Mon ami Alexandre est fan de l’IA depuis 24 ans. Quel talent ! Nous autres, les gens ordinaires, nous en avons de plus en plus peur. Certains appellent à la raison mon Chat qui a envahi les espaces de conversation et qui sert, nous dit-on pour ne pas nous rassurer, les intérêts des géants de la toile et du monde. Dans le marketing, la catastrophe est déjà là. L’intelligence humaine a disparu. Ne reste plus que les apôtres de l’automatisation, du code, et de la data.
A Shanghai, le duo Fred et Farid, installé depuis longtemps dans un pays où l’innovation est plus forte que n’importe où ailleurs, va célébrer la semaine prochaine des artistes de l’IA. Oui, il y en a. Beaucoup.
D’autres visionnaires intempestifs nous ont vanté les possibles futurs enchanteurs du web3 et même du metavers où personne ne va. Pourquoi pas !
Dans le monde sinistré du marketing, on devrait peut-être trouver un peu de réconfort à penser aux vrais gens. Aux gens ordinaires qui rêvent encore de pousser la porte d’un imaginaire féérique, où les reines sont de coeur et les lapins en retard. Il y a encore de la place pour le rêve, dans la tête des gens. Il ne s’agit pas de savoir si l’intelligence artificielle est loin de concurrencer les petits humains plein d’émotions, cher Alexandre, mais de nous concentrer sur ce qui nous rend si légers, au contraire des machines d’une lourdeur qui blase déjà ma cousine.
La spiritualité, la connexion à l’imaginaire, ce qui nous éclaire à l’intérieur et que l’on garde en nous comme un élixir secret.

La poésie de l’humain est infinie.
Aucun algorithme ne pourra jamais écrire à ma place. Ni à la tienne. Pour peu que tu te laisses porter par ta plume, aussi loin que possible des convenances, des évidences, de ce sentiment de déjà lu que tu éprouves tellement souvent désormais. Je t’écris ici, sans savoir où nous finirons par nous retrouver, là-bas. Perdus. Perdus mais tellement heureux d’avoir osé prendre ce chemin de traverse, ensemble.
Tu vois, lorsque je challenge un projet marketing, l’intention est la même. Je pars sans savoir. Nous arrivons tous les deux, là où aucune intelligence ne nous attendait. C’est cette capacité unique et existentielle de franchir la barrière du convenable, au sens de ce qu’il conviendrait de dire ou de faire en pareille circonstance, que j’apprécie. Quand Asma prend la lumière en révélant que derrière l’IA, des enjeux politiques colossaux se cachent, et que l’on est ébloui par cette lumière soudaine qu’elle projette sur la scène de nos frayeurs puériles, il se passe quelque chose de beau. On se retrouve dans ses mots, alors même que nous serions incapables de les prononcer.
Les gens ordinaires sont des poètes.
Les marketers moins. Ils devraient l’être encore. Mais la poésie des chiffres et du ROI est très limitée, ne trouves-tu pas ? Je pense que l’Intelligence Artificielle n’aidera pas les humains à devenir poète ou artiste. Elle n’aidera pas non plus les marketers à sortir de leur médiocre pari de créer des résultats. C’est sans doute frustrant. Mais tu avoueras que s’en remettre à des machines pour apprendre à s’échapper de la réalité, est un concept un peu tordu. Non ? Le marketing ne sera pas meilleur grâce à l’IA. Je ne le crois pas. L’humain peut-être. Le poète non.
On en reparle.
D’ici là, je retourne dans mon terrier imaginaire…
PS : j’oubliais, évidemment ce n’est pas Dickinson qui a écrit Alice… #ahahah c’est vraiment n’importe quoi !

