Hier matin il fallait être dans la salle chez IBM France. Oui car on y a découvert une très jolie brochette de start-ups qui travaillent à partir de l’Intelligence artificielle sur des domaines extrêmement variés et qui se proposent de sauver l’humanité (ou presque). Oui aussi parce que le challenge Xprize trouve son origine dans le pari lancé à tous les pilotes du monde en 1927, et qui sera remporté par le célèbre Charles Lindbergh le 21 mai lorsqu’il reliera New York à la France en 33 heures à bord du Spirit of Saint Louis. Pourquoi ?
Tout simplement parce que ce défi dont la récompense financière était à l’époque substantielle a généré de multiples vocations, d’une part, et surtout a lancé toute l’industrie de l’aéronautique de « loisirs ». Le transport aérien était né ! Xprize a ce même objectif : stimuler les secteurs les plus innovants du génie humain pour développer les business du futur. Avec de très nombreux grand prix (15 millions), l’organisation mondiale attise la compétition entre les plus grands et reçoit le sponsoring soit de Google ou de Tesla (Elon Musk lui-même), soit de fondations d’entreprise. Et les résultats sont impressionnants !
Vous m’accorderez que les challenges sont nombreux et que, par exemple, apprendre que plus de plus de 250 millions d’enfants ne savent ni lire ni écrire, ni les bases de l’arithmétiques est effrayant. Nous avons encore du boulot devant nous !
Alors l’Intelligence Artificielle peut-elle nous y aider ? Et si oui comment ? C’est ce qu’ont tenté la vingtaine de candidats à la sélection finale hier dans des pitchs de 5 minutes. Et c’est là que ça se gâte ! Une catastrophe sur scène ! Aucune émotion ou presque dans la manière de présenter leurs projets, tous se sont retrouvés à commenter 2 ou 3 slides sans âme ni profondeur de vision. Pourquoi ?
Lorsque je m’en insurge auprès de mon voisin de conférence, celui-ci (un ancien d’IBM) me répond malicieusement : « c’est la faute au format que leur impose les financiers. Lorsqu’on cherche des financements, on doit respecter un cadre et donner des chiffres qui laissent imaginer qu’il y a un intérêt entrer au capital et surtout un point de sortie« . Ok lui dis-je. Mais tout de même, toute cette intelligence humaine (et aussi artificielle) pour accoucher de pitchs lamentables, n’est-ce pas désolant ?
Et là, sa réponse m’a tué : « Shit in Shit out !« … Wahou !…
A force de les gaver de présentations type business plan, ils les recrachent sans aucunement se rendre compte de la perception du public, sans aucune émotion et ses aucune empathie. Si leur projet ne parle à personne, comment ces ingénieurs brillants peuvent-ils croire au succès de leur entreprise ? Où est celui qui leur expliquera que ses Why ils n’y arriveront pas ?…
A mon grand soulagement, elle est arrivée sur la scène dans le deuxième acte de cette matinée : Moojan Asghari (@MoojanAsghari), présidente de Women in IA, nous a enfin donné un peu de perspective. Merci !
Je serai ravi de la revoir sur la scène des Sommets du Digital 2018. Mon invitation ayant été acceptée, Moojan nous expliquera que l’IA est genrée et qu’il y a urgence à prendre en compte le biais culturel dans l’analyse sémantique de la data. Selon qu’un homme ou une femme code ou programme une intelligence artificielle, les résultats peuvent être tout à fait différents. Encore un vrai enjeu de société pour l’avenir !