Je prépare un voyage. Je prépare une conférence pour inspirer un changement de vision dans le marketing. Tu me diras, que c’est un peu prétentieux. Je te répondrais que j’ai l’audace du voyageur en moi, depuis fort fort longtemps. Et puis, comme aime à la rappeler le sympathique Aurélien, apôtre de l’industrie for good et de l’influence BtoB, si j’ai une communauté qui apprécie mes convictions et mes intuitions, pourquoi devrais-je la priver d’une inspiration nouvelle ? C’est ma mission d’exprimer ce que je crois être source de progrès pour celles et ceux qui font ce métier avec passion.
Aller plus loin, c’est déjà quitter le point de départ !
Dans ce premier épisode, je suis sous l’influence d’Adam Grant. Il décrit à merveille, dans l’introduction de son livre sur le pouvoir de la pensée flexible, comment un pompier a sauvé sa peau (lorsque 11 de ses camarades ont péri brulés) en allumant un feu de secours, juste avant d’être rattrapé par les flammes d’un feu de forêt incontrôlé qui les prenait de vitesse. Une idée insensée que ces collègues n’ont pas cru bon d’imiter. Créer un espace déjà brulé et donc sans attrait pour le feu galopant vers lui, s’y coucher et attendre que le feu passe. Un truc de dingue, irréfléchi, mais qui lui a sauvé la vie. Ce qu’explique l’auteur dans son livre, c’est avant toute chose nos difficultés à remettre en question ce que nous croyons savoir, ce que d’autres nous disent avec autorité (légitime ou non), ce que nous appliquons comme autant de techniques éprouvées dans le temps sans même y réfléchir.

Or il me semble que le voyage est justement l’envie de quitter le havre de certitude dans lequel nous baignons (si un jour tu dois te baigner évite tout de même Le Havre). Il me semble que partir, c’est quitter quelque chose que nous connaissons bien, très bien. Alors si tu fais du marketing comme avant, c’est certainement que tu n’iras nulle part. Ou peut-être que tu tournes en rond, comme un satellite de toi-même.
Savoir d’où tu pars est pourtant essentiel. Depuis 3 ou 4 ans, tout le monde à en tête qu’il faudrait définir sa mission, ce but à atteindre avec ses clients, ce graal parfois tellement énorme qu’on ne saura jamais quoi en faire. Mais quel est notre point de départ, et pourquoi devons-nous le laisser derrière nous, sont deux questions vitales au moment de faire tes bagages. Un peu comme ce courageux sauteur de plongeoir de piscine qui a oublié de repérer où se trouve l’échelle de sortie du bassin, et qui, à peine la tête sortie de l’eau, bouche grande ouverte pour avaler tout l’air disponible, jette des regards affolés en tous sens pour trouver une issue favorable à sa possible noyade. Les trois-quarts des mauvaises idées marketing proviennent d’un manque cruel d’informations sur le point de départ. Le mauvais brief, c’est essentiellement se pointer à la mauvaise porte d’embarcation. Bad trip !
Tu crois enfoncer la porte ouverte en lisant cela ? Regarde encore. Examine tes connaissances sur le contexte du marché, les forces de ta marque, l’opinion de tes différentes types de client, les moyens réels dont tu disposes, et on en reparle. Alors autant que possible, il s’agit de bien connaitre l’existant pour mieux s’en éloigner. Pour autant, gageons que tu sais d’où tu pars, de quel voyage parlons-nous ?
S’il s’agit de traverser la rue, non que cela soit sans péril, tu comprends que tu pourrais te retourner à tout moment et revenir d’un pas au point de départ. C’est le grand principe retenu par tous ceux et celles qui visent l’amélioration a minima. Le voyage sans jamais quitter des yeux le rivage, le vol dans un avion qui fait le tour de la piste, le coureur du paté de maison, l’aventurier du bout de la rue. Le marketing du « mieux que rien » en action. Comment te dire que le voyage sera pauvre et triste, et qu’il ne fera rêver personne, même pas toi. Tu me suis ?

Oui, si tu voyages, c’est pour aller loin, aussi loin que l’imagination de portera. Tu es là, et tu voudrais déjà être autre part. Ambition et volonté. Souvent l’ambition est présente mais se dissipe trop rapidement lorsque viennent les premiers nuages, les premiers vents contraires qui te font signe qu’il n’est pas trop tard pour renoncer. Souvent aussi la destination est tellement lointaine que tu réalises qu’elle restera inaccessible. Dommage !
Ce que je souhaite te dire maintenant, c’est que pour partir, il faut concentrer un maximum d’énergie dès le départ. Comme une fusée qui s’élance vers le ciel au-dessus de Cap Canaveral, et qui brule une énergie folle pour s’arracher du sol. Tout se joue dans ces instants.
Quitter le point de départ consomme beaucoup et doit en conséquence, nous propulser assez loin devant pour envisager la possibilité d’un ailleurs.
Dans le prochain épisode, nous serons déjà loin d’ici… Accroche toi !
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