Il nous a séduit lors de sa prise de parole sur la scène du #1to1Biarritz et son engagement dans le projet Loop est fort et inspirant. Rencontrer Marc Violo, son directeur marketing, dans un salon d’hôtel, face à la grande plage de Biarritz, apporte un peu de sérénité à l’écart de l’effervescence des allées du Bellevue. Marc apparait comme un citoyen du monde, calme et engagé à la fois, certain que les choses bougent et qu’il n’y a plus de vérité à déclamer, mais au contraire tout à apprendre encore de chacun, en toute circonstance. Découvrir l’origine de Loop et envisager grâce à lui, les immenses espoirs que ce type d’initiative provoque en nous, est un moment rare.
Patrice : « Marc, comment s’engage-t-on dans une entreprise comme Loop ? »
Marc Violo : « Déjà, je tiens à dire que je n’ai jamais travaillé en France. Je suis parti en Chine travailler dans le digital pour quelques temps avant de rejoindre Ogilvy à Singapour. J’ai saisi cette opportunité et je me suis bien amusé pendant un ou deux ans. Notre mission étant de tout faire pour décrocher des Lions à Cannes pour les campagnes digitales que nous imaginions pour les clients de l’agence. Absolument tout était permis ! Mais rapidement, j’ai réalisé que mon travail manquait de sens. J’ai voulu revenir vers autre chose, je me suis inscrit dans un parcours de formation executive, qui me permettait de travailler 4 jours par semaine pour des ONG ou des start-up engagées. C’est comme cela que j’ai trouvé ma voie, ma nouvelle mission et plus tard que j’ai découvert Loop. Changer le cours des choses est une réelle motivation aujourd’hui et nous avons beaucoup à faire. »
Patrice : « Justement vous êtes basé à Londres, comment le projet Loop peut-il se développer en France ? »
Marc Violo : « Nous sommes sur deux marchés différents, avec des cultures et des réactions des consommateurs très différentes aussi. La consigne pour les produits de consommation entraine une prise de conscience. Ici les gens sont plus critiques, plus cyniques également, et crient vite au green washing. Aux Etats-Unis où Loop prend de l’ampleur, l’enthousiasme est dans la culture. Le « amazing » résonne dans nos oreilles bien plus fort et plus souvent. Les anglo-saxons sont plus rapides à adopter les changements, ils n’ont pas la nécessité d’obtenir des preuves avant de tenter quelque chose de nouveau. Pour ma part, je trouve notre combat passionnant à mener parce qu’il s’agit de l’appliquer à tous les produits, et d’abord aux grandes marques. Notre modèle est basé sur le volume. La réutilisation des emballages n’a d’intérêt que si elle devient massive. Lorsque nous prenons des accords avec Danone, Coca-Cola ou Procter & Gamble, l’impact de nos actions devient vite énorme. Nous pensons nos actions ensemble. La récupération d’emballage et leur réutilisation à un coût. Les groupes qui soutiennent Loop nous achètent en quelque sorte le surcoût du traitement et de recyclage. La consigne n’est pas rentable pour l’industriel mais nous, nous savons comment traiter de gros volumes et leur facturer un surcoût raisonnable. Mentionner que la marque collabore avec Loop est un atout marketing fort pour le client final. Aujourd’hui les consommateurs sont de plus en plus engagés vers l’écologie responsable. Ce combat a dépassé le cadre des ONG et des débats ou des manifestations. »
Patrice : « Quand on évoque la consigne, on pense aux bouteilles en verre, on est dans le passé, la nostalgie d’une qualité d’emballage, mais on n’imagine pas que l’on peut adresser tous les marchés. Comment faites-vous pour aborder tous les secteurs ? »
Marc Violo : « C’est le principe de l’innovation ! Nous ne nous fixons pas de limite, autre que l’atteinte d’un objectif. Prenons deux exemples : si l’on dit aux fumeurs, nous allons récupérer vos mégots plutôt que de vous laisser les jeter n’importe où, ils sont forcément d’accord. Partant de là, c’est à nous d’imaginer des solutions pour y parvenir. On le fait avec Philipp Morris aux USA. L’industriel ne peut pas le faire car ce serait trop couteux ; mais nous avons des solutions pour traiter les mégots et recycler la matière. C’est ce service que nous échangeons contre un soutien financier de nos actions. Idem, pour un fabricant anglais de chips. Produit que les anglais consomment en énormes quantités et qui pose un vrai problème car l’industriel ne sait pas recycler l’emballage. A nouveau, c’est à nous d’imaginer la solution et de lui proposer. Chaque produit pose un défi de recyclage ou de réutilisation de son emballage. Notre ambition est de couvrir l’ensemble du panier de courses avec des produits à consigne afin de proposer une offre complète via nos magasins en-ligne. »
Patrice : « Et ce magasin zéro déchet sera-t-il bientôt disponible chez nous, en France ? »
Marc : « Nous avons ouvert en effet, une boutique en ligne via un partenariat avec Carrefour, le distributeur français qui s’engage pour une meilleure consommation, depuis mars cette année. Il s’agit encore d’un test, sur Paris pour commencer, mais nous croyons que l’attente de la population est déjà présente, au moins chez ceux qui peuvent acheter un peu plus cher au départ. Le mouvement Loop gagne du terrain et j’en suis heureux. »
Patrice : « Merci Marc pour ce partage d’une belle aventure. »
Marc : « Merci à toi !«