Posons le contexte : prendre un bus à l’ère du TGV, des débats sur l’empreinte carbone de nos déplacements et du futur taxi volant est-ce bien raisonnable ? Alors Oui répondrait Oui.bus avec malice puisque la filiale de la SNF profite insidieusement des grèves à répétition que subit la même SNCF, pour remplir ces bus à des prix imbattables.

Mais quel intérêt pour le voyageur que ce retour vers le futur ? Dans un reportage au ton mi accusateur mi révélateur de scoop défraîchi, les journalistes de M6 nous ont presque tout dit… sur les pratiques : du recrutement au coûts cachés de Ouibus et plus encore de son concurrent FlixBus. Rien de transcendant en réalité, il faut louer (affréter) des bus et naturellement, les remplir au maximum en jouant sur les tarifs au fil dudit remplissage et trouver in fine une rentabilité toute relative puisque Ouibus annonce des pertes chaque année depuis son lancement…

Perso, @FlixBus_FR a déjà gagné le combat contre @OUIBUS !

A chaque fois que je prends un FlixBus (même à l’époque MegaBus) le service est de qualité, je teste une fois #ouibus c’est plusieurs heures en enfer ! #capital

— Thomas Candon (@ThomasCandon) 10 juin 2018

Heureusement nous dit-on le brillant et néanmoins jeune patron de FlixBus a tout compris et développe une stratégie marketing hors pair ! Oyez, Oyez, braves gens qui tentez de faire la démonstration de votre créativité, nul besoin d’avoir inventé l’eau tiède pour passer à la TV !… Car les premières « images » du responsable marketing errant sur le parvis de la gare Montparnasse sont éloquentes : pour capter de nouveaux clients, il est venu avec son petit paquet de flyers et il aborde sans complexe les passants : « ça vous dirait un voyage en bus ? »

Je me pince dans mon canapé, cher.e lecteur.trice, ai-je bien entendu ce « responsable marketing » nous déclarer que l’opération affiche un retour sur investissement de 100% ?… Et pourtant il nous a prévenu : « nous devons aller chercher les clients un par un… », n’ayant pas les moyens de notre concurrent. Comment ?… Un par un ? Et tu prétends que ton opération de chasse au client sur une place forte de la SNCF peut être rentable ? J’aimerais bien savoir ce que tu coûtes à ton boss ?… Un ticket de bus ?

Mais tout s’explique lorsque Yvan Lefranc-Morin, DG de Flixbus arrive à l’écran sourire bogosse attitude sur le visage pour saluer ses équipes et leur délivre LE message : « nous allons lancer une grande offensive marketing en direction des déçus de Ouibus, offrons leur un bon de réduction sur nos lignes ! » Oh putain ! Ca déchire Yvan ! Voilà une innovation marketing qui va faire trembler le monde !…

Le reste du plan marketing est évidemment du même niveau : achat du mot-clé Ouibus sur Google, pour détourner la clientèle, etc…

Faudrait-il s’étonner si le patron de Flixbus prend plutôt le train de la SNCF pour aller jusqu’à Metz tenter de séduire un brave entrepreneur propriétaire de bus, comme nous l’apprend Capital ?… Une info qui fait sourire les twittos à l’affut du moindre défaut d’alignement…

Si même le patron de @FlixBus_FR prend le @DansLeTGV pour ses déplacements professionnels. Une question de confort et de rapidité sans doute 😉 #Capital #SNCF

— Stéphane Defamie (@midoman13) 10 juin 2018

J’ai presque honte que l’on parle ainsi du marketing. C’est pénible de constater que des journalistes et pire encore, le grand public, les clients de ces sociétés, puissent penser que le marketing se résume à ces techniques ridicules qui ne feront jamais gagner un euro à une entreprise, ni à Flixbus ni aux autres…

Tu aurais dû rester au fond du bus Yvan. Remplir un bus avec des bons de réduction, c’est ne rien avoir à vendre ni à dire… ce n’est pas du marketing et ce n’est pas une mission sociale ! Si tu ne te reprends pas, c’est ta boîte qui va faire faillite ! Ce n’est sans doute qu’une question de semaines ou de mois… Et j’en suis déjà navré pour tous ceux qui auront cru en ton projet !..