A peine annoncée la mort d’une « icône de la mode », Chanel nous rassure en intronisant Virginie Viard comme nouvelle directrice de la création de la marque. C’est bien ! Est-ce suffisant ?
Depuis longtemps Karl Lagerfeld est devenu le Dieu du style, et pas seulement de la mode. Quand Dieu meurt, que nous reste-t-il ? Et surtout Dieu n’est justement pas censé disparaitre de nos vies. En effet, en devenant lui-même une marque, Karl, ce personnage piquant comme un pointe de hérisson (ou comme une épine de rose pour les femmes), s’est auto-proclamé indémodable, inimitable, incontestable et « far far above the Sky ».
Il a ainsi une marque à son nom, un univers pour ceux qui aiment Karl. Qui dit mieux ? Aussi, quelques heures après l’annonce qui nous a surpris en pleine journée, chacun y va de son selfie avec Karl et de sa gentille déclaration posthume : « c’était un grand homme et je l’aimais tellement… mon dieu quelle tristesse ! » (même Anne Hidalgo se met à twitter son émotion). C’est dégoulinant d’égo et de self admiration ! Comment osent-ils ?
Dieu n’est pas une illustration de tweet pour personnalité en mal d’amour du public. Dieu, Karl est au-dessus de tout ! Mais sur le site de la marque Karl, à l’heure où j’écris ces lignes, pas un mot, pas une larme, pas une fleur… rien ! C’est là, que l’on voit les difficultés qu’ont les marques à intégrer les codes du digital (ou pour être plus exact du monde dans lequel nous vivons). Chez Chanel, rien non plus…
« Personnellement je ne regarde jamais en arrière », nous disait Karl. J’en suis moi aussi convaincu depuis longtemps. Seul l’avenir peut nous motiver dans notre quotidien et avoir du style, c’est certainement penser à demain avec le coeur d’un enfant d’aujourd’hui. La passion selon Karl, n’est pas teintée de tristesse, ce n’est pas un chemin de croix vers un paradis salvateur mais inatteignable. Karl a créé tout un univers pour ses fidèles. #accordingtokarl, il faut s’habiller avec élégance, avec style, pour survivre dans un monde hostile où déferlent des critères de beauté anesthésiants et réducteurs. Caché derrière des verres opaques, le regard de Karl sur notre monde était acéré mais joyeux. Son idéal peut-il devenir le nôtre ?
Je pense à ceux qui travaillent pour cette maison française que le monde nous envie et qu’il ne me semble pas possible d’égaler, ni maintenant ni demain. Comme ils doivent être heureux d’arborer un magnolia ou un numéro 5 comme symbole d’un monde où le style règne sans qu’on puisse le discuter.
Nul doute que Chanel survivra à la disparition de Karl. Mais quel sera le prochain dieu du style ? En trouverons-nous un sur la route de l’élégance éternelle ?
Alors si voir Venise, c’est mourir, replongeons dans l’histoire de Gabrielle, via ce joli film #insidechanel… Karl nous attend quelque part, certaines marques sont des étoiles.