Vous avez déjà lu un tas d’articles sur la Saint-Valentin, et les coeurs en chocolat, ou les roses dont les prix se sont envolés ce jour faste pour le commerce de l’amour. Et maintenant les restaurants sont vides, les chocolatiers désespérés et les gondoliers sans emploi pour quelques mois… #ahahah
Fallait-il en faire une fête du slip (y compris français) ? Est-ce encore une fête des amoureux que ce 14 février, et si oui, était-il raisonnable de jouer un peu plus via les loteries de la FDJ ? Quelle marque n’a pas eu cette idée marketing lumineuse d’envoyer une flèche en direction de son coeur de cible ? Franchement, il y a de quoi s’interroger sur la « créativité » des marketers et autres responsables de la communication. D’accord pour mettre des coeurs un peu partout, car ils provoquent chez nous une émotion positive, mais pourquoi seulement le 14 février ? Après tout, aimer ses clients ne devrait pas être signalé de manière exceptionnelle, comme il est tout aussi ridicule d’avoir une journée nationale de la gentillesse ou des droits des femmes. Nous aimons nos clients toute l’année, et nous leur disons… le 14 février ! Après, c’est retour devant le match du PSG, bière et pizza et basta !
Et puis il y a ceux qui confondent St Valentin et plaisirs du sexe ! N’est-ce pas ce jour qu’a choisi le réfugié politique russe le plus en vue de la semaine pour faire chuter un candidat à la mairie de Paris, fautif d’une séance d’auto-sexe tape envoyée par téléphone à une jeune femme ?.. Curieuse association d’idée non ?
Alors quand je vois la campagne de Durex en 4×3 dans le métro parisien, j’ai envie de vous interroger sur son sens. Est-ce bien le moment de parler de sexe ? Est-ce une manière de dire que l’on devrait plutôt parler d’amour ? Je crois en effet que la période est bien choisie pour nous rappeler encore une fois que l’amour doit nous porter, nous transporter, être dans nos intentions et nos actions, la priorité. Rien d’autre !
Et pour une fois, je ne suis pas d’accord avec Tinder qui nous dit qu’on l’on pourrait se contenter d’une petite histoire, et qu’il est vain de penser au conte de fées. Evidemment, on nous répondra que le prince charmant n’existe pas, mais j’écris pour toi, cher.e lecteur.trice, que renoncer à l’amour pour un plan cul, me semble beaucoup trop consumériste et trop peu responsable. Ton empreinte affective mérite mieux qu’un abandon justifié par la difficulté, la dureté du monde dans lequel nous vivons. Certes les relations amoureuses ne sont pas toujours les plus faciles à vivre, mais si nous n’éprouvons plus de passion pour l’humanité de l’autre, si nous n’aimons plus avec générosité et tendresse, nous tomberons bientôt dans la violence, le mépris et la vanité. Chacun enverra des photos ou des videos de ses conquêtes ou de ses prouesses (vraiment ?) sexuelles, et les comparera avec angoisse à celles des autres ; pire encore, à celles diffusées dans un tsunami de c.. et de b… sur des sites porno qui se portent à merveille.
Je préfère voir Durex pointer du doigt les méfaits de ce déferlement de banalités sur le sexe, et s’indigner devant la désinvolture avec laquelle on finit par évoquer un acte d’amour, pour le reléguer à une punch line pour rap de bas étage, purement macho et violent à l’égard des femmes (en particulier mais pas que). Merci d’avoir le courage d’écrire sur nos murs ce que plus personne n’ose défendre : l’amour c’est autre chose qu’un bon coup en rentrant du boulot !
Ainsi pour la Saint-Valentin, tous ceux qui ont dépensé un peu de leur paye en espérant que leur femme échangerait un restaurant contre une partie de jambes en l’air, ont-il cru qu’ils achetaient de l’amour pour l’année ? Triste comme un black friday, cette fête du slip du romantisme à deux balles, provoquera-t-elle son lot de divorces et de séparations ? Augmentera-t-elle les agressions en tout genre, conséquences déplorables de la frustration née chez ceux qui n’ont personne à aimer ?
Je souhaite rappeler aux marques que l’amour n’est pas une opportunité de business. Encore moins l’occasion d’en appeler aux instincts basiques de l’homme et finalement aucunement une bonne idée lorsqu’il s’agit de célébrer la femme.
Nous valons mieux que le marketing de la Saint-Valentin ! Merci à ceux qui font de l’amour leur combat quotidien pour 365 jours chaque année.
Cassons les codes ! #punkmarketing