C’était un vendredi ou peut-être un samedi soir. Le temps de se retrouver autour d’une table avec un ou deux amis et nous étions déjà dans l’ambiance. Intime. Bleu sombre mais réchauffé par un éclairage centré sur une scène. Ils allaient s’installer derrière un instrument d’ici quelques instants, et l’on sentait déjà les vibrations parcourir la salle. Thomas et ses invités seraient là, à seulement 2 ou 3 mètres de nous, pour nous et quelques autres.
Tu passes la soirée à surveiller les doigts qui glissent sur les manches de guitare, qui caressent doucement les touches noires et blanches, qui animent des baguettes ou qui pincent les cordent du violon d’Aurore. Tu souris en reconnaissant l’intrigue d’un morceau de Django. Tu souris encore en écoutant Thomas expliquer pourquoi il aime cette chanson de son père, ou comment Françoise a discuté musique et paroles avec Charles. Tu es comme à la maison, sauf qu’à la maison, ils ne seraient pas venus.
Cet endroit est un lieu magique. En remerciant Dahlia, qui programme des artistes pour leur passion à se rendre accessible à un public respectueux, je repense à quelques souvenirs vécus ici. Ce jazz club de l’Etoile est là depuis longtemps. Il est une marque. Une marque dans le ciel bleu du jazz parisien.
Je voudrais t’expliquer comment un espace privé peut devenir emblématique d’un public, d’une audience réunie par une même passion. La musique jouée en live, à deux mètres de toi, c’est autre chose que ta playlist Spotify. La communauté des gens qui aiment le jazz live, se retrouve ici comme dans d’autres « boites de jazz » et les quitte, « un peu partis, un peu nazes », quelques heures et verres après. Mais dans ce club perché si haut dans le ciel, les rencontre sont avant tout musicales.

Pour autant, il faut bien avouer que ce qui rend l’endroit plus délicieux encore, c’est l’after. Réservé aux initiés, ce moment tardif qui voit les musiciens descendre de l’estrade et prendre un peu de temps pour se remettre de leur dépense folle d’énergie, nous donne l’opportunité de nous rapprocher. On les regarde, on les écoute, on aimerait leur dire qu’on les aime. Et puis, tout à coup, un mot, un regard, une invitation à dire quelque chose. C’est fait !
Comme j’aimerais que les marques du retail (et d’autres secteurs) s’inspirent de ces moments de grâce. Prendre le temps. Laisser le client s’approcher, doucement, timidement. Lui offrir un moment privilégié, sans même l’avoir promis ou annoncé. Cet instant qui le rend heureux et unique à la fois. Un symbole de la récompense de sa fidélité, de son amour, qu’il mémorisera facilement. Si je reviens dans ce club, c’est pour ressentir ces émotions que nous procurent le spectacle vivant, mais aussi pour les garder en moi. Alors, tu le comprends, ce n’est pas un verre de plus qui trouble le souvenir. C’est la plongée dans l’univers des artistes, ce monde qui vu de l’extérieur est si souvent inaccessible, qui bouleverse la hiérarchie de nos souvenirs joyeux.

Intimité. Exclusivité de la rencontre.
Et puis, il y a Samantha. Amie d’Aurore et des autres, elle est une fulgurance dans le ciel étoilé. « Tu te rends compte que je vais avoir de très sales notes, moi, ce mois-ci ! » Oui toi aussi, tu crois qu’elle joue faux. Mais non ! Samantha tous parle d’autre chose. Des devoirs qu’elle fait à la place de ces enfants et, faute de maitriser les programmes de chimie du collège ou de maths du lycée, voire d’histoire-géo, elle accumule les mauvaises copies. Incroyable maman. Le monde des artistes (car Samantha est aussi une artiste du cinéma) qui vit aussi notre vraie vie. Pas la même, tu t’en doutes, mais avec des aventures qui méritent bien une histoire ou peut-être une chanson.
Samantha nous fait rire. Elle pourrait faire un sketch, un show avec ses personnages invisibles. Et tu te demandes, si c’est le lieu ou l’heure tardive qui te t’ouvre une porte vers cet imaginaire infini. En fait, elle pourrait aussi jouer avec son nez et hop ! (si tu as la référence…. bravo !)
Vivre des histoires dans les paroles des chansons de Thomas. Ecouter Samantha qui lutte contre les errances scolaires des enfants. Etre bien, là. Les humains partagent des beaux moments, des morceaux de vie.
Les marques devraient les aider à le faire plus souvent. Plus intimement. Un rôle essentiel pour faire grandir les héros que sont ses clients. C’est le sens de la relation de confiance que l’on aimerait entretenir entre nous.
J’aime les marques qui aiment leurs clients. Je les vois comme des étoiles dans le ciel, la nuit. Elles sont là. C’est bien.
Bonus : Samantha et Tabitha ! #enjoy