus réjouissant que de subir un plan de rationalisation des effectifs pour satisfaire les actionnaires.
Allez restons happy ! La suite bientôt…