Intuitions
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Quand tu me parles des cigales, j’ai les abeilles

Il fait beau, il fait chaud, et c’est reparti pour un déferlement de campagnes qui nous vantent la mélodie provençale. Oui ça sifflote sur les vélos, oui ça picole à l’ombre des platanes, oui ça gesticule dans le potager. Et alors ?

Pourquoi le marketing s’est-il emparé des allégories au Sud (de la France) pour nous séduire, dès l’été venu ? Existe-t-il une attirance irrépressible de nos compatriotes pour les saveurs méditerranéennes, les couleurs chatoyantes, et les fruits gorgés de soleil ?

Karine me pose la question. Un marketing sensoriel spécial Ugolin à la recherche du parfum de Manon dans le grenier de son papet, tu crois que ça fonctionne ?

Faut-il que nous soyons facilement influencés par notre mémoire sensorielle pour nous laisser aller à des choix de produit affichant une origine provençale, pour ne pas dire occitane ? Est-ce une question de souvenirs de vacances ou d’histoires racontées au château de ma mère ou conscrites dans les lettres de mon moulin ?

Nous jouons avec l’expérience enregistrée pour qu’elle revienne à la surface émotionnelle, à peine consciente, mais suffisamment présente pour interférer avec nos décisions d’achat. C’est sans doute limite d’un point de vue éthique, tant la chaleur d’un été souvent rafraîchi par les eaux de la grande bleue coïncide avec une période de loisirs, de rencontres heureuses, de corps dénudés et bronzés, d’un sentiment de liberté, bientôt contredit par la routine de rentrée. Profiter de notre nostalgie naturelle, est aussi peu recommandable que de nous passer des soit-disants tubes des années 80 à des heures de grande écoute, pour tenter de masquer la pauvreté musicale de nos contemporains.

En marketing, on cherche d’abord un résultat. Si le moyen est de distraire d’une analyse rationnelle de l’offre en la parfumant à la lavande bio, sommes-nous dans la flatterie des souvenirs embellis par les ans ou dans l’exploitation d’un sentimentalisme déplacé le temps des congés payés ? Lavons tout cela au savon de Marseille, le seul, le vrai, l’unique, d’après la légende, et proposons un marketing propre à nos consommateurs. Après tout, il y a 50 ans que des gens mangent des pâtes Panzani en hommage à Fernandel, ce Don Camillo inspiré et roublard, comme un… marketer.

Allez zou, va ! Karine, le marketing d’appellation contrôlée, c’est un truc de fadas !

Tu voudrais qu’on aille droit au but et qu’on te dise d’acheter une lessive qui sent bon le terril ou le munster ? Qu’on t’invite à nettoyer ta peau avec des lotions aux extraits d’artichauts bretons ? Le soleil est au midi, ne t’en déplaise, et les cigales aussi. Nous les préférons aux fourmis parisiennes qui se précipitent dans des bouches de métro et qui en ressortent parfumés comme des rats. Les consommateurs aussi.

Si le marketing adopte la Provence, ou le Sud, pour nous faire voyager, c’est qu’il sait combien nous préférons le bleu et le soleil au gris et au brouillard. Tenir compte de nos préférences, est un objectif raisonnable pour celui ou celle qui espère notre sympathie. Et si j’ai toujours pensé que le meilleur rôle de Daniel était cet Ugolin imbécile et pitoyable, si je suis parfois agacé par cette supercherie du bonheur provençal, je comprends bien que les cigales chantent un peu fort aux oreilles des fourmis.

Que serions-nous sans leur mélodie lancinante ?

PS : je n’avais pas remisé ton message au calendes grecques et si tu n’es pas encore partie te réfugier dans une calanque marseillaise, j’espère que tu me donneras la réplique rapidement… merci !

PS2 : j’ai vu passer des abeilles jaune et noire dans certains magasins parisiens qui vendent de la musique (mais pas que) et l’on m’a dit que leur intelligence n’ait pas artificielle. Comme quoi la nature est une source infinie d’inspiration…

PS3 : note à toi lecture.trice, je suis un pur banlieusard mais j’aime bien le concept du soleil qui pique ma peau et de l’accent gazouillant qui fait rire les parisiens…

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CEO Eforbrands Consultant / Speaker / Formateur / Auteur du Marketing Emotionnel Fondateur du Club du Marketing Emotionnel - Intervenant pour les MSc MBA Inseec Paris et l'ISCOM en marketing émotionnel, stratégies de fidélisation, relation client... Auteur des livres : Tout savoir sur Le Marketing Emotionnel aux Editions Kawa - nov 2013 La Fidélité, du chaos à la zone de confort aux Editions Kawa - Janv 2017 Marketing ZERO avec Philippe Guiheneuc, chez 1min30 publishing - juin 2021 Fondateur de Eforbrands et de LePartenariat Rédacteur du blog marketingemotionnel.com

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