On s’aimait. On s’aimait et on s’aimera encore… tu crois ? Quand tu pars, tu ne regardes pas derrière toi. Il ne faut pas. Sinon, tu te demandes si tu aimeras encore ce que tu quittes. Il n’y a pas de billet de retour. Demain ne sera pas comme hier. Si c’était le cas, aurais-tu vraiment voyagé ?
Alors je me suis arrêté sur le bord de la route. Je me suis pris la tête entre les mains en pensant à cette inflexion dans ma trajectoire. Elle était imprévue au départ, tu t’en souviens. J’ai longuement hésité à ce carrefour de la vie, devant les choix multiples qui s’offraient à ma vue. J’ai pris le temps d’y réfléchir, de solliciter un avis extérieur puis deux puis trois…

Et maintenant, je regarde la carte, je me demande si j’ai bien fait de prendre ce chemin. Ce moment de doute est envahissant. Tu le connais, toi aussi, qui fait du marketing, lorsque tu prends un court instant pour t’interroger sur la pertinence du message, du canal que tu as choisi pour le diffuser, de la cohérence de ton action avec la vison plus large de ta ligne éditoriale, de ta stratégie marketing, voire de la mission de l’entreprise. S’il te paralyse, s’il te freine dans ta course, c’est peut-être une bonne nouvelle. D’abord cela signifie que tu es encore en capacité de réfléchir au sens de tes actes. Pouvoir et accepter de les remettre en question est sain. Bien sûr, tu fais confiance à ton intuition, à ton expérience de ce genre de situation, à tes facultés d’analyse des contraintes et des opportunités. Mais pourrais- tu être trompé par tes émotions ? Ton cerveau limbique, celui qui capte les signaux émotionnels de ton corps, est-il aligné avec ton néo-cortex, celui qui te permet de penser, d’être rationnel ?
Lorsque ce n’est pas le cas, lorsque tu hésites, tu ne sais pas décider, c’est certainement qu’il y a un défaut d’alignement. Un biais, un grain de sable qui bloque le mécanisme. Alors si tu apprends à percevoir en toi ce signe de la défaillance provisoire de tes cerveaux, tu le reçois comme un indicateur de vigilance. Il faut sans doute refaire le chemin qui t’a mené jusque là et en comprendre plus exactement les méandres. La vertu de ce doute est essentielle au voyageur comme au marketer. Elle évite la sortie de route, de finir dans le mur ou au fond du ravin. Trop souvent, nous sommes dans la certitude et nous fonçons vers le désastre. Trop souvent nous en recherchons les causes une fois le mal fait, trop tard, bien trop tard.

Aujourd’hui nous avons pourtant toutes les données, toutes les informations d’une précision redoutable, pour nous indiquer le sens du vent et tant d’autres prévisions inutiles finalement puisque nous en restons là. Immobilisés. Tétanisés par la possibilité d’une île que nous aurions manquée, en passant au large. Et si on avait pris à droite là-bas, hier, l’autre fois ?
La douceur du voyage t’autorise à faire des erreurs que l’entreprise a bannies du monde du marketing. Ce qui est très étonnant pour le voyageur que je suis, c’est d’entendre tant de gens me dire qu’il est tellement important de se tromper pour progresser. Je veux croire que je ne me suis pas trompé mais que j’ai pris une chemin différent, compliqué à suivre peut-être, moins beau, moins satisfaisant q’un autre, mais qui était et restera mon choix unique. Je peux douter qu’il fut bon mais pas de l’avoir fait en mon âme et conscience. C’était moi.
Alors assis au bord de la route, je me demande comment corriger l’erreur éventuelle de navigation, comment mieux orienter mes voiles pour prendre le large. D’où je suis, il y a de fortes chances pour qu’une autre direction soit prise. Et puis, je profite de cet endroit, de ce lieu inconnu où je suis parvenu involontairement, parce qu’il me fait voir une facette nouvelle de cette contrée restant à explorer. C’est la magie du voyage que de rencontrer ceux qui sont sur notre route, y compris et surtout lorsqu’on s’égare.

De là où je suis, c’est une évidence, la route est encore longue. Elle semble sinueuse, interminable et belle. Exactement comme la quête d’un marketing responsable et respectueux des humains, elle est patience et persévérance.
Demain tu auras avancé. Crois-moi !
PS : Si tu veux relire les épisodes précédents, retourne à la case départ sans hésitation ! c’est par là : https://marketingemotionnel.com/2022/02/03/le-marketing-est-un-voyage-1/