J’aime l’Afrique ! C’est sans conteste le continent qui nous a tout appris en terme de culture et que nous avons encore envie de parcourir pour sa beauté et sa diversité, que nous devrions protéger (et non pas exploiter honteusement comme depuis trop longtemps)… Bref ! La bonne nouvelle, c’est que l’Afrique est aussi un territoire d’innovation et d’une énergie créatrice extraordinaire. ce n’est peut-être pas encore la start-up nation vantée par notre président, mais les projets y sont aussi inspirants et nombreux.
Dans mon tour organisé par la BNP Paribas Cardif, j’ai eu le plaisir de découvrir plusieurs projets et j’en ai retenu deux qui m’ont particulièrement touché.
D’une part, cette société marocaine MedTrucks, dont le responsable du développement nous explique la mission : « transporter les médecins et les médicaments dans les déserts médicaux en optimisant les parcours via des algorithmes et une bonne exploitation de la data en amont ». J’ai cru que l’idée était aussi de rendre les « camions médicaux » autonomes (et donc de ne plus avoir réellement besoin d’un conducteur, mais ce sera peut-être pour la prochaine étape. Reste que l’idée d’optimiser les itinéraires en fonction de la réelle demande, c’est-à-dire ici de la présence de malades ou de personnes en attente de traitement, permet de multiplier les visites en gagnant du temps et de les préparer (en termes de diagnostic, de matériels utiles et de médicaments). MedTrucks ne se rémunère pas du tout sur les prestations médicales. Son modèle économique repose sur la fourniture d’une information ultra qualifiée, qui a une vraie valeur auprès des acteurs de la santé, ou des territoires visés. Actuellement en phase de test au Maroc, le projet pourrait aussi se développer en France dans ces régions où il devient très difficile de rencontrer un médecin. La technologie au service de la proximité physique : un mariage inspirant pour bien des entreprises du futur.
Un peu plus loin, nous rencontrons Karim Gadjigo, un sénégalais passionné par les contenus éducatifs. Il nous montre un personnage, le premier personnage dessiné pour les enfants africains. Incroyable histoire que nous écoutons avec une profonde admiration pour ce héros de la culture qui tente de se faire financer afin que la représentation de l’enfant en Afrique ne soit plus dictée par Hollywood ou Disney, ni bien entendu par les bien-pensants européens. Alors Karim a créé une plateforme qui diffuse déjà des contenus animés et pédagogiques autour de Mia Moké. Et les chansons, les jeux, les animations proposées apprennent à respecter la nature, dans une vision écologique des trésors de l’Afrique. Karim a le projet de produire des films d’animation et de proposer son personnage comme une référence culturelle à la jeune population du continent.
Mais peut-on ici parler de start-up ? Oui, si l’on prend l’angle du défi majeur de toute innovation : elle doit à la fois, rencontrer son public (c’est ce qui la différencie d’une invention – parfois sans intérêt collectif) et trouver des financements nécessaires à l’industrialisation du projet (au sens « scalable » cher à nos amis marketers américains).
La richesse nait de notre diversité. La technologie permet à tous de donner vie à l’idée créative qui peut changer le monde, où qu’il soit et quelle que soit sa culture. Merci aux équipes de Vivatech de nous rappeler que le monde change… y compris, et peut-être surtout en Afrique.
Cher Patrice Laubignat,
Très touché par votre article et vos commentaires élogieux 😉
Le projet Mia Moké connait d’importants développements et je ne manquerai pas de vous en parler très bientôt !
Amitiés
Karim GADJIGO