Encre un film dont je ne suis pas ressorti intact ! Un film fort, violent, touchant et passionnant, réalisé par celui qu’on attendait comme le messie : Xavier Dolan, québécois et canadien, réalisateur au-dessus du lot à seulement 25 ans !
Tout est parfait, tout est mis en scène sans aucune retenue ni aucun effet de manche. De l’émotion brute pendant 2h30 ! Des conversations, des situations tendues et même au-delà, des face à face effrayants, rien ne vous sera épargné dans ce film choc. La difficulté à communiquer entre la mère et son fils, le mal-être comme une impossibilité de sortir les mots de sa bouche pour une voisine enseignante, tout est difficile entre eux, et entre eux et nous.
Mais le génie du jeune homme ne s’arrête pas à l’efficacité des plans serrés, étouffants, sombres et en même temps sur colorés. Il y a autre chose dans ce film événement…
Lorsque la tension est palpable entre les personnages, ce qui est la très grande majeure partie du temps de ce film, l’écran est un écran volontairement rétréci. Seuls quelques moments de liberté, d’allégresse partagée, de rêve de maman, libèrent l’image qui devient aussi large que possible, ouvrant littéralement l’horizon ! Un trait de génie, me semble-t-il, inédit.
Et c’est exactement ce qui se passe dans notre cerveau en cas de conflit ou à l’opposé en état de parfaite confiance : notre vision se ferme ou au contraire s’élargit sans que nous en ayons toujours conscience. Les émotions que l’on ressent en face de l’autre, dans nos conversations ou nos échanges non verbaux, nous conduisent à cet état de cécité partielle. Les mots n’en deviennent que plus durs encore, plus difficiles à dire et à entendre. Seul l’amour nous protège du chaos total.
Le reste ne se raconte pas : il faut le vivre !