Soudainement on reparle de l’influence comme de la solution à nos difficultés marketing et même business. Les influenceurs sont-ils à ce point indispensables à la vie économique de nos nations ? Peut-on encore se passer d’elles et d’eux ?
D’une part, Aurélie y va fort dans une tribune publiée sur le rayon de com – Culture RP, en affirmant qu’un grand nombre d’entre eux : « leur passe-temps préféré consiste à « faire du buzz pour du buzz » en dénonçant, en fustigeant, en insultant et allant à l’affrontement systématique« .

D’autre part, l’ami Fabrice pointe dans le viseur malicieux de son objectif une mise en abime intrigante sur l’idée que celle ou celui qui copierait l’image proposée par une influenceuse deviendrait à son tour influente. Chacun son tour, comme dirait les amoureux du Tour de France. Mais surtout l’influence devient alors une chaîne difficile à stopper dans son élan, puisqu’il y aura toujours quelqu’un pour reprendre le flambeau et tenter d’entrainer à sa suite d’autres âmes influençables…
Où allons-nous ? Où vont les influenceuses ? Et surtout qu’adviendra-t-il de la vérité ?
Car prendre pour exemple Caroline Fourest ou le fantasque leader des insoumis, symboles sulfureux de l’influence version orateurs politiques, nous fait courir le risque de l’outrance. Or si la vérité n’existe pas, chacun son point de vue sur une réalité volatile, l’outrance ne nous aide pas à nous en rapprocher. Au contraire !
La vérité n’a jamais été une préoccupation majeure des communicants ou des marketers (et l’on comprend bien pourquoi) mais de là à tomber dans les pièges des filtres Instagram, le précipice à franchir semble un peu large. Nous en sommes là, parce que nous refusons trop aisément ce qui est le reflet de nous-même. La société dans laquelle nous vivons, les beaux produits inutiles que fabriquent nos entreprises et qu’il faut bien vendre, sinon tu comprends les chinois vont nous piquer tous nos emplois, tout ce système tombe sous le feu d’une critique acerbe ou se transforme en monde merveilleux dans les metaverse. Fuir la réalité est devenu un jeu passionnant que l’on anime une foule via un avatar, ou que l’on fourgue des tonnes de maquillages dans des séances de live shopping.
« Alors mes chéris, j’ai essayé cette crème et c’est un vrai miracle, regardez comme ma peau photoshoppé est magnifique ! »

Et si l’influence c’était autre chose, questionnent en choeur Aurélie et Fabrice ? D’accord avec vous les amis. L’influence c’est sans doute notre capacité à faire parler de nous en bien, d’être cité en exemple positif de ce qu’il faudrait faire. Encore une fois, la responsabilité étant dans l’action. Etre influent c’est déclencher l’action, avoir un impact positif sur le comportement des autres. Oui mais dans ce cas, qui est juge de ce qui est positif ? Et qui pour fixer les limites de la simplification des propos, des démonstrations, des prises de position sur des sujets souvent complexes ?
Car, pour citer Caroline et donc Aurélie : « La simplification voyage plus vite que la complexité. » Nous sommes d’accord. La vitesse est devenue l’élément le plus déstabilisateur qui soit. Si tu es pris de vitesse sur la publication d’une réaction ou d’un avis sur un sujet tendance de l’instant, c’est grave ! Tu risque de passer à côté de l’influence… Dire vite quelque chose vaut mieux que de prendre le temps de la réflexion, d’après l’algorithme et d’après nos propres comportements compulsifs et dirigés par le fast and durty.
Alors, pour peu qu’une influenceuse ou un influenceur lance un sujet, c’est la ruée. Tout le monde copie, en dégradant plus ou moins l’original et hop, peu importe la vérité, l’avalanche est en marche et ta réflexion pour pertinente qu’elle soit sera engloutie par les tonnes de posts nuls comme un pauvre skieur isolé sous 10 mètres de neige.
En écrivant ces lignes, je ressens cet effort inutile d’agiter mes petits bras, dans ces conditions. La lutte est inégale et comme perdue d’avance. Nous ne voulons pas la vérité, cher Fabrice, nous courons après la tendance. Nous dévalons les pistes tous ensemble, comme si le fait de parvenir premier en bas, avait un quelconque intérêt. En bas, il faudra remonter vite fait, pour prendre le prochain départ.

L’influence c’est autre chose. Deuxième épisode ! Oui, je suis remonté. Pa contre qui que ce soit, mais pour une certaine idée de ce qui mérite d’influencer ma vie, mes idées, mes rencontres et même mon business. Je voudrais n’être influencé que par des personnes que j’aime. Pas nécessairement celles qui détiennent la vérité, celles qui m’inspirent et me donnent cette envie d’apprendre qui me motive chaque matin. Simple. Ou pas. J’en connais, j’en découvre, j’en sais d’inaccessibles aussi.
Et surtout j’ai l’impression que l’influence est intéressante lorsqu’elle ouvre la voie à la découverte. L’influenceur est celui qui nous guide ou, à tout le moins (tu aimes cette formulation ?), nous éclaire (n’est-ce pas Aurélie) le chemin vers une richesse insoupçonnée. Je la préfère intellectuelle, spirituelle que matérielle. C’est un choix. Je respect aussi ceux et celles qui découvrent de nouvelles chaussures ou de nouvelles voitures, voire de nouveaux plats cuisinés. Aucun souci, tant que la nouveauté est là. Copier ce qui se fait déjà, devenir démonstratrice de maquillage ou de maillots de bain, ne m’influencera pas. Simplement parce que j’ai du goût et un libre arbitre que je n’échange pas, même dans une cabine d’essayage. La pauvreté de l’influence d’Instagram est de former des bataillons de gens (que l’on trouve désormais sur Linkedin sous le titre ronflant d’expert en réussite) qui prétendent nous dire ce qui est bien pour nous. Au sens de nous proposer de l’aide lorsqu’il s’agit de choisir entre les offres, sans avoir aucune idée de qui nous sommes.
Voilà ! Une courte réponse pour un débat long comme une jambe d’influenceuse (lorsque l’angle de la prise de vue est adapté)…
Merci les amis ! Soyez forts et ne vous laissez pas influencer !
PS : je préfère penser que Aurélie Jean et Aurélien Gohier sont des influenceurs. J’aimerais aussi que Hugo Duminil-Copin le devienne mais c’est une autre histoire… que je te raconterai la prochaine fois.